lundi 28 septembre 2015

Diagnostic d'un malade de civilisation

L’état de santé général est bien souvent conséquence du mode de vie et de l'alimentation. Dans le texte ci-dessous écrit en 1973,  on nous décrit un malade victime de son régime alimentaire, de son rythme de vie, de ses préoccupations quotidiennes : l’ homme d’affaire. Relisant ce texte plus de 40 ans après, on ne peut que constater que ce diagnostic peut s’étendre à toutes les couches de la société, plus ou moins !!
***
"Si l'homme d'affaire voyage souvent, il a quand même une activité sédentaire.
Chargé de missions délicates, il a des responsabilités qui le rendent soucieux, nerveux.
Sollicité par des réunions mondaines, des cocktails ou des repas d'affaires, il est amené à manger beaucoup; à boire beaucoup.
Surmenage nerveux et mauvaise hygiène alimentaire sont le départ de bien des maux. Les malaises seront dûs aux "agressions", à la suralimentation, à l'excès d'alcool, à l'abus de tabac.

Toit d'abord, son entourage et lui remarquent une "certaine tendance à l'embonpoint"...
-Il se sent fatigué, parfois nerveux, migraineux, insomniaque...
-Il souffre d'aérophagie ou de brûlures d'estomac, de troubles digestifs.
-Il peut avoir des palpitations.
-il peut devenir sujet aux rhumatismes ou ressentir des troubles respiratoires.


Consultés à partir de malaises ressentis, les médecins diagnostiquent assez régulièrement les mêmes troubles : obésité, hypertension artérielle, troubles cardiaques, fragilité du foie.
A l'examen, le sang apparaît avec un taux de graisses, de cholestérol, de glucose ou d'acide urique trop élevé, prédisposant à l'infractus, au diabète, à l'arthrite, à la goutte.
(...)
D'après de récentes statistiques (...) on peut dire que 35% des causes de décès sont dus à des troubles résultants d'une mauvaise hygiène alimentaire, associée à une tension nerveuses permanente, dont les effets se sont accumulés peu à peu au cours des ans pour arriver à ces maladies de civilisation, maladies de pléthore dont l'homme d'affaire est la première victime.

Un régime alimentaire s'impose (...) pour un cas banal; le régime portera sur des restrictions d'ordre quantitatif (mois de plats au menu) et qualitatif (charcuterie, sauces, viandes et poissons gras, friture, alcool...)
Une meilleure répartition au cours de la journée est souhaitable. Les repas que l'on "saute" pour se donner bonne conscience et compenser les excès ne sont jamais la solution.
Si le malade présente une maladie bien déterminée (diabète par ex.), un régime approprié sera mis au point par un spécialiste.

La cure thermale
Les hommes d'affaire se retrouvent assez fréquemment dans une station (...) Enfin on apprend aux "surmenés" les secrets de la relaxation et les bienfaits d'un sport approprié et dirigé.

Mais le traitement le plus simple est encore le traitement préventif. Il est d'ordre psychologique, facile à entreprendre, et demande juste un peu de bon sens.
Les "affaires" souffriraient-elles vraiment d'un repas moins copieux ? de quelques apéritifs ou digestifs en moins ? On peut recevoir au restaurant en prévoyant un menu soigné et gastronomique, certes, mais équilibré et qui ne supprime pas les indispensables éléments crudités et légumes. "

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Vision prémonitoire, involontairement. Dans le même ouvrage pourtant, l’auteur nous met en garde le lecteur contre les boutiques "bio" : "ces aliments naturels qui peuvent faire rêver, risquent d'amener en réalité bien des désillusions" (page 115) (!!!). Sans oublier la défense du DDT  "malgré la rhétorique éperdue des « environnementalistes » au sujet de la pollution du monde par le DDT, de sa pénétration dans les chaînes alimentaires et des dommages incalculables qu’il infligerait à l’homme et aux animaux les accusations contre le DDT deviennent de moins en moins convaincantes" (page 118) (!!!). Comme quoi certains réussissent à se préoccuper de santé individuelle sans pour autant adopter une vision plus globale ou holistique.


