dimanche 20 octobre 2013

Le Cholesterol

Le cholesterol est indispensable à la fabrication des membranes des cellules du corps, de la bile et de certaines hormones. Le problème n'est pas d'en avoir mais d'en avoir trop par rapport à la norme admise de 2g /l. Enfin, presque.
Le cholesterol total fait partie, avec les triglycérides, de la famille des lipides (graisses) sanguins. Ils sont véhiculés par des molécules appelées "lipoprotéines". Il existe plusieurs variétés de lipoprotéines, dont les LDL (Low Density Lipoproteins) et les HDL (High Density Lipoproteins). Quand le cholesterol se trouve lié à des LDL, il joue un rôle dans la formation des plaques d'athérome (accumulation anormale de cholesterol dans la paroi d'une artère) et de lésions vasculaires (en particulier des coronaires). Au contraire lié aux HDL, il a un rôle protecteur (Le LDL cholesterol part du foie pour déposer le cholesterol dans les cellules. A l'inverse, le HDL reprend le cholesterol pour le ramener vers le foie, empêchant son dépôt sur les parois des artères).
Un taux de cholesterol total normal ne signifie pas que tout risque est écarté, d'autres anomalies lipidiques sont à prendre en considération. En particulier celles concernant les triglycérides (TG). Les hypertriglycéridémies (taux élevé de TG au-delà de 2 grammes par litre de sang) s'accompagnent d'une augmentation du risque vasculaire et de thrombose (formation de caillots)
D'où viennent ces lipides dont le surplus est préjudiciable à la santé ? Niveau cholesterol, il y a deux pourvoyeurs : le foie (endogène) et l'alimentation. Une alimentation supprimant tout apport de cholesterol extérieur n'empêche pas le foie d'en fabriquer.
Par contre les triglycérides sont apportées par l'alimentation : sucres rapides (confiseries, gâteaux, confitures et fruits) et alcool. De façon générale, la première action à entreprendre face à un mauvais bilan lipidique est de réfléchir à son alimentation et à ses habitudes de vie.
Cécile Baudet,  in Alternative Santé l'impatient, n°287, p. 20


Manger moins de graisses d'origine animale

Finlandais, Hollandais et Etats-Uniens consomment dix fois plus de graisses ou de lipides que les Japonais. Elles représentent 37% à 40% de l'alimentation des habitants de ces trois pays. Les graisses ou lipides ne représentent que 9% de l'alimentation des Japonais. Ainsi le taux de cholesterol chez les Nippons est très bas.
La Finlande détient le record de consommation de graisses saturées (21% de l'alimentation contre 3% au Japon). Ancel Kays, qui a suivi ces populations sur trente ans, montre que les graisses saturées diminuent l'activité des récepteurs du cholesterol qui, pénétrant moins bien dans les cellules, augmente dans le sang. La Finlande détient aussi le record du monde de décès par infractus du myocarde ou insuffisance coronarienne. Le Japon peut se prévaloir de records opposés. C'est le pays où l'on meurt le moins d'accidents coronariens.
Michel Lorgeril (...) a proposé, à 600 patients ayant eu un infractus, le "régime méditerranéen". Suivi durant quatre ans en moyenne, il a permis de réduire le nombre de décès d'origine cardiaque (baisse de 70%), des infractus non mortels (baisse de 73%) et des autres troubles cardiaques ou vasculaires (baisse de 76%).
Les règles à suivre peuvent se résumer ainsi, explique Michel de Lorgeril. Utilisez davantage de céréales, sous forme de riz ou de pain. Les légumes secs et les fruits secs sont hautement recommandés. Avec une menton spéciale pour les noix ! Manger du poisson, gras de préférence (thon, saumon, maquereau, sardine) deux fois par semaine. Consommez des fruits et légumes abondamment ... sans limite. En revanche, nos menus devraient comprendre moins de produits laitiers et animaux. "Les principaux aliments à éviter restent le beurre, la crème, et même les margarines, surtout celles à base d'huile de tournesol, ajoute t-il. Comme matières grasses, utilisez exclusivement l'huile de colza, riche en acide alpha-linolénique, et l'huile d'olive.

Richard Belfer, in Alternative Santé l'impatient, n°287, pp.24-26

vendredi 6 septembre 2013

"La forme par l'alimentation"

A l'heure de la rentrée, un point sur les aliments qui aident à vaincre l'épuisement. Extrait de l'ouvrage de Selene Yeager, dont quelques extraits ont été donnés ici et

L'épuisement

 Nourrir le cerveau
Certains aliments rendent las et somnolent, tandis que d'autres fournissent de l'énergie en guise de carburant. Pourtant, il n'y a pas bien longtemps que les scientifiques ont commencé à en comprendre la raison. Comme c'est si souvent le cas, c'est dans le cerveau que l'on trouve un début de réponse.
Nos sentiments, notre humeur du moment, comme notre niveau d'énergie, sont dans une large mesure régis par les neurones. Ces cellules nerveuses du cerveau communiquent grâce à des médiateurs chimiques que l'on appelle des neurotransmetteurs. Diverses études ont montré que les fluctuations des taux de certains d'entre eux, comme la dopamine et la norépinéphrine, pouvaient avoir une influence considérable sur les niveaux d'énergie. C'est pour cette raison qu'ils sont parfois qualifiés de médiateurs chimiques "réveille-matin". Des travaux scientifiques ont montré que l'être humain a tendance à réfléchir plus rapidement et davantage motivé lorsque son cerveau génère de grandes quantités de ces substances chimiques. L'alimentation fournit la matière première nécessaire à la production des neurotransmetteurs. Nos aliments habituels (de même que ceux que nous évitons d'absorber) peuvent jouer un rôle important dans notre état général. Il s'agit ici d'une véritable symphonie de médiateurs chimiques dans le cerveau dont les taux fluctuent tout au long de la journée.
L'élément de base servant à construire la dopamine et la norépinéphrine, par exemple, est un acide aminé : la tyrosine. Les taux de tyrosines augmentent quand on absorbe des aliments contenant beaucoup de protéines, comme le poisson, le poulet, ou le yaourt maigre. Pourtant, il ne sert à rien de se gaver de protéines pour avoir de l'énergie. Il suffit d'absorber 85 à 115 grammes d'un aliment contenant une abondance de protéines, comme du blanc de poulet grillé ou un oeuf dur, pour fournir la tyrosine nécessaire à des taux élevés de dopamine et de norépinéphrine.
Même si les aliments riches en protéines peuvent stimuler notre énergie, les matières grasses qui les accompagnent souvent risquent d'avoir l'effet inverse. La digestion des matières grasses supplémentaires nécessite un apport sanguin supplémentaire ; le cerveau est donc privé du sang dont il a besoin et nous éprouvons alors une grande lassitude.

