samedi 9 avril 2022

L'évolution alternative, une utopie née en Ukraine



Une utopie écologiste originale, venue de l'Ukraine des années 1980, où l'on sent l'influence mystique de Teilhard de Chardin.



"Tout le génie des savants, des ingénieurs, des travailleurs, tous les efforts des mères, des paysans, des chercheurs, des penseurs, aboutissent dans la gueule du dragon de la guerre. Signer tel ou tel chiffon de papier, tel ou tel traité n'est que perte de temps, tromperie de l'opinion publique. Et de fait, que représentent ces feuilles de papier face au flot ininterrompu des chars, des fusées, des avions et des bombes atomiques qui s'écoule par les portes béantes de centaines d'usines pour secouer de son rugissement notre planète ensanglantée ?

Cependant, le danger de la guerre qui est suspendu au-dessus de la terre n'est qu'une face de la catastrophe qui nous menace. L'autre face — le désastre écologique — est beaucoup plus dangereuse. Tous ceux qui réfléchissent tant soit  peu   le  savent.   Presque  tout  le  monde  en   parle.   Des centaines  de comités  pour la défense de la nature  se sont créés,  des centaines  de  symposiums  et  de  congrès  pour la sauvegarde de l'environnement se réunissent. Mais leurs résolutions,   leurs  recommandations  restent à l'état  de  vœux pieux et n'influencent en rien les décisions des administrations. Et sous l'œil passif de ces comités, la destruction de l'environnement continue d'aller bon  train.  Ces  symptômes sont graves ; ils renforcent notre conclusion que seuls des individus et des groupes enthousiastes seront capables d'initiatives  et de réalisations réalistes. Les directives des bureaucrates n'engendrent quant à elles que routine et ennui. Conscients des dangers qui nous menacent ainsi que de notre responsabilité personnelle quant au destin du monde, et profondément convaincus qu'aucun effort honnête pour le bonheur de l'humanité ne sera inutile, nous avons créé, en décembre 1976, le Groupe d'initiative pour l'Evolution alternative, dont l'idéal est la défense de la biosphère terrestre.

(...)



Naturellement, la condition essentielle pour parvenir à cette unité est la cessation de toute forme de tuerie. Toute chose vivante (excepté les parasites complets qui sont inaptes à la transformation) doit être protégée.

La bioénergétique (nourriture) doit se limiter aux fruits, graines et racines, au miel et au lait. Les grands prédateurs, qui ne sont pas capables de parvenir à une conversion complète au régime végétarien, seront exclus des zones de l'Evolution alternative.

Let animaux et les plantes prennent une part égale à l'expérience cosmique. L'homme n'en est que l'initiateur et doit traiter toutes les formes de vie comme ses enfants. Seul ce type d'attitude peut donner des résultats positifs aux expériences.

Ces expériences aboutiront à des mutations inhabituelles, à la création de nouvelles formes, de nouvelles espèces, de nouveaux types de plantes et d'animaux qui correspondront à la profonde unité de l'Etre, laquelle, dans la biosphère hostile où il se trouve, ne peut pas s'exprimer. L'équilibre de l'amour que créera l'homme, lui permettra de résoudre des problèmes scientifiques qui semblent aujourd'hui mystiques et insolubles. Il est nécessaire de s'appuyer sur des ressources énergétiques radicalement nouvelles. La technologie fondée sur la combustion, qui empoisonne l'atmosphère et la noosphère, est exclue de l'Evolution alternative. Il est très probable qu'une autre façon d'utiliser la psycho-énergie sera découverte.

Les laboratoires et les complexes scientifiques des zones de l'Evolution alternative doivent avoir toute liberté de recherche et d'expérience. Au début, on pourra utiliser des méthodes traditionnelles, puis introduire graduellement des méthodes alternatives qui synthétiseront le génie oriental et le génie occidental, le Passé et le Présent.