N. Thonnat, L'alimentation en question- se nourrir avec son temps, Desclée de Brouwer, 1973, pp.148-150

N. Thonnat. L'alimentation en question, se nourrir avec son temps, Desclée de Brouwer, 1973.

Pesticides et société


Pendant les guerres du XXe siècle, une étape est franchie avec le triomphe de la chimie. L'utilisation agricole du DDT commence à être testée dès 1943 et son efficacité émerveille les entomologistes. Dès 1944, la presse commence à se faire largement l'écho des promesses d'un monde meilleur que le DDT est censé représenter.Pourtant,presque simultanément, des voix très minoritaires s'élèvent pour s'inquiéter de sa puissance de destruction et l'on prédit que, s'il permettait de faire disparaître les insectes, l'humanité ne tarderait pas à les suivre, mais ces mises en garde mesurées (on souhaite simplement une évaluation réelle des risques engendrés par le DDT) ne sont pas écoutées. 
La production s'envole jusqu'à atteindre 400000 t dans le monde dans les années 1960, dont 70 % à 80 % pour un usage agricole. En 1962, Rachel Carson fait paraître Silent Spring, traduit un an plus tard sous le titre de Printemps silencieux, un livre qui dénonce différentes conséquences du 
produit: la destruction des insectes utiles qui limitaient les populations des espèces nuisibles, l'apparition de résistances (les insectes deviennent insensibles au produit), ce qui oblige à constamment renouveler les molécules utilisées, la présence de DDT dans tous les organismes vivants,les risques pour la santé, etc. Ces informations sont reçues comme des révélations,alors que la plupart des conséquences du DDT pouvaient non seulement être anticipées dès 1944 (le phénomène de résistance était connu des scientifiques depuis 1914), mais avaient aussi été bel et bien annoncées par certains. 
L'interdiction du DDT est finalement obtenue en 1970, mais ce n'est pas pour autant que s'arrête l'usage des pesticides. On estime qu'aujourd'hui environ 3 millions de t de pesticides sont appliquées chaque année dans le monde, ce qui représente un coût d'achat d'environ 30 milliards d'euros annuels. Malgré cette large utilisation,les nuisibles détruisent 37% de l'ensemble des cultures (chiffre à peu près équivalent à ce qu'ils détruisaient en 1900) : les insectes sont responsables de 13 % de ces pertes, les pathogènes de 12 % et les mauvaises herbes de 12 %. En gros, 1 euro dépensé dans la gestion par pesticides rapporte 4 euros de cultures protégées, mais cette rentabilité ne tient pas compte des coûts annexes: décontamination des sols et des eaux, maladies chroniques, empoisonnements d'animaux domestiques ou sauvages... Le bilan des insecticides peut sembler paradoxal car, en dépit de la multiplication par plus de 10 de leur usage aux États-Unis entre 1945 et 2000, le total des cultures perdues à cause des insectes est passé de 7% à 13% ; cette augmentation s'explique principalement par l'évolution de l'agriculture. 
L'impact des pesticides sur l'homme n'est pas négligeable: les empoisonnements dans le monde représentent 3 millions d'hospitalisations, 220 000 morts et environ 750 000 maladies chroniques; 250000 d'empoisonnements d'animaux domestiques sont également comptabilisés, la plupart dus aux pesticides, mais les causes de la mort de la majorité de ces animaux ne sont ni diagnostiquées ni rapportées. L'un des vices les plus graves des pesticides chimiques est leur longue durée de vie dans l'environnement, ce qui fait que leur impact sur la biodiversité peut être observé bien après la fin de leur utilisation : on soupçonne ainsi le DDT, en association avec d'autres polluants, d'affaiblir les résistances immunitaires des dauphins et d'être l'une des causes des échouages massifs que l'on observe aujourd'hui. 
Les plus graves conséquences environnementales du DDT ne proviennent pourtant pas de ses effets toxicologiques, mais des conséquences qu'il a eues sur l'organisation sociale, même s'il n'est qu'un rouage d'une machine complexe qui s'impose après la guerre. On utilise des pesticides non seulement parce qu'il existe des ravageurs et des maladies, mais parce qu'un ensemble des transformations de l'agriculture a rendu les pesticides essentiels. Ces transformations sont intimement intriquées : la mécanisation permet de diminuer le nombre de bras, mais rend nécessaire l'agrandissement des parcelles; le coût des machines nécessite d'augmenter la productivité ; l'amélioration des variétés cultivées est une réponse logique à cette demande, mais, d'une façon générale, ces nouvelles variétés sont plus fragiles et donc plus susceptibles d'être attaquées par une maladie ou un ravageur, qui sont de toute façon favorisés par l'augmentation de la taille des parcelles et la disparition de la diversité paysagère et culturale; mais, comme l'on dispose d'une arme chimique pour combattre les maladies et les insectes,on peut abandonner les anciennes pratiques (comme la rotation des cultures) justement destinées à limiter leur nuisance; l'usage de la chimie a un coût et oblige aussi à assurer une bonne productivité; les transports modernes permettent la spécialisation des régions, mais induit souvent des concurrences déloyales ; l'accroissement considérable de la production nécessite d'inciter à consommer toujours plus, même si cela ne répond à aucune véritable nécessité... Il faut souligner que la dégradation des sols s'accroît considérablement avec ce type d'agriculture. On le voit, c'est donc avant tout un projet d'organisation sociale et globale qui est symbolisé par le DDT et pas seulement une solution technique et rationnelle aux problèmes posés par les maladies et les ravageurs, d'où l'extrême difficulté de sortir de ce schéma, car cela oblige à penser une autre organisation de l'agriculture, basée sur une production diversifiée à destination du marché local. 