Retour à l'essentiel
Si l'on souhaite obtenir plus d'énergie par l'alimentation, il suffit bien souvent de manger davantage de fruits et de légumes et de veiller à obtenir plus de minéraux essentiels comme le fer. Une étude a permis de montrer que les sujets qui absorbaient au moins 400 mg de vitamine C par jour disaient éprouver moins de fatigue que ceux qui en prenaient moins de 100 mg. Dans les deux cas, bien entendu, la quantité de vitamine C absorbée dépassait largement l'apport journalier, qui est de 60 mg. Il est facile d'absorber davantage de vitamine C par l'alimentation. Un verre de 225 ml de jus d'orange, contient 82 mg de vitamine C.  Une portion de 100 g de fraises en fournit 42 mg, et une portion de 100 g de brocolis cuit en contient 70 mg.
Le fer est également indispensable pour avoir de l'énergie, en particulier chez la femme, qui peut en perdre de grandes quantités lors de ses règles. (...) Même une carence marginale en fer peut plonger dans l'apathie. Heureusement, il est très facile d'obtenir du fer par les aliments. Une quantité de 100 g de farine de blé complet, par exemple, fournit 3,5 mg de fer [20-25% de l'AJR pour la femme, 35% de l'AJR pour l'homme]. La viande rouge est une autre bonne source de fer. Un steack grillé (flanchet) pesant 85 g contient 2 mg de fer [10-12% de l'AJR pour la femme et 20% de celui pour l'homme]

Les aléas des glucides
S'il est vrai que les aliments riches en protéines ont souvent pour effet d'augmenter notre énergie, les féculents comme les pâtes ou les pommes de terre, surtout lors du repas du midi, peuvent au contraire créer une somnolence. Une fois de plus, la chimie du cerveau nous en donne l'explication.
Quand on mange des aliments riches en glucides comme des pommes de terre ou du riz, un acide aminé appelé tryophane est libéré et envoyé jusqu'au cerveau. Cela déclenche un processus générant de la sérotonine, un agent chimique doté d'un effet calmant, et qui harmonise notre humeur. Notre organisme est extrêmement sensible : il suffit de manger 30 g de riz pour déclencher un flux de stérotonine.
Au cours d'une étude, des chercheurs ont administré aux participants, en milieu de journée, des types de repas très divers pour déterminer l'influence de l'alimentation sur le niveau d'énergie. L'un de ces déjeuners était constitué d'aliments maigres et riches en glucides, un autre avait une teneur moyenne en matières grasses et en glucides, et le troisième se composait d'aliments gras, avec très peu de glucides. Comme on pouvait s'y attendre, les sujets qui absorbaient un repas riche en glucides (comme d'ailleurs  ceux qui prenaient un repas particulièrement gras) disaient éprouver davantage de lassitude et de confusion que ceux dont le déjeuner présentait une teneur moyenne en glucides.
Il s'agit d'équilibrer protéines et glucides de telle manière que l'essentiel de notre alimentation se constitue de glucides complexes, accompagnés d'une petite quantité de protéines.
Paradoxalement, l'inverse se produit chez une catégorie de personnes appelées "boulimiques de glucides". Les scientifiques ne savent pas encore pour quelle raison ces individus semblent obtenir un surcroît d'énergie après un repas riche en glucides. Selon des chercheurs, ce besoin pourrait être une tentative de l'organisme pour faire augmenter de trop faibles taux de sérotonine.

Si vous appartenez à cette dernière catégorie, surtout ne faites rien pour combattre cette tendance. Au contraire, prenez plaisir à déguster au repas de midi n'importe quel féculent. pendant que vous y êtes, offrez-vous en milieu de matinée une collation riche en glucides comme des biscuits complets salés ou une banane, ce qui vous évitera le "coup de pompe" de midi.
Précisons au passage qu'il est généralement préférable de fractionner les prises alimentaires tout au long de la journée, plutôt que de faire deux ou trois repas substantiels. En prenant des repas moins consistants, vous maintiendrez des taux glicémiques plus stables, ce qui contribue à prévenir la fatigue.

Des aliments soporifiques

Il est seulement 15h et déjà, vous n'en pouvez plus. Le café n'y changera rien. Les recherches ont bien montré qu'une ou deux tasses de café par jour pouvaient stimuler la vigilance et les fonctions mentales, mais l'absorption quotidienne de grandes quantités de ce breuvage aurait plutôt l'effet inverse. Il en va de même des aliments sucrés "consolateurs" comme les beignets, qui peuvent entraîner momentanément un sursaut d'énergie, hélas très vite suivi chez la majorité d'entre nous par un "coup de pompe" tout aussi rapide et beaucoup plus prolongé.
Le sucre peut aggraver l'impression de fatigue, surtout chez les sujets particulièrement sensibles. Contrairement aux féculents, qui libèrent leur énergie très progressivement dans le sang, le sucre (=glucose) s'y déverse d'un seul coup, provoquant des pics de glycémie. En réaction, le corps génère de l'insuline, qui prélève rapidement le sucre dans le sang pour le transporter jusqu'aux différentes cellules du corps. Le résultat, bien entendu, est une chute brutale du taux de glycémique (taux de sucre dans le sang). Plus ce taux s'abaisse, plus on se sent épuisé.
Le sucre peut également être à l'origine de la fatigue, car il stimule indirectement la production de sérotonine. Cet agent chimique du cerveau joue un rôle sédatif.
(...)
Au cours d'une étude, des chercheurs ont administré pendant deux semaines à des personnes chroniquement sujettes à la fatigue, à la dépression et aux sautes d'humeur, une alimentation sans sucre et sans caféine. Comme on pouvait s'y attendre, beaucoup d'entre elles n'ont pas tardé à éprouver un soulagement considérable grâce à ce régime.

Extrait p.460-464
Selene Yeager, Guide des alicaments, Marabout, 1998.

mardi 27 août 2013

Terra Madre

Terra Madre -Renouer avec la chaîne vertueuse de l'alimentation est un ouvrage écrit par Carlo Petrini, fondateur du mouvement Slow Food.
Terra Madre - projet conçu par Slow Food - vise à soutenir les petits producteurs agricoles, face à l'homogénéisation globale croissante des techniques agricoles, des produits de l'agriculture, et de la cuisine et du goût, portée par les multinationales de l'agroalimentaire.
L'expression du projet Terra Madre passe par l'organisation régulière à Turin d'une rencontre internationale des petits producteurs. Les composantes de ce réseau sont inscrites dans la base de données du site internet.

L'ouvrage de Carlo Petrini est en quelque sorte le "manifeste" théorique qui sous-tend ce mouvement. Nous allons ici en donner quelques extraits, qui n'épuisent pas la richesse de cet ouvrage à proposer des solutions alternatives qui pourraient rétablir l'équilibre face aux excès du système concentré des multinationales agro-alimentaires : pollution de l'environnement et des hommes, gaspillage et destruction progressive du tissu vivant des communautés et de leurs savoirs.

"La nourriture est notre lien le plus profond avec le monde extérieur, avec la nature. Parce que nous mangeons, nous participons d'un système complexe que les anciens nommaient la "respiration de la Terre" (p.79)
Dans un premier temps, le constat est dressé de la dé-naturation de ce lien, au niveau des modes de production, de consommation, de distribution.
"Aujourd'hui, la nourriture est d'abord produite pour être vendue, non pour être mangée. Notre lien avec ce que nous mangeons s'est presque exclusivement réduit à une série d'opérations de marché, et cet état de fait est à la fois la cause et la conséquence d'un système qui a retiré sa valeur à la nourriture et privé nos vies de sens. Un système qui a bouleversé la signification du verbe manger en le faisant passer (...) du mode actif au mode passif (p.80)

Cet état de fait est accompagné d'un cortège de préjugés.
"La tradition, les savoirs anciens, les styles de vie plus frustes (...) se voient régulièrement reprocher d'être nostalgiques et en dehors de la réalité. A tel point que sont purement et simplement évacués des siècles de culture populaire, jugés dépassés, et qu'une grande partie du savoir des communautés de la nourriture (ou tout au moins les origines de ce savoir) n'est même pas prise en considération. (...) On commet également souvent l'erreur de voir la tradition comme quelque chose d'immobile (...), comme un tout qui n'évolue pas, qui s'est arrêté à un moment donné."
Pourtant, "les communautés de la nourriture" (....) sont ouvertes aux nouveautés et à tout ce qui, dans le sillon de la tradition, peut les faire progresser. (...) Il ne s'agit pas de choisir entre tradition et progrès, entre passé et avenir, mais de refuser les généralisations." (pp. 85-87)