Les zones de l'Evolution alternative doivent s'autogouverner et s'auto-entretenir totalement. Une coordination fraternelle sera réalisée entre elles par l'intermédiaire d'un centre mondial des Nations-Unies ou par l'échange direct des expériences et de leurs résultats.

Le succès de l'Evolution alternative aura incontestablement une influence positive sur la situation mondiale et l'améliorera. Le Monde recouvrera son équilibre psychique et spirituel, ce qui conduira à la formation d'une Fraternité Unique des Nations de la Planète et à la réalisation du Testament des Grands Maîtres de l'Humanité.

Oless Berdnyk, écrivain. 

Mykola Rudenko, écrivain. 

Petro Khartchenko, biologiste, 

(Ukraine sacrée. Ed. « Smoloskyp ». Baltimore, 1980).

Oless Berdnyk, La Confrérie étoilée, PIUF-FIDES, Paris-Montréal, traduit de l’ukrainien par Kaléna Houzar-Uhryn, 1985.

jeudi 14 février 2019

Les origines d'une vague d'obésité mondiale

Toutes les statistiques convergeaient : la crise d'obésité avait bien explosé à la fin des années 1970.
(...)
Trouver les raisons de cette brusque contamination donnait la clé de la pandémie.
(...)
L'accroissement de la production par l'agriculture hyper-intensive
Mettant à terre 50 ans  de contrôle de la production, des stocks et des prix, le patron de l'USDA (United States Department of Agriculture, sous Nixon) souhaitait que les fermiers américains se lancent dans l'agriculture de masse. Une nouvelle donne où le petit propriétaire n'aurait plus sa place. Il fallait "devenir gros ou disparaître".
Pour Butz (patron de l'USDA), l'agriculture du XXe siècle s'apparentait à des champs uniformes, cultivés au maximum de leurs capacité, dont le rendement serait poussé grâce aux techniques modernes, allant du tracteur hautes performances à l'usage massif d'herbicides, pesticides et autres engrais chimiques. 
Cette modernisation forcée s'avérait financièrement insupportable pour la majorité des agriculteurs.
(...)
La moitié de la production de volailles, des œufs à la viande, appartient à quatre groupes, qui centralisent 80% de celle-ci dans deux états, la Pennsylvanie et le Texas. Quatre autres compagnies, DuPont, Dow chemical, Novartis et Monsanto, contrôlent, elles, 75% des ventes de graines de maïs.
Enfin, seulement six compagnies monopolisent presque totalité de la production de grains, du maïs au soja, en passant par le blé.
En 1978, quatre ans après l'accord signé avec les Russes (la vente aux Russes de l'équivalent de 80% du blé consommé par les ménages américains), la quantité de nourriture produite quotidiennement pour un Américain s'était accrue de 500 calories. Et ce en moins de dix ans. Désormais chaque habitant disposait de 3200 calories pour satisfaire son appétit. En 2000, poursuivant la tendance, le chiffre atteignit 3900. L'appareil de production alimentaire américain "fabriquait" donc le double des besoins de sa population actuelle.
Même si une partie de cette surproduction est gaspillée, le reste est bien englouti, avalé, ingurgité par l'Amérique.
***
L'utilisation du surplus céréalier obtenu par l'hyper-intensification de l'agriculture pour la fabrication de sirop de glucose et son introduction dans les aliments.