Valérie Chansigaud, L’homme et la nature : une histoire mouvementée, Delachaux et Niestlé, Paris, 2013, Chapitre "La globalisation de la menace des pesticides"

lundi 10 août 2015

Une meilleure santé via la nature

Le taux de cortisol (l'hormone du stress) contenu dans la salive et celui de l'adrénaline dans les urines sont aussi moins élevés après une promenade forestière qu'urbaine, selon d'autres études. Randonner dans les bois renforce même nos défenses immunitaires, et ce plusieurs jours après la promenade.
(...)
"En forêt, voire dans un parc, l'organisme reçoit par ses cinq sens des signaux des arbres, du vent, de l'eau, etc. Le cerveau les analyse comme plaisants, parce qu'ils nous renvoient à des choses essentielles relatives à notre survie : boire, se nourrir, s'abriter, etc. (...) La technologie nous a artificiellement détachés de ces besoins primaires : quand on a soif, on tourne le robinet ; quand on a froid, on met le chauffage. Ce retour à la base nous fait du bien : nous en ressentons des émotions positives, de sérénité et de calme, que le cerveau transmet immédiatement au corps par le système neuroendocrinien et le système nerveux autonome. Sous l'effet de ces hormones et de ces neuromédiateurs antistress libérés par l'hypophyse, le corps se sent bien. En retour, il renvoie au cerveau des messages de bien-être et d'apaisement.