"Un autre préjugé (...) porte sur le prix et la valeur de la nourriture, qui se fonde sur l'idée que celle-ci ne doit pas coûter cher, et même le moins possible".
"C'est là le résultat de la transformation de la nourriture en un bien de consommation tout court". Ainsi l'augmentation des prix de la nourriture entraîne des réactions indignées alors que "les gens ne protestent pas de la même manière si le prix des comptes courants à la banque ou les tarifs du téléphone augmentent"
"Dans le système global  agro-industriel alimentaire, les aliments sont devenus des marchandises comme toutes les autres, ni plus ni moins que le pétrole, le bois ou d'autres produits à échanger dont le prix est fixé dans le monde entier par les Bourses internationales (...) Soumettre la nourriture à ces lois entraîne non seulement une standardisation des produits qui tend à réduire la biodiversité et à favoriser les monocultures néfastes pour l'environnement (...)
Des pays entiers (...) se sont spécialisés - souvent par héritage du colonialisme et du néocolonialisme - dans certaines productions et se retrouvent dans une situation épouvantable quand s'effondre le cours de la principale denrée produite sur le territoire" (pp. 96-97)
Autre conséquence : "la biodiversité s'est très gravement réduite (...) par exemple aux seuls Etats-Unis, 80,6% des variétés de tomates se sont éteintes entre 1903 et 1983. Même chose pour 92,8% des variétés de salades, 86,2% des variétés de pommes, et 90,8% des maïs. (...) On trouve des résultats similaires partout où l'industrialisation  de la nourriture a triomphé. (...) Autrefois les campagnes étaient une oasis pour le citadin désireux de fuir la pollution. Aujourd'hui, nombreuses sont les régions de la planète devenues dangereuse pour la santé, surtout là où sont répandus les fertilisants ou les produits antiparasites. "(pp.99-101)

"Quand le prix est bas et la valeur réduite, il devient naturel de gaspiller un produit sans trop y réfléchir. C'est ce qui se produit aussi, de plus en plus dramatiquement, de plus injustement pour la nourriture. Au Royaume-Uni, (...) ce sont plus de 6,5 millions de tonnes qui sont gaspillées tous les ans, soit environ un tiers de l'ensemble de la nourriture disponible. Selon le Département de l'agriculture américain, les habitants des Etats-Unis gaspillent un quart de leur nourriture, soit 25,9 millions de tonnes par an. Mais une étude menée en 2004 par l'université de l'Arizona place la barre encore plus haut (...) jusqu'à 50% du total." (pp. 104-105)

En conclusion "la vie dans l'abondance est une autre grande illusion de la société de consommation. "Beaucoup" ne signifie pas nécessairement "qualité" et, surtout, n'a rien à voir avec l'humanité. Il y a suffisamment de ressources pour tout le monde, le problème c'est que nous ne savons pas les utiliser et que nous créons des déséquilibres démentiels en dehors et à l'intérieur de nous mêmes. L'abondance nous fait à la fois gaspiller la nourriture et exiger un bas prix pour celle-ci, elle affame des peuples sur tous les continents, elle consomme la terre (...) (p.113)

Comment remédier à cet état de fait ?

Carlo Petrini fait appel au concept de souveraineté alimentaire : "Toutes les entités et les communautés locales, nationales et régionales ont le droit et l'obligation de protéger et soutenir les conditions nécessaires à encourager la production d'assez d'aliments nourrissants, d'une manière qui respecte et soutienne la survie des producteurs, et qui soit accessible à tout le monde ; Aucune société ou organisation internationale n'a le droit de modifier cette priorité, ou de demander à un pays d'importer contre sa volonté"
Plus précisément, il s'agit d'être :
- souverains dans la production "au lieu d'intervenir directement sur les plus grands systèmes et de combattre ce Moloch qu'est le marché, il suffit de commencer à agir au niveau local (...) En partant du bas, grâce à l'initiative des communautés (...) il sera possible de redonner à tous une production saine, abondante et accessible. Malheureusement il n'en va pas ainsi en bien des lieux sur Terre. Cela parce qu'on a cru pouvoir se passer des paysans, comme dans le riche  Occident. Ou parce que les aides humanitaires "imposées" détruisent les marchés et l'agriculture locale (....). Si nous parvenons à redonner aux communautés de la nourriture le pouvoir de décider quoi produire et comment le produire, de choisir leur façon de distribuer et de faire coproduire en impliquant les destinataires de leur travail, alors seulement nous pourrons arrêter la grosse machine qui nous mange comme elle mange la Terre
- souverains dans la durabilité. "les productions pour une souveraineté alimentaire doivent respecter l'intégrité écologique des lieux où elles sont pratiquées. Une communauté de la nourriture s'y appliquera sans réserve, car cette intégrité est sa principale source de survie"
"Au lieu de bouleverser les économies locales en imposant leur concept de développement, les organisations internationales chargées  de l'alimentation et de la santé seraient bien inspirées d'exercer un contrôle sur les communautés et leur mode de production" (pp.126-127)
Plusieurs autres éléments  de réponses peuvent être apportés : 
- la Subsistance
"Les agricultures primitives étaient des agricultures de subsistance. Le commerce est venu plus tard. Aujourd'hui, en de nombreux endroits dépeints comme "sous-développés", survit  encore une toute petite agriculture (...) dont le produit est presque entièrement destiné à l'autoconsommation. C'est pourquoi revendiquer le droit à produire soi-même sa propre nourriture risque de sonner aux oreilles des partisans du marché et de la consommation comme un appel à un retour au passé."
(...)
Le potager (...) sous ses différentes formes  - pour la subsistance, éducatif ou intergénérationnel - semble actuellement l'un des meilleurs instruments pour rétablir un niveau minimum de subsistance un peu partout dans le monde, sous toutes les latitudes et dans tous les milieux possibles" (pp.128-129)
- Le recyclage et le réemploi
"Economiser est un maître mot pour les systèmes de la nourriture des communautés. Le gaspillage est à l'opposé de l'ensemble de leurs actions, parce qu'il ne respecte pas la sacralité de la nourriture et de tout ce qui sert à l'obtenir et à la cuisiner"

"Dans l'agriculture, les déjections animales doivent devenir de l'engrais et non d'énormes masses pleines d'antibiotiques et de substances nocives que l'on ne sait plus où écouler. Le pâturage doit servir à gérer la biodiversité et le nettoyage des milieux afin de les mettre à l'abri des incendies (...) Certains déchets végétaux et animaux peuvent être transformés en énergie, par l'utilisation de la biomasse " (pp.134-135)

- Le décentrement
"La standardisation, la monoculture, la nécessité de produire des matières premières standardisées pour l'exportation, ainsi que de nombreuses autres caractéristiques propres de l'agriculture industrielle ont, indépendamment du contexte territorial, convergé dans la même direction : la concentration des terres dans les mains de quelques-uns, et la production de masse. Le même processus de concentration a pu être constaté pour les élevages (...) Même constatation pour les abattoirs. (....)
Pour justifier ce modèle économique (...) on nous a expliqué que c'était là un moyen d'accroître la productivité et, plus encore, l'efficacité du système, et que l'on pourrait ainsi supprimer la faim dans le monde et exercer un meilleur contrôle sur les aliments qui finissent dans notre assiette. Or, non seulement cela ne s'est pas produit, nous le savons, mais la situation s'est lourdement aggravée."

