samedi 28 juillet 2012

L'abattoir dans ton ordinateur : un clic, un coup de pistolet d'abattage

Ceux qui prennent le métro parisien et le RER n'auront pas manqué de voir depuis quelques semaines de grandes affiches ventant l'achat de viande sur internet.
Campagne choc, avec la photo d'une côte de boeuf occupant la quasi totalité de l'affiche format métro, pour une publicité qui incite à un changement assez radical des habitudes de consommation, après le développement massif de la vente de viande en barquette plastique et en surgelé de supermarché. Le nombre de boucheries à diminuer en moyenne  de 3,4 % chaque année entre 1993 et 2007. Encore un coup porté au petit commerce, ou plutôt une concurrence apportée aux super et hypermarchés ?
Quoiqu'il en soit, cette campagne a fait réagir.
Vu dans le RER parisien :
La viande sur internet : l'abattoir à portée de clic ?

Avec en commentaires inscrits au marqueur :
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Pollution Sol/Air/Eau
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Exprimée ici en slogans graffités, cette tendance "vegan" repose sur un certain nombre de constats partagés par de nombreux scientifiques et nutritionnistes. Voir les deux billets que j'avais postés sur le sujet : Ici et là.

samedi 7 juillet 2012

Fruits exotiques / Pommes : pesticides et exploitation économique



Dans son numéro n°502 du mois d'avril 2012, le mensuel Que Choisir a enquêté sur la toxicité de certains fruits exotiques vendus en France, au regard de leurs teneurs en résidus de produits phytosanitaires (notamment pesticides) et métaux lourds. La réglementation européenne fixe en effet des Limites Maximales de Résidus pour les molécules de pesticides et Que Choisir a souhaité vérifier si cette réglementation était respectée.
L'article précise toutefois que la toxicité des molécules de pesticides est évaluée molécule par molécule et qu'une inconnue demeure, à savoir l'effet de la combinaison des différentes molécules entre elles sur le corps humain.
Un des problèmes pointés par l'enquête tient à la nature même du mode de production des fruits exotiques. Sur les 8 variétés de fruits testées (bananes, ananas, litchis, mangues, gingembre, piment, combos, aubergines blanches), deux (Bananes, ananas) font particulièrement l'objet d'un mode de production intensif nécessitant l'apport de grandes quantités de produits chimiques.
La culture de la banane repose ainsi sur une seule variété, la Banane Cavendish, devenue moins résistante aux maladies. "L'usage immodéré de produits phytosanitaires ne suffit plus à venir à bout des insectes et des parasites qui ravagent périodiquement les plantations" indiquent les auteurs de l'article.

Sur les 8 échantillons de fruits testés, trois contenaient des doses de pesticides supérieures à la réglementation européenne : l'ananas, les piments et les combos. Pour les autres fruits,  presque tous contiennent des traces de pesticides, mais à des doses inférieures aux normes ; la banane, les mangues, les litchis et  l'aubergine blanche contiennent tout de même pour chacun d'eux 4 ou 5 types de pesticides sur les différents échantillons testés.

Les tests ont également portés sur des produits portant l'étiquette "BIO" : tous ont passés l'examen avec succès et ne comportent aucunes traces de produits pesticides.

Enfin, l'enquête rappelle que :
1. 37,74% des fruits et légumes issus de l'agriculture intensive européenne contiennent des résidus de produits phytosanitaires. Plus de 25% contiennent des combinaisons de substances et 31% dépassent les seuils de tolérance réglementaire. Le "pire" est le raisin, avec 75% des échantillons contaminés. En Europe, même constat que pour les fruits exotiques concernant le BIO : les produits contaminés sont extrêmement rares (moins de 2% des produits).

2. Pour l'ananas et la banane, l'enquête rappelle que ce sont des productions hyper-concurrentielles, mondialisées aux mains de quelques sociétés agroalimentaires multinationales. La production y est synonyme d'exploitation de la main d'oeuvre locale qui ne touche que 4% du prix de vente au consommateur.


L'article suivant de ce numéro d'avril 2012 nous réserve une autre surprise. Il porte sur le prix des pommes en France et sur le rapport entre le prix de vente de l'agriculteur et le prix de vente au consommateur.
Selon l'ANPP (Association Nationale Pommes Poires), l'Observatoire de la formation des prix et des marges et l'INSEE :
- le prix moyen à la production du Kilo de pommes en France est de 0,38 euros (ce prix payé au producteur est le minimum pour assurer la survie de l'exploitation)
- le prix expédition (fruit trié, lavé et conditionné, hors transport) est de 0,72 euros
- Enfin, le prix moyen au détail est 2,31 euros

Au total, l'agriculteur ne touche que 16,45% du prix de vente au consommateur !
Que Choisir rappelle que selon une enquête du magazine Capital, la marge nette de la grande distribution est elle, de 28% pour un kilo de pomme à 1,99 euros.

Ces chiffres relancent à nouveau le débat sur la puissance des fameux "intermédiaires" de l'agro-alimentaire, débat qui prend racine sur ce constat d'injustice : comment se fait-il que le distributeur gagne plus et fasse son profit "sur le dos" du producteur du produit primaire (l'agriculteur) ? Vaste sujet qui fera peut-être l'objet prochainement d'un "post" dans ce blog.

En tous cas, Que Choisir rappelle que le "Coefficient multiplicateur" a existé de 1945 à 1986 (date de l'élection d'une majorité à droite à l'Assemblée nationale et suite à la pression de la grande distribution). Le principe du coefficient multiplicateur est simple : calculer le prix de vente maximal au détail en multipliant le prix agricole par un coefficient défini avec les professionnels)

Pour conclure, et pour finir sur ce parallèle entre les fruits exotiques et ce produit local qu'est la pomme, rappelons que la pomme est aussi l'un des fruits les plus "pollués", avec 27 traitements de pesticides en moyenne, dans 80% des cas.