Depuis le milieu des années 50, les chimistes de la Clinton Processing Company (CCPC) travaillaient sur un concept censé leur ouvrir de nouveaux débouchés. Ils souhaitaient réussir une hydrolyse de l'amidon du Maïs pour obtenir du sirop de glucose. 
En cas de succès, à terme, les céréaliers seraient alors en mesure de concurrencer les importateurs de sucre, dont la consommation et le prix n'avaient cessé de grimper depuis la fin de la guerre. L'Amérique importait en effet l'essentiel de la production de canne à sucre.
Les chercheurs de la CCPC avaient donc découvert une enzyme permettant d'hydroliser le glucose en fructose. Le HFCS 42 présentait deux autres avantages : il était technologiquement plus intéressant que le sucre grâce à sa conservation plus longue et à son aptitude aux mélanges supérieure, mais surtout il était moins cher à produire.
De 1967 à 1971, le HFCS fut développé et testé avec succès. Il restait à le lancer sur le marché américain.
La CCPC, propriétaire du premier brevet, représentait le partenaire idéal.
D'autant qu'en cette fin d'année 1973, grâce à Earl Butz, la compagnie de l'Iowa gérait des milliers de silos regorgeant de grains de maïs de coûtant pas grand-chose.

En 1976, alors que le marché de l'HFCS semblait parvenu à saturation, ADM (Archer Daniels Midland) rachetait la CCPC et investissait massivement dans la production de sirop de glucose-fructose.
Avant 1978 les débouchés du HFCS étaient restreints.
Les premiers utilisateurs, les fabricants de sodas, hésitaient en effet à remplacer le sucre. Le HFCS n'ayant pas exactement le même goût que la canne à sucre.
A en croire Dwayne Andreas (Pendant vingt-cinq ans, il a dirigé Archer Daniels Midland (ADM), le plus grand transformateur de produits agricoles aux États-Unis.), ADM avait inventé une véritable martingale. Ses chimistes étaient parvenus à modifier la recette originale du HFCS 42 et avaient mis au point un nouveau mélange contenant 55% de fructose. Avantage du HFCS 55, ne pas avoir les inconvénients gustatifs de son prédécesseur. Andreas allait pouvoir abattre cette carte et convaincre Coca-Cola. 


A la fin des années 1970, la Compagnie [Coca Cola] s'était engagée dans une course frénétique de part de marché. Le patron de Coke ne se satisfaisait pourtant pas de la première place. Il voulait définitivement écraser Pepsi-Cola, puis s'attaquer au marché de l'eau.
Or, l'offre d'Andreas était le meilleur moyen de réussir.
Depuis quelques années (...)Coca-Cola était en effet agacé par le succès grandissant de Pepsi, les Américains préférant son goût plus doux.
L'HFCS 55 apportait la solution : plus riche en fructose, son goût s'avérait plus rond que celui du sucre. Sans avoir à modifier les proportions de sa recette, Coke put donc s'approcher de la formule de son concurrent.
En outre, Andreas disposait d'un autre argument de poids apte à convaincre. Grâce aux subventions de Washington, ADM pouvait vendre son produit à prix plancher. Concrètement, si coca-Cola abandonnait le sucre pour adopter l'HFCS, la firme ferait une économie de 20 à 30%.
Andreas avait enfin une ultime cartouche à tirer. Le volume des ventes de Coca-Cola se voyait contenu par le principe du glouton. Rares étaient en effet les consommateurs prêts à acheter et à boire deux bouteilles de soda d'affilé. Coke avait relégué sa légendaire bouteille de 18 cl pour la remplacer par une canette de 35,5 cl, mais si le coût de fabrication avait doublé, le prix non, Atlanta préférant rogner sur sa confortable marge plutôt qu'effrayer le client.
Cependant, cette méthode avait ses limites. Accroître encore la taille des bouteilles semblait délicat : elles auraient été soient trop chères, soient insuffisamment rentables.
Se convertir au sucre de maïs, c'était briser cet étau.
Tout le monde allait en profiter. McDonald's, le premier client de la Compagnie, récolterait sa part de bénéfices. Le Coke moyen s'y vendait 1,29 dollar en moyenne. Pour remplir un verre, en plus de l'eau et de la glace, 9 cents étaient consacrés à l'achat du sirop de Coca-Cola. Avec le HFCS 55, le coût du sirop supplémentaire n'excèderait pas 3 cents.