Il est question dans le Manifeste sur l'avenir de l'alimentation d'une enquête de 2006 qui s'est penchée sur plus de 200 projets d'agriculture durable dans 52 pays, des projets qui portaient au total sur environ 30 millions d'hectares de terres et impliquaient 9 millions de familles rurales. Il ressort de cette enquête parrainée par des instituts universitaires que les pratiques durables - et donc une relative décentralisation - "peuvent entraîner des augmentations substantielles" de la production. Grâce à leurs méthodes durables, certains producteurs de base ont vu leurs bénéfices augmenter de 150%. Les coûts étant largement inférieurs à ceux de la production conventionnelle, les agriculteurs biologiques font souvent de plus grands profits, y compris dans les rares cas où le rendement est légèrement inférieur." (pp.137-139)

Carlo Petrini, Terra Madre -Renouer avec la chaîne vertueuse de l'alimentation, 2009, traduit de l'italien par Laurent Palet, éditions Alternatives, manifestô, Paris, 2011

mercredi 19 juin 2013

Manger cru


A l'approche de l'été et des salades diverses et variées, quelques recommandations et conseils relatifs à l'alimentation crue, extraits de Alternative santé n°288 :



ALTERNATIVE SANTÉ - L'Impatient : Quels sont les effets négatifs de la cuisson ?


Dr Philip Keros : Elle dénature et fait disparaître les enzymes. Or ces substances jouent un rôle important dans les processus physiologiques (flore intestinale, par exemple) de tous les organismes vivants et sont naturellement présentes dans les végétaux. La cuisson appauvrit aussi les aliments en vitamine C et B -en particulier la B9ou acide folique, essentielle à l'élaboration des cellules sanguines et au système nerveux. Les vitamines A, E, D, F, qui sont solubles dans les graisses et les huiles, résistent mieux à la chaleur, en particulier en milieu huileux.
La cuisson à l'eau appauvrit en oligoéléments et en sels minéraux.

Nombre de personnes ne consomment pas d'aliments crus parce qu'elles ne les digèrent pas Quelle stratégie mettre en place ? 

Quand on recommence à manger du cru ou à en consommer davantage, on peut subir certains désagréments : gaz, ballonnements, inconfort digestif, selles molles, colites… Cela signifie que son état général n'est pas bon, en particulier que la flore intestinale ne fonctionne pas comme elle le devrait. Il est alors nécessaire de rééduquer l'organisme. On donnera le temps nécessaire à la flore intestinale pour s'adapter. Il ne faut pas se décourager trop vite, cela peut parfois prendre plusieurs mois ! Les aliments lactofermentés (choucroute, carottes, betterave, etc. permettent une transition entre le cuit et le cru, et comme pour le soja fermenté -tempeh- la lactofermentation détruit certaines substances indésirables.
Tout dépend comment on aborde le cru. Si c'est à travers une maladie, un cancer, la dimension psychologique importe. Un choc psychologique entraîne une souffrance cérébrale qui a des conséquences sur le côlon. Ce dernier, normalement sous le contrôle du système neuro-végétatif, peut prendre son autonomie. La personne sera alors sujette à des colites. À ce moment-là, le thérapeute cherchera à réguler le système neuro-végétatif, à travers la relaxation, par exemple. Les gens qui ne consomment que cru semblent ne rencontrer aucun désagrément.
Que peut-on attendre du cru ?
Une augmentation des défenses immunitaires grâce à une meilleure préservation des enzymes, des vitamines, des oligoéléments et des sels minéraux, qui participent à l'ensemble des réactions biochimiques du corps et qui permettent un meilleur fonctionnement de l'organisme. Donc un fonctionnement optimal des cellules et davantage de vitalité. Cette alimentation apporte moins de substances perturbatrices capables de fatiguer l'organisme par auto-intoxication et de modifier les défenses immunitaires provoquant des pathologies qui vont de la simple baisse de forme, à une plus grande sensibilité aux infections jusqu'aux maladies dégénératives.
*********


Les aliments crus contiennent davantage de vitamines, d'oligoéléments, de sels minéraux, d'enzymes et d'eau. Parce qu'ils ne perdent pas quantité de ces éléments à la cuisson. "En ce qui concerne les enzymes, il faut noter qu'elles sont détruites entre 45 et 47 degrés" précise le naturothérapeuthe André Passebecq. (…) 
Il est important de commencer ses repas par des aliments crus. En effet : ils se digèrent et s'assimilent rapidement (…). En revanche, lorsque l'on consomme des légumes crus après des aliments cuits, les premiers restent plus longtemps dans l'estomac et fermentent. On comprend ainsi mieux qu'il ne faut pas terminer un repas par un fruit qui fermente dans l'estomac. L'idéal est de consommer les fruits en dehors des repas ou bien lors de repas légers : petit-déjeuner, collation de dix-sept heures. "Commencer par du cru a pour effet de limiter la production de globules blancs  qui sont les signes d'une réaction de défense de l'organisme. Ainsi, quand nous ingérons de la nourriture "morte", des bonbons, par exemple, le nombre de leucocytes peut doubler et même tripler.
Commencer par du cru - par des crudités variées : courgettes, carottes, radis, chou, etc. - favorise l'apparition plus rapide des signes de satiété, notamment parce que les crudités "gonflent" l'estomac
(…)
Si l'on doit faire une moyenne : en climat tempéré, selon les saisons, il serait bon de consommer de 50 à 75% d'aliments crus. Essentiellement des légumes : carottes, salades variées, courgettes, radis, chou, avocat… et un plus faible pourcentage de fruits qui, s'ils ne sont pas bien mûrs ont tendance à être acidifiants pour l'organisme et donc à déminéraliser. Cela permet de conserver son système immunitaire vigoureux.



lundi 20 mai 2013

Les minéraux


Les minéraux indispensables à notre organisme

Notre corps contient de nombreux minéraux (plus de vingt). Du fait de la croissance chez les jeunes, et à tous les âges, du renouvellement incessant, il a besoin de recevoir ces minéraux par l'alimentation ou l'eau des boissons.

Les quantités qu'il est conseillé de recevoir dans son alimentation

Elles sont très différentes. Voici les apports conseillés chez l'adulte en bonne santé
calcium : 900 mg/j
magnésium : 330 à 400 mg/j
fer : 10 mg chez l'homme, 18 mg chez la femme
zinc : 15 mg/j
chrome : 0,125 mg/j
sélénium : 0,060 mg/j

Brève étude de quelques minéraux

a. Le calcium
Il y a un peu plus d'un kg de calcium dans le corps d'un adulte. La presque totalité du calcium est située dans les os (99%). Chacun sait l'importance d'un apport suffisant en calcium (et en vitamine D) pour permettre une bonne croissance chez le nourrisson et l'enfantt, pour permettre le maintien d'une bonne structure osseuse chez l'adulte et surtout chez la personne âgée.
Mais le 1% non fixé sur les os a des fonctions essentielles, surtout sous forme de calcium ionisé 
Citons, à titre d'exemple, son rôle dans la contraction musculaire, dans la coagulation sanguine (formation du caillot pour arrêter une hémorragie), dans l'utilisation métabolique du glucose fourni par les glucides, dans l'action de nombreuses hormones, dans la transmission aux cellules ou à l'intérieur des cellules de nombreux messages

b. Le phosphore
La plus grande quantité (85%) se trouve dans les os, mais le calcium a beaucoup d'autres fonctions indispensables à la vie. il fait partie intégrante des acides nucléiques (ADN et ARN) qui constituent le support de l'information génétique, il intervient dans de nombreuses réactions qui libèrent de l'énergie ou utilisent de l'énergie dans nos cellules, etc.

c.L'iode
Son rôle essentiel dans la composition des hormones thyroïdiennes. Une insuffisance d'iode peut provoquer des troubles graves.

d. Le sodium et le potassium
Ils sont présents dans les différents liquides de notre organisme, mais ils ont aussi d'autres rôles

e. Le fer
c'est un constituant de l'hémoglobine présente dans nos dizaines de milliards de globules rouges (c'est ce qui leur donne leur couleur rouge). Elle permet le transport de l'oxygène que nous prélevons dans l'air à chaque respiration, vers toutes les cellules de notre organisme.
Mais le fer est indispensable aussi parce qu'il entre dans la composition de très nombreuses enzymes.

f. le magnésiulm
IL est surtout situé dans les os et dans les muscles, mais il intervient dans la synthèse de molécules indispensables à la vie. Il joue un rôle très important dans la transmission de l'influx nerveux (de la commande nerveuse). Il entre dans la composition de nombreuses enzymes.

g. Le zinc
Il participe à plus de 70 systèmes enzymatiques et intervient aussi dans la croissance et dans l'immunité.

h. les autres oligo-éléments
Le sélénium, le manganèse, le cuivre, le cobalt, le nickel et d'autres sont indispensables parce qu'ils feint partie de diverses enzymes


Source : Groupe de recherche en éducation nutritionnelle (GREEN), sous la coordination de Henri Dupin, Aliments, alimentation et santé - Questions/réponses, Lavoisier / Comité Français pour la santé (CFES), Paris-New-York, 1996



La vitamine E


La vitamine E

La vitamine E fait partie, avec les vitamines A et D, du groupe des vitamines liposolubles, c'est-à-dire solubles dans les lipides. Elle est donc apportée par les lipides et surtout certaines huiles.