Conséquence logique : les espaces naturels diminuent la fréquence d'apparition des maladies. Une étude épidémiologique menée aux Pays-Bas en 2009, auprès de 350 000 personnes, le confirme. Les Néerlandais habitant dans une zone composée à 90% de végétaux sont en meilleure santé que les patients dont le voisinage n'en contient que 10%. Pour preuve, ils consultent moins souvent leur médecin pour des troubles cardio-vasculaires, musculo-squeletiques, neurologiques, digestifs et de l'appareil respiratoire. Ils sont aussi moins souvent atteints de dépression et de troubles anxieux. Une liste encore étoffée l'an dernier grâce à des chercheurs de Leicester, en Angleterre, qui ont montré que le taux de prévalence du diabète de type 2 est inversement proportionnel à la quantité de parcs ou jardins dans le voisinage. D'autres ont pointé un moindre risque d'obésité quand on vit à proximité d'espaces verts. A condition de mettre le nez dehors et de s'activer.
Plus étonnant encore : voir des plantes, même en petite quantité, chez soi ou depuis sa fenêtre, procurerait un bienfait. Le psychologue Roger Ulrich l'a démontré dans un hôpital de Pennsylvanie dès 1984 : les patients qui ont vue sur les arbres plutôt que sur un mur, ou dans la chambre desquels on a placé des végétaux, ont moins mal, consomment moins d'analgésiques et expriment moins d'anxiété et de fatigue. Ils rentrent donc plus tôt chez eux.
A l'inverse, le manque d'exposition à un environnement naturel augmente les risques d'allergies ou d'asthme des citadins. Selon les chercheurs finlandais qui ont analysé le phénomène en 2012, la plus grande résistance des campagnards tient à la richesse du microbiote naturel dans lequel ils évoluent et qui les immunise contre certaines maladies inflammatoires (...)
"la nature stimule l'activité physique, diminue le stress et réduit la pollution de l'air ambiant" résume une équipe de Rotterdam, qui a constaté l'an dernier qu'habiter près d'un parc ou un jardin, en ville, allonge l'espérance de vie et, mieux encore l'espérance de vie en bonne santé.

"Comment la végétation ressource notre corps" in Ça m'intéresse, n°410, Avril 2015, pp. 74-75, Dossier spécial "Comment la nature nous fait du bien"  pp.72-82

samedi 20 juin 2015

La santé passe aussi par le contact avec la nature et un environnement préservé

Un ouvrage indispensable : "Une écologie du bonheur" d'E. Lambin. Extraits :


John Muir, naturaliste et écrivain d'origine écossaise de la fin du XIXe siècle, écrivait ces belles lignes: « Escalade les montagnes et reçois leurs bonnes nouvelles. La paix de la Nature circulera en toi comme les rayons du soleil circulent dans les arbres ; le vent souffle leur fraîcheur en ton sein et les orages leur énergie, alors que les soucis tombent comme les feuilles en automne»
De nombreux autres poètes et artistes ont exprimé les bénéfices de la nature pour le corps, l'esprit et l'âme. Il s'agit de sentiments dont chacun a l'occasion de faire l'expérience au cours de son existence.
Les psychologues se sont intéressés au rôle de l'environnement naturel sur les sentiments, les comportements, les manières de penser, de sentir et d'agit. La vie moderne et son rythme frénétique occasionnent souvent une fatigue de l'attention dirigée, c'est-à-dire l'attention centrée sur des tâches spécifiques, comme le travail par exemple. Les symptômes de cette fatigue sont une difficulté à se concentrer, une tendance à être irritable et une fréquence accrue d'erreurs dans des tâches qui nécessitent de la concentration. Cette diminution des ressources cognitives face aux demandes de la vie quotidienne est une cause importante de stress. De nombreuses études ont démontré qu'un contact avec la nature est une manière très efficace de récupérer face à cette fatigue mentale. Le monde naturel nous aide à nous ressourcer. La plupart des personnes perçoivent les environnements naturels comme plus favorables à cette revitalisation que les environnements urbains. Un contact avec la nature permet aux mécanismes dont dépend l'attention dirigée de se reposer et d'être ainsi restaurés à leur niveau normal.