Coca-Cola ayant cédé en acceptant de passer au tout HFCS, un verrou venait de sauter. Et bientôt, les vendeurs de hamburgers et les fabricants de confiserie, de jus de fruit, de ketchup, de boîtes de conserves... en feraient autant.



Aujourd'hui, le HFCS est une superstar. Chaque année, 530 millions de boisseaux de maïs sont industriellement transformés en 8 milliards de litres de jus de glucose-fructose. On le retrouve partout. Et principalement dans les sodas.
On estime qu'une canette de soda dégage presque 90% de profits.
Ainsi depuis 1971, la consommation a plus que doublé aux Etats-Unis pour atteindre une moyenne de 575 canettes de 35,5 cl par Américain pour l'année 2005.
En fait, le succès est tel que les sodas sont désormais ici la première source de calories et même l'aliment le plus consommé du pays !
Lorsqu'un seul produit atteint un tel niveau de consommation, représentant en moyenne 7% de l'apport calorifique de l'Américain, il devient légitime d'évaluer son rôle dans la crise de l'obésité.
Le premier élément à charge est l'évolution parallèle des courbes de l'obésité et de l'absorption de ces boissons. Selon le bureau de recherche de l'USDA, la consommation de colas a connu une première explosion entre 1967 et 1977. Soit avant l'introduction du HFCS quand en dix ans, l'Américain s'est mis à boire 350 canettes par an contre 200 en 1967.
Dans la même période, le taux d'Américains obèses ou en surcharge pondérale monte à 45%.
En 1987, la consommation est passée de 475 canettes par an. Dix ans plus tard on arrive à 585.
Le taux d'obésité ? De 15% en 1976, il a grimpé à 23% en 1988 et 31% en 1999. Lorsqu'on cumule ce pourcentage avec celui des Américains en surcharge pondérale, on constate le même mouvement : les 45% de 1976 sont arrivés à 56% puis à 65%.

Chaque année, les adolescents américains absorbent l'équivalent de 15 cuillères à café de sucre contenu dans les sodas sous forme d'HFCS. Des chiffres énormes... encore en dessous de la réalité  [ne sont pas prises en compte les boissons type Gatorade et jus de fruit qui contiennent aussi du sirop de glucose-fructose)
Comment cet état de fait est-il possible alors qu'à cet âge-là, l'essentiel de la journée se passe en classe ? Eh bien, il n'y a en réalité rien que de plus normal puisque la guerre des colas se déroule aujourd'hui à l'école.
Les stratégies mises en œuvre sur ce point mériteraient à elles seules un autre livre. Il y serait question de l'incroyable paradoxe américain qui voit les écoles publiques ne pas avoir d'autres recours pour financer certaines activités que d'accepter les millions de Coke ou de Pepsi.


William Reymond, Toxic, Flammarion, 2007, réédition J'ai lu, 2009

Index glycémique des aliments









































Anticancer  : prévenir et lutter grâce à nos défenses naturelles / David Servan-Schreiber et
Sylvie  Dessert.
Paris : Pocket, 2009

dimanche 7 mai 2017

Les choux, superaliment / alicament

Superaliment ou alicaments? La nutrithérapie serait peut-être le mot le plus adapté. Certes nous sommes à l'heure de la mal-bouffe. Mais  les fruits et légumes qui sont à notre disposition sont très variés et nombreux. La nourriture est la première médecine...

Les guérisseurs traditionnels de la Rome antique pensaient qu’ils pouvaient venir à bout d’un cancer du sein en pratiquant des frictions à l’aide d’une pâte de chou. Il y a encore quelques années, nos modernes scientifiques auraient encore renvoyé de telles pratiques au rang des superstitions (…). Aujourd’hui, ils n’en sont plus aussi certains car cette pâte a prévenu l’apparition de tumeurs chez des animaux de laboratoire.
Bien entendu, le meilleur moyen d’absorber les vertus thérapeutiques du chou consiste tout simplement à en manger. Les recherches ont en effet confirmé que ce légume permet non seulement de lutter contre toutes sortes de cancers, mais qu’il contient également toute une palette de nutriments capables de prévenir les maladies cardiovasculaires, les troubles digestifs et diverses autres maladies.