Les aliments riches en vitamine E

- l'huile de tournesol
- l'huile de pépins de raisin
- l'huile de germes de maïs
- la margarine de tournesol (à une concentration plus faible : l'huile de colza, arachide, olives)
- le beurre en contient beaucoup moins que les huiles de tournesol et les margarines préparées avec cette huile
- les noisettes et amandes

La vitamine E : agent antioxydant

Dans les aliments, elle empêche ou freine l'oxydation des substances auxquelles elle est associée.
Dans notre organisme, elle intervient aussi comme antioxydant. en particulier, elle protège les lipides - plus précisément les acides gras polyinsaturés qui font partie des lipides présents dans les membranes des cellules. Ces membranes sont fort importantes pour contrôler les échanges qui ont lieu entre l'intérieur de chaque cellule et les liquides qui entourent les cellules.
La vitamine E joue également d'autres rôles ; par exemple, elle limite le risque de formation de petits caillots (ou thrombus) à l'intérieur de nos vaisseaux.


Source : Groupe de recherche en éducation nutritionnelle (GREEN), sous la coordination de Henri Dupin, Aliments, alimentation et santé - Questions/réponses, Lavoisier / Comité Français pour la santé (CFES), Paris-New-York, 1996

La vitamine A


La vitamine A

Généralités
Cette vitamine joue un rôle important dans la vision et dans la protection de l'oeil, mais elle a d'autres fonctions dans notre organisme.

Les aliments qui apportent de la vitamine A ou des provitamines A

La vitamine A elle-même est présente dans des aliments d'origine animale. le foie des poissons ou des animaux terrestres est très riche en vitamine A car celle-ci est mise en réserve dans le foie.

D'autres aliments d'origine animale sont riches en rétinol : les matières grasses du lait et des fromages, le beurre, le jaune d'oeuf.

Divers aliments végétaux apportent, non pas la vitamine A elle-même (rétinol) mais des provitamines A (une provitamine est une substance contenue dans certains aliments que notre organisme est capable de transformer en vitamine). ces provitamines sont des caroténoïdes, en particulier le bêta-carotène dont le rôle est important. Les aliments riches en bêta-carotène sont : la carotte, les épinards, le cresson, le brocoli, divers légumes verts et des fruits de couleur "carotte" : les abricots, les mangues, les melons.

Le rôle de la vitamine A dans la vision et la protection de l'oeil

- Les cellules de la rétine contiennent une substance sensible à la lumière (composée d'une protéine et d'un dérivé de la vitamine A). cette substance est décomposée par la lumière, il y a production d'un message qui, par le nerf optique, est transmis au cerveau. C'est le mécanisme de la vision. bien entendu, cette substance doit être immédiatement re-synthétisée et ceci exige la présence de vitamine A.

- En cas de carence en vitamine A (et en provitamine A), la conjonctivite et la cornée sont altérées et ces lésions peuvent abouti à la cécité.

Rôle de la vitamine A dans le maintien des caractéristiques des cellules de tous les épithéliums

Depuis plusieurs années, on savait que la présence dans l'organisme de vitamine A en quantité suffisante est indispensable au maintient de tous les épithéliums : la conjonctivite et la cornée, comme on l'a vu ; la peau et les muqueuses ; l'épiithélium des bronches et des alvéoles pulmonaires, l'épithélium de la muqueuse qui revêt tout l'intestin et qui permet l'absorption des nutriments ; les épithéliums de l'utérus, de la vessie.

La vitamine A dans les processus de défense contre les infections et les toxiques

- Elle intervient dans les mécanisme immunitaires. La carence en vitamine A et en bêta-carotène s'accompagne d'une augmentation de la fréquence et de la gravité des infections

- Elle joue en rôle important dans les processus de détoxication, c'est-à-dire dans les réactions qui permettent de détruire ou d'éliminer les substances toxiques.


La vitamine A dans le contrôle de la multiplication cellulaire et dans le maintien des caractères spécifiques de chaque type de cellules des tissus épithéliaux

La multiplication des cellules de l'organisme et le renouvellement des cellules vieillies, ainsi que le maintien des caractéristiques propres à chaque type de cellules (qui permettent à la cellule d'effectuer le travail dont elle est chargée, par exemple de sécréter telle ou telle substance), sont contrôlés par des mécanismes très complexes, dans lesquels interviennent la vitamine A et le bêta-carotène.

Attention : la consommation de vitamine A en quantités 10, 20 ou 50 fois plus élevées que les apports conseillés peut provoquer de graves désordres.


Source : Groupe de recherche en éducation nutritionnelle (GREEN), sous la coordination de Henri Dupin, Aliments, alimentation et santé - Questions/réponses, Lavoisier / Comité Français pour la santé (CFES), Paris-New-York, 1996

La vitamine D


La vitamine D

Il existe deux formes de vitamine D : D2 et D3. L'huile de foie de morue est très riche en vitamine D3 (comme le foie d'autres poissons marins).
Les biologistes ont montré que l'organisme est capable de faire la synthèse de la vitamine D3, à condition que certaines parties du corps soient régulièrement exposées à l'action des rayons du soleil. les rayons ultraviolets de la lumière solaire agissent sur des substances qui sont présentes dans la peau (qui dérivent du cholestérol) et les transforme en vitamine D. Cela explique que le rachitisme est surtout fréquent à la fin de l'hiver en particulier chez les nourrissons que les parents laissent toujours à l'intérieur de la maison, sans les sortir au franc air.

Rôle de la vitamine D

elle contrôle le métabolisme du calcium et du phosphore ; en particulier, elle contrôle la fixation du calcium dans les os, ainsi que l'absorption du calcium par l'intestin.

Prévention du rachitisme chez les nourrissons

Le lait de vache est pauvre en vitamine D, le lait maternel est moins pauvre mais n'apporte pas les quantités suffisantes. Dans les pays comme la France, dans lesquels il y a des mois fort peu ensoleillés en automne et en hiver, il est indispensable de donner aux nourrissons de la vitamine D (puis d'en donner pendant les mois d'hiver entre 2 et 5 ans).
Deux solutions sont possibles :
utiliser les laits infantiles enrichis en vitamine D, ou bien fournir aux enfants cette vitamine sous forme médicamenteuse.