Autre découverte importante de la psychologie environnementale: les préférences écologiques des individus sont influencées par leurs besoins de lieux de récupération. En d'autres mots, si nous percevons les environnements naturels comme étant plus beaux et plus attractifs que les milieux urbains, c'est en partie parce qu'ils répondent mieux à notre recherche de cadres favorables pour nous recharger en énergie. De multiples expériences en psychologie confirment sans ambiguïté qu'une proximité avec la nature a des effets bénéfiques sur la santé psychique et physique. Par exemple, les résidents de quartiers urbains dont le cadre de vie est délabré et dépourvu de végétation naturelle semblent souffrir plus fréquemment de symptômes de stress chronique et de problèmes de santé, indépendamment de caractéristiques comme l'âge, le milieu social ou les habitudes de vie. En 1984, une étude étonnante a été publiée dans la revue Science par Roger Ulrich, un géographe américain. Il y démontrait que des patients qui avaient subi une opération chirurgicale récupéraient mieux lorsqu'ils occupaient une chambre d'hôpital avec vue sur un paysage naturel plutôt que sur un mur de briques. Les premiers pouvaient quitter l'hôpital en moyenne un jour plus tôt que les seconds, ils avaient besoin de moins d'antidouleurs et leur comportement était évalué de manière plus positive par les infirmières. Depuis, les résultats de cette étude pionnière ont été non seulement confirmés, mais également élargis à d'autres situations, en particulier par l'équipe de Terry Hartig, un psychologue américain de l'université d'Uppsala. La proximité ou même la simple vue de la nature augmente le bien-être sut le lieu de travail. Parmi les personnes qui ont un travail sédentaire, celles qui disposent d'une fenêtre avec une vue sur des arbres, des buissons ou des fleurs expriment une plus grande satisfaction que celles dont la fenêtre donne sur un parking une rue ou d'autres bâtiments. De plus, ces derniers souffrent plus fréquemment de maux de tête. Faite de courtes pauses au travail pour contempler un paysage naturel diminue la fatigue mentale. Des plantes d'intérieur dans un bureau ont également un effet relaxant. Dans une prison du Michigan, aux États-Unis, les prisonniers dont la fenêtre de la cellule donne sur une cour intérieure consultent le service médical avec une fréquence 24 % supérieure à celle des prisonniers dont la fenêtre donne sur un paysage champêtre.
En ce qui concerne le lieu de résidence, la source la plus importante de satisfaction pour Un échantillon d'Américains d'une communauté résidentielle proche de Détroit était la présence de zones boisées accessibles dans les environs immédiats de leur maison. Ce facteur était plus important que la taille du jardin. Le paradoxe est que la création de quartiers périurbains dans des zones de forêts entraîne la destruction de ces dernières, alors qu'elles constituent le facteur d'attraction principal des résidents de ces quartiers.
Des vacances consacrées à la randonnée à pied dans une nature sauvage engendrent à moyen terme (jusqu'à trois semaines après le retour) un plus grand sentiment de bonheur et de meilleures performances lors de tests qui requièrent une grande concentration que dès vacances consacrées à la visite d'amis ou de membres de la famille, Une excursion en voiture dans un environnement non sauvage, un voyage culturel ou des activités relaxantes chez soi. Des activités de jardinage pratiquées fréquemment permettent également de mieux faire face au stress (les médecins parlent même de «thérapie horticole »).
Une image de la nature est moins efficace, mais elle a également un effet apaisant: lorsqu'un des murs de la salle d'attente d'un dentiste est orné d'une représentation d'un paysage naturel ouvert, les patients ont une tension artérielle plus faible et se déclarent moins anxieux au moment de l'intervention. Après avoir subi un examen sur une matière difficile ou avoir visionné le film d'un accident industriel, des étudiants auxquels on a montré des images de paysages naturels récupèrent plus vite sur le plan émotionnel que ceux auxquels des photographies urbaines ont été montrées.
Tous ces résultats proviennent d'expériences rigoureuses menées en psychologie expérimentale et au cours desquelles de nombreux facteurs susceptibles de biaiser les observations ont été contrôlés par des procédures souvent sophistiquées. Ces recherches en psychologie environnementale démontrent que le fait d'être en contact avec la nature ou de la contempler en réalité ou en image a un effet bénéfique sur le bien- être.


