mardi 29 janvier 2013

Au profit de la pollution

"Nous assistons à une nouvelle forme de guerre civile, menée par les multinationales contre les citoyens. Celles-ci ont davantage de pouvoir que les gouvernements, qui se plient à leur lobbying en adaptant les lois. Ce qui est intéressant, c'est de voir à quel point la résistance des citoyens, sur le terrain, transcende les frontières idéologiques et politiques.
Les petits fermiers que j'ai pu rencontrés en Pologne sont pour la plupart éduqués. Mais beaucoup sont socialement conservateurs, ils vont à l'église, n'aiment pas les homosexuels... Lutter contre les gaz de schiste change leur état d'esprit, ils deviennent plus tolérants. En Pennsylvanie, j'ai filmé  un homme qui a pris le risque de perdre son job en refusant de transporter de l'eau polluée dans son camion prévu pour l'eau propre. cet homme qualifie Barack Obama de "nègre" et aime les armes à feu. Mais là-bas, je crains qu'il ne soit trop tard pour se battre. Le mal est fait."

Lech Kowalski, interview Coralie Schaub, Libération, mardi 29 janvier 2013, à propos du documentaire duffusé sur Arte



lundi 28 janvier 2013

Le recyclage des déchets et la production d'énergie

Un article de Libération du lundi 28 janvier pointe une solution écologique adoptée pour  produire de l'énergie (biogaz) par le recyclage des déchets : la production dans la région de Meistratzheim (Bas-Rhin) de 70 % de la choucroute alsacienne génère 30 000 m3 d’eaux usées qui, injectées dans un méthaniseur transforment la matière organique en biogaz en deux jours. Double bénéfice : la meilleure gestion des déchets permet aussi la production d'énergie.
Cette idée était en fait déjà utilisée pour d'autres déchets de l'agriculture, notamment l'un des plus polluants : le lisier de porc.
Une étude québécoise de 2008 résumait les enjeux du procédé, et chiffrait la production de biogaz
"Le procédé de biométhanisation du lisier de porcs est apparu comme une solution particulièrement prometteuse parce qu’il permettait à la fois de réduire la charge organique du lisier, d’en atténuer les odeurs lors de l’entreposage et de l’épandage, de détruire une grande partie des agents pathogènes, d’améliorer la biodisponibilité des éléments fertilisants du lisier et de faciliter l’exportation des surplus. Par ailleurs, le traitement du lisier par méthanisation allait permettre de produire un gaz, le méthane, qui pourrait être valorisé à la ferme, permettant ainsi de réduire le coût net du traitement. "

"De façon générale, le rendement en biogaz issu de la méthanisation des déjections animales se situe entre 1,3 et 2,0 m3 par jour par unité animale (500 kg de poids vif) selon l’espèce animale. Par comparaison, les cultures énergétiques et les résidus agroalimentaires ont une performance nettement supérieure à celle des effluents d’élevage (Tableau 1). Les lisiers de porcs et bovins sont relativement peu performants pour la production de biogaz en raison de leur faible teneur en matière sèche et leur teneur limitée en matière organique. L’ajout d’une source additionnelle de matière organique permettra d’augmenter de manière importante la production de biogaz d’un digesteur installé à la ferme.
Source : www.craaq.qc.ca/data/DOCUMENTS/EVC033.pdf


On pourrait presque croire que le recyclage des déchets de l'agriculture est une des merveilleuses inventions technico-scientifiques de l'Occident face aux défis posés par l'écologie. Rappelons-nous cette fameuse scène à la fin  du film Retour vers le futur, où le génial inventeur Emmett Brown fait le plein de sa machine à voyager dans le temps en utilisant les ordures ménagères d'une poubelle


Pourtant, comme le rappelle le rapport québécois de 2008, cela fait très longtemps qu'en Asie, les paysans utilisent localement cette ressource pour leurs propres besoins :
 "La production d’énergie par la fermentation microbienne anaérobie (c'est-à-dire en absence d’oxygène) de résidus riches en matière organique est un procédé connu et utilisé depuis de très nombreuses années, notamment en Asie. Alors que les ménages asiatiques utilisent ce procédé pour produire le gaz dont ils ont besoin pour cuire leurs aliments, en Occident, l’intérêt pour ce procédé est beaucoup plus récent et est motivé par les nouveaux enjeux environnementaux et énergétiques. Au Québec, cet intérêt est né au cours des années 1990 alors que les problèmes de gestion des surplus d’effluents d’élevage et de cohabitation en milieu rural devenaient de plus en plus importants, particulièrement dans le secteur porcin."

Alors que le lisier de porc pollue toujours autant (en Bretagne, aux Etats-Unis), que les réserves énergétiques fossiles mondiales s'amaigrissent, les solutions possibles ne sont pas pour autant adoptées massivement. Une certaine logique économique dicte encore majoritairement les comportements des différents acteurs.

Les initiatives se multiplient pourtant. Ainsi cette entreprise sociale et solidaire, qui utilise l'huile de frite usagée comme carburant, dans Le Monde du 29 janvier.