Enfants de plus de deux ans, adolescents, adultes

Ils obtiennent la vitamine D dont ils ont besoin 
 - en consommant des aliments qui contiennent de la vitamine D
- et en faisant la synthèse de la vitamine grâce à l'action des rayons solaires

Les aliments qui contiennent le plus de vitamine D sont :

- l'huile de foie de morue, mais ce n'est pas un aliment,
- la chair des poissons gras (sardines, thon…)
- le foie de veau ou de boeuf,
- le beurre
- accessoirement, les fromages et le lait

Les personnes âgées

Elles ont souvent des déficiences en vitamine D : elles sortent peu, surtout pendant la saison froide ; elles sortent toujours très vêtues : leur peau ne reçoit donc que peu de rayons ultraviolets de la lumière claire ; enfin l'absorption intestinale de la vitamine D apportée par les aliments diminue avec l'âge. Il faut donc fournir aux personnes âgées de la vitamine D sous forme médicamenteuse.

Source : Groupe de recherche en éducation nutritionnelle (GREEN), sous la coordination de Henri Dupin, Aliments, alimentation et santé - Questions/réponses, Lavoisier / Comité Français pour la santé (CFES), Paris-New-York, 1996

Les vitamines - la vitamine C



Les vitamines

Définition  : les vitamines sont des substances organiques dont l'organisme a absolument besoin mais qu'il ne sait pas synthétiser. Il doit donc impérativement les recevoir par l'alimentation. 
(…)
Ces substances n'ont pas de valeur énergétique (elles ne fournissent pas de kilocalories), mais elles sont indispensables au bon fonctionnement de l'organisme, et pour certaines, à la croissance.

Remarque : l'humain peut synthétiser la vitamine D à partir de substances présentes dans la peau, transformées sous l'action des rayons du soleil.

Combien y a t-il de vitamines ?
Il y a 13 vitamines que l'on classe en deux catégories :

- celles solubles dans les lipides (donc apportées par les lipides de notre alimentation) : vitamine A (rétinol), vitamine D (calciférol), vitamine E (alpha-tocophérol), vitamine K (phylloquinone)
- celles solubles dans l'eau ; vitamine C (ou acide ascorbique), et le vaste groupe B : B1 (thiamine), B2 (riboflavine), B3 ou PP (niacine), B5 (acide pantothénique), B6 (pyridoxine), B8 (biotine), B9 (acide folique), B12 (cobalamines)

Conceptions erronées sur les vitamines
Certaines personnes pensent qu'une vitamine est  : substance qui évite l'apparition d'une maladie de carence bien déterminée. Ce n'est pas faux, mais c'est une conception très réductrice : chaque vitamine a des fonctions variées, elle intervient dans des réactions chimiques ou des processus biologiques indispensables à la vie.

Un exemple : la vitamine C

a. La vitamine C intervient dans de nombreuses réactions chimiques de notre organisme, en particulier celles que les chimistes appellent "oxyde-réductions", "hydroxylations"

b. On sait que les hémoragies sont l'un des signes du scorbut : en effet dans la carence en vitamine C, le tissu conjonctif des vaisseaux est altéré, il y a donc saignement. La raison en est que la vitamine C est nécessaire à la synthèse du collagène et de l'élastine qui sont deux protéines du tissu conjonctif.

c. La vitamine C est indispensable à la synthèse d'une enzyme (carnitine acyltransférase) qui permet à nos cellules d'oxyder les acides gras constitutifs des lipides apportées par l'alimentation, avec production d'énergie, utilisable par notre organisme, en particulier par des cellules musculaires.

d. La vitamine C favorise l'élimination du cholestérol en excès, car elle accélère la transformation du cholestérol en sels biliaires qui sont éliminés - avec la bile - par l'intestin. 
Des études épidémiologiques ont montré que ceux qui consomment beaucoup de fruits ou des légumes et reçoivent ainsi un apport élevé en vitamine C ont un taux de cholestérol (surtout de cholestérol LDL ou "mauvais cholestérol") plus faible que ceux qui reçoivent peu de vitamine C.

e. La vitamine C est indispensable à la fabrication dans notre organisme d'une substance (la noradrénaline) qui permet la progression de l'influx nerveux dans les nerfs.

f. La vitamine C favorise grandement l'absorption par l'intestin du fer apporté par notre alimentation.

g. La vitamine C intervient de façon efficace dans les réaction de détoxication, c'est-à-dire la destruction des diverses substances toxiques (en particulier dans la destruction des "radicaux libres" qui sont si dangereux pour les lipides constitutifs des membranes de nos cellules).

h. Fait très important, la vitamine C joue un rôle dans les mécanismes immunitaires (mécanismes de lutte de notre organisme contre les agents infectieux : virus et bacilles). Chez les individus carencés en vitamine C, les moyens de défenses sont réduits, les infections sont plus fréquentes et plus graves. 

Tableau récapitulatif des aliments riches en fibres végétales, vitamines A, vitamine bêta-carotène, vitamine E, vitaline C, zinc, sélénium


Source : Groupe de recherche en éducation nutritionnelle (GREEN), sous la coordination de Henri Dupin, Aliments, alimentation et santé - Questions/réponses, Lavoisier / Comité Français pour la santé (CFES), Paris-New-York, 1996

samedi 13 avril 2013

Conserver la qualité des nutriments (cuisson)

Le magazine Que Choisir consacrait au mois de janvier 2013 un article sur les effets de différents modes de cuisson sur la bonne préservation des nutriments contenus dans les aliments.
Il revenait sur les différents nutriments et sur la manière de conserver leur qualité au cours de la cuisson.

Extraits :

Source : Que Choisir
Bêta-carotène
Précurseur de la vitamine A, le bêta-carotène se transforme en vitamine A dans l'organisme. Ses propriétés antioxydants lui permettent de lutter contre le vieillissement des cellules. Comme il est soluble, pour limiter les pertes il faut tremper ou cuire les aliments dans le moins d'eau possible. Il est, en revanche, stable sous l'effet de la chaleur.
On le trouve dans les végétaux (carottes, abricots, persil…) et certaines produits d'origine animale (oeufs, produits laitiers)

Vitamine C
Elle stimule les défenses de l'organisme contre les infections bactériennes et virales, protège la paroi des vaisseaux sanguins, contribue à l'assimilation des propriétés antioxydants. c'est la plus fragile de toutes les vitamines : elle est sensible à l'air, la lumière, la chaleur et est soluble dans l'eau. A consommer vite : limitez le trempage, cuisez les aliments rapidement et dans peu d'eau. Pour couvrir les besoins, il est conseillé de manger des fruits ou légumes crus une fois par jour. On les trouve dans les agrumes, les poivrons rouges et verts frais, le persil, les brocolis, les choux...

Source : Que Choisir
Potassium
Il contribue au bon fonctionnement des nerfs et des muscles.
On le trouve dans les lentilles, épinards, noix, bananes, carottes…

Calcium
Minerai le plus abondant dans notre corps, le calcium contribue à 99% à la formation des os et des dents (…) Pour bien le fixer, il est cependant nécessaire de pratiquer une activité physique régulière.
On le trouve dans le lait et les produits laitiers. Il est également présent dans certaines légumes à feuilles vertes (brocolis, poireaux…), les fruits secs, des eaux minérales.

Oméga 3 et 6
Ils font partie des acides gras polyinsaturés nécessaires au bon fonctionnement des cellules. On trouve les omégas 3 dans la noix, l'huile de colza, de soja, de lin, dans les pissons gras (saumon, thon, hareng, maquereau, sardine)

Graines et mondialisation

Dans son numéro de décembre 2012, le magazine ça m'intéresse a publié un article sur un aspect méconnu de l'agroalimentaire, celui des semences - à la base de toute la production agricole végétale -  dont l'un des plus important producteur est le célèbre américain Monsanto, connu pour ses OGM.

La polémique actuelle touche surtout les producteurs céréaliers et sur le fait que les agriculteurs n'ont pas le droit de ressemer leur propre récolte d'une année sur l'autre - ou d'échanger ces graines avec d'autres agriculteurs - en vertu du fait que les graines sont brevetées, comme protégées par un droit d'auteur.
La polémique porte aussi sur le fait que vous n'avez pas le droit de commercialiser de très nombreuses espèces de graines issues de la biodiversité.