Théories explicatives 
En psychologie, trois théories permettent d'expliquer ces observations empiriques.
Selon la première théorie, qui porte sur le rétablissement de l'attention et qui est proposée par Stephen et Rachel Kaplan, deux pionniers américains de la psychologie environnementale, on récupère d'une fatigue due à une attention dirigée grâce à une attention involontaire, qui n'exige aucun effort. Les environnements naturels se prêtent particulièrement a cette réparation, car ils ont plusieurs propriétés favorables ; ils créent une distance psychologique pat rapport aux préoccupations mentales habituelles et éloignent donc de la routine. La montagne, la mer, les forêts offrent ce sentiment d'éloignement. Il s'agit bien d'une transformation ou d'un éloignement conceptuel plutôt que physique. Par leurs qualités esthétiques, les milieux naturels suscitent une «fascination douce» en sollicitant les sens sans effort particulier, grâce à une attention presque involontaire, fondée sur l'intérêt et la curiosité. Lorsque cette attention est engagée, les sollicitations de l'attention volontaire diminuent, ce qui permet de récupérer. Tel est le pouvoir d'un coucher de soleil, des couleurs de l'automne dont une forêt se revêt chaque année ou de la forme toujours changeante des nuages : cela fascine sans pour autant accaparer l'esprit comme le ferait la lecture d'un texte ou la participation à une réunion. Les environnements naturels offrent également un cadre organisé et cohérent, d'une grande ampleur et de portée suffisante pour créer le sentiment qu'il y a toujours plus à découvrir. Ils constituent donc un support idéal pour une exploration continue qui engage l'esprit. C'est le cas par exemple du sentier dont la courbe cache de nouvelles perspectives, ou des ruines et vestiges archéologiques qui nous connectent à des temps anciens et donc à un monde plus large que le cadre quotidien.

Enfin, il y a un degré élevé de compatibilité entre les inclinations des personnes et les caractéristiques de la nature, tant pour ce qu'elle a à offrir, c'est-à-dire les possibilités d'exploration, que par ce qu'elle exige, c'est-à-dire les contraintes associées à cette exploration. Que l'on aborde la nature avec un objectif de locomotion (randonnée à pied, à cheval ou à vélo), de prédateur (chasse ou pêche), de domestication (jardinage), d’observation (des oiseaux, des fleurs…) ou d’aventure, cette diversité d’approches rencontre toujours une des multiples facettes de l’environnement naturel.

Une théorie complémentaire à la première met l’accent sur les changements physiologiques et émotionnels pouvant se produire chez un individu lorsqu’il contemple une scène juste après avoir subi une situation qui impliquait un défi ou une menace. Au début des années 1980, Roger Ulrich (…) a eu l’intuition que la perception de certains contenus et qualités dans une scène aide à récupérer après un stress psychosociologique. (…) Selon cette théorie, la nature humaine serait préparée biologiquement à répondre de manière positive aux éléments de l’environnement  qui signalent des possibilités de survie et de bien-être.

La troisième théorie, (…) affirme que les personnes développent une perception du sens de la vie et de sa finalité à travers l’expérience  de l’appartenance au monde naturel (…) les individus ont un besoin, enraciné dans l’histoire biologique de l’espèce humaine, d’être affiliés et connectés avec le monde naturel. (…) En particulier, la capacité de réfléchir à des problèmes personnels et de les mettre en perspective augmente dans un cadre naturel, ce qui est bénéfique pour le bien-être.