(…)
Le chou est particulièrement efficace dans la prévention des cancers du sein, de la prostate et du côlon. Selon les chercheurs, deux substances en particulier font du chou un remède particulièrement puissant contre le cancer. la première, appelée indole-3-carbinol, ou I3C, est surtout efficace contre le cancer du sein.(…) Cette substance complexe joue le rôle d’anti-oestrogène, c’est-à-dire qu’elle évacue l’oestrogène nocif qui joue un rôle dans le cancer du sein.
(…)
Afin d’obtenir un niveau de protection encore plus élevé, prenez l’habitude de remplacer la variété de chou que vous utilisez par du chou chinois, ou bok choy. Les recherches en laboratoire ont permis de constater qu’une substance complexe de cette variété de chou, la brassinine, pourrait contribuer à prévenir les tumeurs mammaires. Le chou contient encore une substance complexe, le sulforaphane, dont il est prouvé qu’elle inhibe le processus cancéreux en augmentant dans l’organisme la production d’enzymes capables de lutter contre les tumeurs. (…)
C’est également grâce au sulforaphane que le chou est une arme particulièrement efficace contre le cancer du côlon, car il stimule les taux d’une enzyme présente dans le côlon, le glutathion. Les chercheurs pensent que cette enzyme élimine les toxines en les évacuant du corps avant qu’elles n’aient eu le temps d’endommager les cellules délicates de la muqueuse intestinale.

Pour obtenir la meilleure protection possible, toutefois, rien ne vaut le chou de Milan, selon les chercheurs. Cette variété  contient non seulement du I3C et du sulphoraphane, mais également quatre autres phytonutriments (…) : du bêtasitostérol, de la phéophytine-a, du nonacosane et du nonacosanone, dont les études scientifiques ont montré qu’ils jouaient un rôle très important dans la lutte contre les substances potentiellement cancérigènes.
(…)
Les membres de la famille des choux sont bourrés de (…) nutriments complexes. Sur ce plan, les meilleurs sont le chou chinois, ou bok choy, et le chou de Milan, qui sont d’excellentes sources de bêtacarotène (…). Les recherches ont établi un rapport entre des taux élevés de bêtacarotène dans le sang et l’abaissement du risque de crise cardiaque, de certains cancers et de cataractes.
(…)
Une portion de bok choy cru peut fournir 16 milligrammes de vitamine C, soit 27% de l’apport journalier, tandis que la même quantité de chou de Milan en apporte 11 mg.
(…)
Le bok-choy et le chou de Milan sont également de bonnes sources de folate, dont une 1/2 portion de l’un comme de l’autre, peut apporter environ 35 micro grammes (9% de l’apport journalier). Notre organisme a besoin de folate pour maintenir la croissance normale de nos tissus organiques.
Diverses études ont montré par ailleurs que le folate pouvait également nous protéger contre le cancer, les maladies cardiovasculaires et les malformations congénitales. Ainsi que l’ont établi les recherches, les femmes sont exposées à un risque plus élevé de carence en folate, surtout lorsqu’elles prennent la pilule.


Critères de choix, préparation et conservation

En faisant bouillir le chou, nous nous privons d’à peu près la moitié des précieux indoles qu’il contient. Afin de préserver le plus possible ces substances complexes, mangez le chou de préférence cru.

Une tête de chou se conserve jusqu’à 10 jours dans le compartiment à légumes du réfrigérateur, ce qui vous permettra d’en manger une petite portion chaque jour sans craindre qu’il s’abîme.

(...)
Il y a bien sûr cette petite odeur, mais il suffit de peu pour y remédier. La prochaine fois que vous cuirez du chou, ajoutez dans la casserole une tige de céleri ou une noix entière (sans ôter la coque). Cette simple précaution neutralisera l'odeur.