La polémique est donc double : elle porte sur la "brevetisation" des graines et donc sur le fait de donner des royalties à quelques multinationales pour avoir le droit de les utiliser. Et elle porte sur le droit de faire le commerce de semences, fruits de la biodiversité (mais non inscrites au catalogue officiel des graines).
Source : http://www.boostmykarma.com/app/webroot/wp/quand-les-graines-de-jardiniers-echangent-le-fruit-de-leur-travail/


Pour aller plus loin, il faut préciser que :
1. On distingue généralement les graines créées par les multinationales pour répondre aux contraintes de la grande production (résistance, aspect…) et protégées par des brevets, des graines issues de la biodiversité (dites "anciennes"), et des graines issues de la tradition agricole, et qui sont du domaine public.
2. En France, vous ne pouvez faire le commerce de produits qu'issues de graines recensées sur l'un des catalogues national de graines, dont le premier fut créé en 1932. On distingue généralement le Catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées (créé en 1932) du Catalogue officiel français des espèces et variétés potagères (créé en 1994).
L'entrée sur le 1er catalogue coûte assez cher (6000 euros pour les céréales), et l'entrée est soumise à conditions (test DHS et VAT). En effet, pour être inscrite au catalogue officiel français, une nouvelle variété doit être :
Distincte, et bien différente des variétés déjà existantes, avoir une dénomination ;
Homogène, les plantes de la variété sont semblables entre elles ;
Stable, la variété est conforme à sa carte d'identité au cours des années.

Pour les plantes de grandes cultures, il existe aussi des tests de VAT destinés à mesurer les progrès apportés par la variété sur sa Valeur Agronomique ou Technologique par rapport aux variétés actuellement cultivées. Autrement dit elles doivent prouver qu'elles apportent un progrès technologique ou agronomique pour entrer au catalogue.
Le problème des graines "anciennes" est que leur base génétique est très large - elles sont le fruit de nombreux croisements - et elles ne sont donc pas définitivement fixées dans le temps. Elles ne peuvent donc pas entrer au catalogue.

3. Aujourd'hui la majeure partie des cultures repose sur l'utilisation de graines "brevetées" (le COV certificat d'obtention végétale) par des semenciers, tel Monsanto : l'agriculteur qui les achète paye une forme de royalty inclut dans le prix, et qui revient au semencier. Ces graines correspondent à des espèces de plantes qui répondent aux contraintes de la production mondialisée et à la grande distribution : elles poussent vite, sont plus résistantes au transport et à la manipulation dans les supermarchés…Ce sont ces espèces qui sont cultivées par 99% des agriculteurs.

Source : http://www.tripalbum.net/chiapas/graines/
4. Vous avez le droit de cultiver les graines du Catalogue officiel français des espèces et variétés potagères ou même des graines hors des catalogues nationaux (sauf les espèces nuisibles), mais vous n'avez pas le droit de commercialiser ni d'en vendre le produit : en résumé vous ne pouvez les cultiver que pour votre propre consommation ou pour le plaisir d'entretenir la biodiversité.

Mais au-delà de la polémique, qui est assez circonscrites, il faut ajouter que :
- Les espèces hybrides créées par les multinationales des semences sont pour la plupart dégénérescentes à la 2ème génération, d'où la nécessité de renouveler les espèces très régulièrement, et donc de payer sans arrêts pour avoir de nouvelles espèces. L'homme démiurge du vivant à des fins économiques
- Ces espèces ont une vitesse de croissance telle que l'eau et les nutriments naturels du sol ne suffisent pas : ce sont des espèces qui nécessitent engrais et irrigation
- Ces espèces recèlent moins de protéines, sucres lents, vitamines, huiles et huiles essentielles, et ont moins de saveurs.

En somme, c'est l'ensemble du système agricole qui est en cause : du fait d'un commerce mondialisé des produits agricoles, et de la nécessité de produire des espèces résistantes au transport et à la manipulation, on crée des espèces moins nourrissantes en vitamines, substances bio-actives, etc. et dont la culture est écologiquement coûteuse (engrais, irrigations).
A l'opposé, les espèces "anciennes" sont plus nourrissantes, mais moins propres au commerce mondialisé.





Ainsi, la conjonction des intérêts financiers privés et des législations nationales voire européennes contribue à : l’appauvrissement de la biodiversité, à la baisse de la qualité nutritionnelle et gustative des aliments.

Ce qui se passe pour les graines est d’ailleurs en train de se passer pour l’eau. Les grands groupes agro-alimentaires (notamment le premier d’entre eux) s’approprient peu à peu les sources d’eau de la planète. Dans certains pays pauvres, face à la démission de la puissance publique, il est nécessaire d’acheter son eau potable au prix fort à des compagnies privées, en raison de l’absence de réseau de distribution sain, ou de l’appropriation des sources par les industriels.

Les bases du monde Vivant (les graines, l’eau…) sont appropriées par des compagnies privées. Leur logique étant financière (faire des bénéfices), on peut craindre que l’équilibre naturel, les ressources de la planète, la biodiversité soient mis en danger, sans parler des enjeux pour les populations.

Dans le monde futur, ne pourra t-on plus boire boire d’eau sans avoir à acheter de l’eau enrichie ou   « brevetée », sans enrichir une multinationale quelconque, ne pourras-t-on plus faire pousser de plantes sans avoir à payer des royalties directes ou indirectes ? Celui qui s’aventurera à passer outre finira-t-il en prison ? 

Curieux monde ! où les bases mêmes de la Vie (faire pousser des plantes, boire de l’eau) échappent aux individus pour passer entre les mains d’intérêts financiers ou d’interdictions publiques…

dimanche 17 mars 2013

Un roman écologique

Pour une fois sur ce blog, un extrait de roman, L'écologie inachevée, de Michel et Bertrand REMY, écrit dans les années 1970 mais publié seulement au début des années 2000. Ce roman met en scène  une sorte de combat moderne entre David et Goliath, David étant ici un ancien étudiant en médecine, Herbert, devenu agriculteur, et Goliath une organisation secrète qui fait tout pour maintenir les sociétés modernes dans un état maladif et dépendant, pour continuer à générer du profit. Herbert, sur son exploitation, explore les liens entre une agriculture écologiste, la santé des hommes et la survie de sociétés modernes au bord d'un gouffre provoqué par la "désintégration sociale" : individualisme, compétition généralisée, consumérisme… 
Bertrand REMY avait publié en 1954 Nous avons brûlé la terre, ouvrage précurseur de l'agriculture biologique en France

"Vous ne savez sans doute pas ce que c'est que de nourrir un bébé. Une femme qui nourrit un bébé a besoin de manger pour deux : pour entretenir son propre corps et pour constituer celui de son enfant. La terre qui produit des récoltes, c'est la même chose. Il faut qu'elle entretienne son activité biologique, son métabolisme de base qui conditionne sa fertilité permanente, et il faut qu'elle nourrisse les récoltes qu'on lui enlèvera. C'est la différence entre la terre cultivée et la nature vierge, qui n'exporte rien. Et les agronomes modernes oublient simplement la moitié du problème : ils ne nourrissent pas la fertilité permanente. Après-moi, le déluge ! N'importe quel industriel sait qu'il faut entretenir la machine à produire. Les agronomes ne le savent pas. et on dit que l'agriculture moderne est industrielle ! Vous trouvez normal que toutes les plantes cultivées soient dévorées par des nuées de parasites ? Que tant d'hommes et d'animaux domestiques soient malades ? L'agronomie comme la médecine est devenue une foire aux produits chimiques. Personne ne pense à se demander comment la vie a fait pour se développer pendant des millions d'années sans médicaments pour les hommes et sans engrais chimiques et autres pesticides pour les plantes.