E. Lambin, Une écologie du bonheur, 2009, édition Poche 2014, pp. 45-52

jeudi 18 juin 2015

Le développement des énergies renouvelables

A l’heure de la COP21, des échecs d’Areva dans le nucléaire, du remplacement des centrales nucléaire par les centrales thermiques au charbon en Allemagne, de  la construction de « parcs » solaires (Cestas, Gironde), on entend certes que l’un des chantiers majeurs pour la baisse de la pollution est la meilleure isolation des bâtiments et les économies d’énergie, et l'on assiste également au développement de la production électrique au niveau local, mais jamais au niveau micro-local, c’est-à-dire au niveau de l’immeuble ou de la maison.
On raisonne encore en termes de grandes centrales de production de l’électricité.
Pourtant l’on sait depuis longtemps que les grandes centrales électriques, doivent être associées à de grands réseaux de distribution électrique pour être efficaces, et que cela ne convient pas à tous les pays, notamment les pays pauvres ou en voie de développement qui n'ont pas de réseaux de distribution adaptés.

Une piste qui paraît encore peu développée est celle des éoliennes à axe verticale (à Hambourg ci-dessous)


Les éoliennes de grande hauteur sont bruyantes et polluantes pour la vue. Elles ont leur place dans les zones désertiques (ci-dessous en Espagne), mais ailleurs cela semble problématique.

Le plus grand parc solaire d’Europe a été construit dans une zone naturelle, mais en rasant 260 hectares de forêt ; ce parc est capable d’approvisionner une ville de la taille de Bordeaux.

Les éoliennes à axe verticale sont silencieuses, elles peuvent être disposées sur les toits des bâtiments, elles s’auto-régulent en fonction du vent (leur prise au vent diminuent lorsque le vent augmente pour éviter une trop grande usure).
Elles ont fait leur preuve sur des refuges de montagne, ou même en ville, par exemple dans l’éco-quartier tertiaire du port de Hambourg.




Le problème est économique.
Les grands projets éoliens ou solaires se développent car ils sont une source importante de profit, et cela suffit à attirer les investisseurs des grands groupes.
En revanche, favoriser le développement de centrales et de réseaux locaux suppose par exemple des aides fiscales, des investissements personnels - rentables sur le long terme.

A terme, ce développement local semble pourtant une bonne piste pour développer le "mix énergétique", assurer la transition énergétique, l’indépendance énergétique, la responsabilisation des citoyens sur les économies d’énergie.

Il existe pourtant des associations - telle l'assoc. francophone des climatoptimistes, créée en 2014 par un ancien président de l'AutomobileClub Assoc.- pour combattre même l'idée de développer les énergies renouvelables, appelées par eux énergies intermittentes : "Les énergies renouvelables que sont l’éolien et le solaire ne peuvent constituer une alternative crédible aux hydrocarbures ou au nucléaire, car elles sont éminemment aléatoires. Le terme « renouvelable » est trompeur sinon mensonger et devrait être banni (climat-optimistes.com)"
Même si ce type d'initiatives peut sembler marginale, elles reflètent les opinions des grandes puissances, telles les Etats-Unis, la Chine, La Russie, etc. et des grandes compagnies qui, malgré des campagnes de publicité destinées à redorer leur image, sont les premières concernées.
Dans ce contexte, l'encyclique du pape François Laudato si' publiée aujourd'hui est plutôt une bonne nouvelle.

Jus de fruit = sucre ≠ fruits


Que ce soit les purs jus ou les jus à base de concentré (ABC), même vendus au rayon frais, aucun n’égale la qualité nutritionnelle des jus que l’on presse soi-même. Ainsi les jus produits à partir de  fruits « superaliments » (cranberry par exemple) perdent une bonne partie de leurs qualités du fait de leur passage en « jus ».