Selene Yeager, Guide des alicaments, Marabout, 1998, p.163-166

dimanche 9 avril 2017

Relations entre fibres et cancer du côlon


Première cause de mortalité dans les pays occidentaux, 25000 nouveaux cas de cancer du côlon et plus de 15000 décès dus à cette maladie sont dénombrés chaque année en France. Bien qu’il existe des facteurs génétiques de prédisposition, les facteurs environnementaux, et en particulier l’alimentation, jouent un rôle essentiel dans l’incidence de ce type de cancer.
Une forte proportion de cancers du côlon se développe à partir d’une tumeur bénigne, souvent appelée polype. (…) Les facteurs alimentaires sont susceptibles d’agir sur l’apparition, le développement ou la transformation de ces polypes.
Les causes du cancer du gros intestin sont probablement multifactorielles : un excès d’ingestion de graisse et de protéines animales serait un facteur prédisposant, de même qu’une insuffisance de glucides complexes, de fibres, de micro nutriments divers (vitamines A, D, E, C, acide folique).
Il semble que la consommation de fibres diverses (céréales, légumes) joue un rôle dans la prévention des cancers du côlon. Le rôle préventif de l’alimentation est encore plus probant lorsque l’apport lipidique est modéré et celui des fibres élevé. Le rôle protecteur des légumes est aujourd’hui bien établi, et on sait maintenant que les fibres ne constituent pas les seuls éléments bénéfiques des produits végétaux. un ensemble de micro nutriments (flavonoïdes; caroténoïdes, acide folique- - et pas seulement les fibres - expliquerait que les populations ayant une nourriture riche en produits végétaux, de type méditerranéen par exemple, soient moins touchées par ce cancer.
Par leur effet d’encombrement digestif, les fibres diluent les agents potentiellement cancérigènes et diminuent leur agressivité sur la muqueuse colique. Les fermentations permettent l’insolubilisation des composés virtuellement toxiques tels que les sels biliaires. Le risque de cancer du côlon pourrait donc être réduit en déprimant la concentration intestinale de ces produits, c’est-à-dire en consommant moins de graisses et plus de fibres alimentaires.
les mécanismes par lesquels les protéines pourraient favoriser la cancérogenèse sont peu connus. la cuisson des viandes peut produire des substances cancérigènes, dont le devenir est certainement dépendant de l’activité de la flore intestinale comme celui d’autres substances étrangères à l’organismes. Il est probable que les fibres, en stimulant les fermentations, diminuent l’apparition de métabolites azotés sans doute toxiques pour la paroi intestinale, comme l’ammoniac.
Comme dans d’autres pathologies, une production excessive de radicaux libres pourrait jouer un rôle important dans l’incidence des cancers coliques. A cet égard, des fermentations actives créent un milieu réducteur susceptible d’inhiber certains processus d’oxydation. Divers agents sont câbles d’amorcer cette production radicalaire, notamment des métaux comme le fer, alors que de nombreux composés d’origine végétale peuvent inhiber ces réactions. Ainsi, l’acide physique des céréales, considéré comme un facteur antinutritionnel vis-à-vis de la digestibilité des minéraux, joue en fait un rôle physiologique intéressant. (…)
En conclusion, nous rappellerons que les fibres sont indispensables à l’entretien  de fermentations symbiotiques dans le côlon, ce qui est à mettre en relation avec leur effet sur la diminution des cancers du côlon.Cependant, elles exercent aussi d’autres effets notables, en particulier en favorisant le rôle d’excrétion exercé par le côlon (élimination du cholestérol de l’azote) ou en ralentissant la vitesse d’absorption des nutriments. Bien que les fibres possèdent des propriétés digestives et métaboliques intéressantes, il faut éviter de dissocier leurs effets de ceux, plus globaux, des végétaux qui les contiennent.