(…)
Je n'ai rien contre le fumier, mais je n'ai pas de gros bétail. par contre, j'en ai du plus petit que celui que vous avez vu. Toutes mes terres grouillent de toutes sortes de microbes qui sont la véritable base de la pyramide de la vie au sommet de laquelle nous sommes installés, vous et moi. L'agriculture chimique les extermine, moi je les cultive, je les nourris en développant l'humus superficiel - et ils me le rendent bien. Ils produisent par exemple des engrais azotés à mesure que mes cultures les absorbent, ce qui fait que je n'ai pas besoin d'acheter des engrais azotés artificiels.
- En somme, vous voulez démontrer que l'agriculture serait beaucoup plus efficace si elle utilisait les facteurs naturels de fertilité plutôt que de les supplanter systématiquement .
- Oui, mais ce n'est qu'un problème secondaire. Mon but, c'est de mettre au point une agriculture durable qui, non seulement n'use pas la fertilité, mais au contraire la développe au fil des ans. Actuellement, la fertilité se dégrade partout. Partout, la terre devient de plus en plus difficile à travailler du fait de la dégradation de l'humus. Dans les grandes plaines céréalicoles du bassin parisien, par exemple, le taux d'humus est souvent inférieur à 1%, ce qui est le taux relevé dans les sols désertiques au Sahel ! Le taux normal est de 5%…. il faut de plus en plus d'engrais, de produits de traitement, de machines lourdes et d'énergie pour maintenir la production.Les maladies, les parasites et les déserts se multiplient. Le problème est de découvrir si cette dégradation universelle est la conséquence naturelle inéluctable d'une sorte de vieillissement biologique normal du monde vivant, ou au contraire le résultat accidentel et anormal d'une dégradation par l'homme du milieu naturel. C'est un problème que j'ai résolu. Sur mes terres, il n'y a pratiquement plus de maladies physiologiques ni de parasites, et pourtant je n'utilise pas de produits curatifs artificiels. Et la fertilité augmente régulièrement, bien que je n'emploie aucun engrais chimique, mais seulement des minéraux naturels bruts que l'activité biologique du sol rend assimilables par les plantes à mesure de leurs besoins. Tout ce que j'ai fait, c'est réamorcer le fonctionnement normal des chaînes alimentaires en reconstruisant les facteurs naturels de fertilité, c'est-à-dire en faisant de l'humus et en éliminant toutes les carences minérales, en particulier les carences en oligo-éléments que l'agronomie productiviste ignore royalement. L'énergie solaire fait le reste."

Michel et Bertrand REMY, L'écologie inachevée, L'Harmattan, 2001, extraits p.17-20

mardi 29 janvier 2013

Au profit de la pollution

"Nous assistons à une nouvelle forme de guerre civile, menée par les multinationales contre les citoyens. Celles-ci ont davantage de pouvoir que les gouvernements, qui se plient à leur lobbying en adaptant les lois. Ce qui est intéressant, c'est de voir à quel point la résistance des citoyens, sur le terrain, transcende les frontières idéologiques et politiques.
Les petits fermiers que j'ai pu rencontrés en Pologne sont pour la plupart éduqués. Mais beaucoup sont socialement conservateurs, ils vont à l'église, n'aiment pas les homosexuels... Lutter contre les gaz de schiste change leur état d'esprit, ils deviennent plus tolérants. En Pennsylvanie, j'ai filmé  un homme qui a pris le risque de perdre son job en refusant de transporter de l'eau polluée dans son camion prévu pour l'eau propre. cet homme qualifie Barack Obama de "nègre" et aime les armes à feu. Mais là-bas, je crains qu'il ne soit trop tard pour se battre. Le mal est fait."

Lech Kowalski, interview Coralie Schaub, Libération, mardi 29 janvier 2013, à propos du documentaire duffusé sur Arte



lundi 28 janvier 2013

Le recyclage des déchets et la production d'énergie

Un article de Libération du lundi 28 janvier pointe une solution écologique adoptée pour  produire de l'énergie (biogaz) par le recyclage des déchets : la production dans la région de Meistratzheim (Bas-Rhin) de 70 % de la choucroute alsacienne génère 30 000 m3 d’eaux usées qui, injectées dans un méthaniseur transforment la matière organique en biogaz en deux jours. Double bénéfice : la meilleure gestion des déchets permet aussi la production d'énergie.
Cette idée était en fait déjà utilisée pour d'autres déchets de l'agriculture, notamment l'un des plus polluants : le lisier de porc.
Une étude québécoise de 2008 résumait les enjeux du procédé, et chiffrait la production de biogaz
"Le procédé de biométhanisation du lisier de porcs est apparu comme une solution particulièrement prometteuse parce qu’il permettait à la fois de réduire la charge organique du lisier, d’en atténuer les odeurs lors de l’entreposage et de l’épandage, de détruire une grande partie des agents pathogènes, d’améliorer la biodisponibilité des éléments fertilisants du lisier et de faciliter l’exportation des surplus. Par ailleurs, le traitement du lisier par méthanisation allait permettre de produire un gaz, le méthane, qui pourrait être valorisé à la ferme, permettant ainsi de réduire le coût net du traitement. "

"De façon générale, le rendement en biogaz issu de la méthanisation des déjections animales se situe entre 1,3 et 2,0 m3 par jour par unité animale (500 kg de poids vif) selon l’espèce animale. Par comparaison, les cultures énergétiques et les résidus agroalimentaires ont une performance nettement supérieure à celle des effluents d’élevage (Tableau 1). Les lisiers de porcs et bovins sont relativement peu performants pour la production de biogaz en raison de leur faible teneur en matière sèche et leur teneur limitée en matière organique. L’ajout d’une source additionnelle de matière organique permettra d’augmenter de manière importante la production de biogaz d’un digesteur installé à la ferme.
Source : www.craaq.qc.ca/data/DOCUMENTS/EVC033.pdf


On pourrait presque croire que le recyclage des déchets de l'agriculture est une des merveilleuses inventions technico-scientifiques de l'Occident face aux défis posés par l'écologie. Rappelons-nous cette fameuse scène à la fin  du film Retour vers le futur, où le génial inventeur Emmett Brown fait le plein de sa machine à voyager dans le temps en utilisant les ordures ménagères d'une poubelle


Pourtant, comme le rappelle le rapport québécois de 2008, cela fait très longtemps qu'en Asie, les paysans utilisent localement cette ressource pour leurs propres besoins :
 "La production d’énergie par la fermentation microbienne anaérobie (c'est-à-dire en absence d’oxygène) de résidus riches en matière organique est un procédé connu et utilisé depuis de très nombreuses années, notamment en Asie. Alors que les ménages asiatiques utilisent ce procédé pour produire le gaz dont ils ont besoin pour cuire leurs aliments, en Occident, l’intérêt pour ce procédé est beaucoup plus récent et est motivé par les nouveaux enjeux environnementaux et énergétiques. Au Québec, cet intérêt est né au cours des années 1990 alors que les problèmes de gestion des surplus d’effluents d’élevage et de cohabitation en milieu rural devenaient de plus en plus importants, particulièrement dans le secteur porcin."

Alors que le lisier de porc pollue toujours autant (en Bretagne, aux Etats-Unis), que les réserves énergétiques fossiles mondiales s'amaigrissent, les solutions possibles ne sont pas pour autant adoptées massivement. Une certaine logique économique dicte encore majoritairement les comportements des différents acteurs.

Les initiatives se multiplient pourtant. Ainsi cette entreprise sociale et solidaire, qui utilise l'huile de frite usagée comme carburant, dans Le Monde du 29 janvier.