Ch. Rémésy, Alimentation et santé, Flammarion, 1994, p.46-49

Glucides rapides / glucides lents ?

Pendant longtemps, on a donné aux glucides solubles purifiés le nom de « glucides rapides » par opposition  aux amidons, qualifiés de « glucides lents ». En fait, les traitements technologiques ou culinaires des produits riches en amidon, par exemple le pain blanc, peuvent les rendre aussi rapidement digestibles que le saccharose, si bien que le terme de glucides lents est réservé actuellement aux seuls aliments lentement dégradés (pâtes alimentaires, légumes secs). La vitesse de digestion de l’amidon est normalement limitée par l’attaque d’une enzyme pancréatique; cependant, certains amidons sont plus résistants que d’autres à cette attaque et leur utilisation peut être intéressante pour ralentir la vitesse d’absorption du glucose. Si l’amidon est débarrassé des structures fibreuses présentes présentes dans la graine, s’il est dénaturé par chauffage, voire déjà partiellement scindé, il peut devenir très accessible aux enzymes et rejoindre la classe des glucides dits rapides. Au contraire, lorsque l’amidon est consommé avec la majorité des constituants de la graine, comme dans le pain complet et les légumineuses, il est relativement protégé, malgré la cuisson, et sa digestibilité est plus lente.
La propriété des glucides alimentaires d’élever le taux de glucose dans le sang est définie par un index glycérique, avec une valeur 100 pour le glucose pur ou les glucides très rapidement absorbés. C’est ainsi qu’a  pu être mis en évidence le bon index glycérique des glucides complexes (légumes secs, pâtes alimentaires, céréales complètes, voire fruits).
Les sucres ou les glucides rapides perturbent beaucoup moins la glycémie  lorsqu’ils sont consommés durant un repas que lorsqu’ils sont ingérés seuls. cependant, l’alimentation actuelle semble trop riche en glucides purifiés : les farines de blé d’usage courant ont déjà perdu plus de 50% des vitamines du groupe B et des minéraux. Il est clair que les glucides complexes sont bien adaptés à notre physiologie, non seulement pour la fourniture du glucose, mais aussi pour celle des substrats nécessaires à la flore du gros intestin. En effet, quelle que soit l’efficacité de la digestion pancréatique et intestinale, de nombreuses sources d’amidon ne sont pas entièrement digérées dans l’intestin grêle et cet amidon résistant sert à la flore du côlon qui a un besoin permanent de substrat glucidiques.


Ch. Rémésy, Alimentation et santé, Flammarion, 1994, p.14-15

Fibres et élimination du cholestérol



Les fibres peuvent jouer un rôle important dans la prévention des maladies cardiovasculaires, car elles sont susceptibles de favoriser l’élimination du cholestérol ou des sels biliaires qui en dérivent, en diminuant leur absorption digestive; cette action est renforcée dans le as des fibres  des fruits et légumes par divers micro nutriments. Les fibres solubles des céréales (bêta-lucanes de l’orge et de l’avoine) ou les pectines des fruits favorisent la baisse du cholestérol. dans le gros intestin, bien que les fibres soient détruites, les fermentations permettent d’insolubiliser les sels biliaires, ce qui diminue à la fois leur toxicité et leur possibilité d’ultime réabsorption. En augmentant elles pertes fécales de sels biliaires les fibres entrainent en retour leur production par le foie, ce qui contribue à prévenir la lithines biliaire (formation de calculs dans la vésicule biliaire) en évitant que le cholestérol soit en excès dans la bile et qu’il précipite.
L’utilisation d’une large gamme de produits d’origine végétale permet non seulement de bénéficier de l’action synergique hypocholestérolémiante (terme qualifiant ce qui est susceptible de faire baisser les lipides dans le sang) des fibres et des protéines végétales, mais aussi d’apporter un maximum de micro nutriments protecteurs de lipides.


Ch. Rémésy, Alimentation et santé, Flammarion, 1994, p.45-46.