« Pur jus » n’a jamais signifié « naturel ». cette mention caractérise un produit qui contient tout le jus des oranges, par opposition aux jus «  à base de concentré », dont l’eau est extraite et remplacée par une eau ne provenant pas du fruit.
Mais, comme le jus ABC, le « pur jus » doit se conserver relativement longtemps : pressé à proximité des cultures d’orangers, ce jus est ensuite transporté par bateau jusqu’en Europe ; là, il est mis en bouteille, avant d’être acheminé vers les différents points de distribution, où il peut attendre plusieurs semaines (voire plusieurs mois) avant d’être vendu.
Pour rester comestible, le jus est pasteurisé, c’est-à-dire chauffé afin de détruire les bactéries, ainsi que les enzymes susceptibles de provoquer sa fermentation. L’inconvénient est que « ce traitement  modifie, à des degrés différents variant selon le temps de chauffage et la température, l’équilibre existant entre les différentes molécules naturelles qui composent le jus d’orange » explique I. Birlouez-Aragon, maître de conférence à l’INRA.
Emblème récurrent du marketing soucieux de prouver l’authenticité et le caractère « naturel » des jus indutriels, la vitamine C, par exemple, est altérée par la pasteurisation. Comme elle continue de se dégrader pendant toute la durée de la conservation, « le jus d’orange ne contient plus, à la date limite d’utilisation optimale, que 70% de la vitamine C de départ », indique la chercheuse de l’INRA (…)
"Et des fibres, il ne reste quasiment rien", souligne la Dre M. Gerber, spécialisée dans l’épidéliologie de la nutrition. Or, primordial pour l’assimilation des sucres et des graisses, ainsi que pour le transit intestinal, l’apport en fibres est l’une des raisons nutritionnelles majeures de consommation des fruits

N. Vergeron, « Jus de fruit : qui a volé l’orange ? », in Alternative santé n°313, juillet-août 2004, pp.40-42.

vendredi 17 avril 2015

Stress et fatigue

Cancer, diabète, maladies cardio-vasculaires sont les maux liés au mode de vie occidental. N’oublions pas non plus le stress, dont une des manifestations est le burn out, syndrome d’épuisement lié au travail. Derrière cette expression de langue anglaise se cache en fait un terme que nous connaissons mieux en français sous le terme de stress professionnel chronique. 
Pour guérir de ce type de maux, il faut être en mesure de combattre les symptômes, et être en plus en mesure de remettre en cause certaines de nos habitudes de vie/travail, durables ou passagères. 
Dans l’article ci-dessous sont présentées quelques solutions naturelles pour combattre les effets du stress et de la fatigue. 

Source : 

Extraits
« Le Pr Hans Selyé, il y a plus de trente ans, a étudié scientifiquement les effets organiques et psychiques du stress. Ses conclusions restent valables à ce jour. Il définit trois paliers successifs dans les effets du stress. En premier, la « phase d'adaptation » : l'individu soumis à des fatigues physiques, psychiques ou intellectuelles cherche à s'adapter. Il dispose d'une certaine réserve énergétique qui lui sert à contrer les effets négatifs engendrés par ses stress de vie. Si les éléments perturbateurs sont éliminés, si la personne arrive à se reposer et retrouve une bonne hygiène de vie, l'organisme récupère et la fatigue s'efface. On est redevenu « sain » et plein d'énergie. Si les stress persistent et que l'on néglige les signaux de fatigue sans rien faire pour récupérer, on entre dans la « phase de résistance ». L'énergie vitale diminue, on se bat avec moins de vigueur contre la fatigue générale. Des troubles organiques vont apparaître, le plus souvent sur les points faibles : troubles digestifs, émotionnels, cardiovasculaires, articulaires, infections répétitives, etc. Des perturbations hormonales s'installent aussi. Il est encore temps de réagir, en éliminant dans la mesure du possible les causes de fatigue et de stress, en se contraignant au repos, en retrouvant, comme dans la première phase, une bonne hygiène de vie et en s'aidant avec des compléments nutritionnels, des vitamines, des oligoéléments, de la phytothérapie, de la gemmothérapie, de l'aromathérapie.
Le recours aux tranquillisants et aux antidépresseurs sera le plus possible évité. Au delà de cette deuxième phase, on entre dans la «phase d'épuisement». On a complètement épuisé  son potentiel de défense, les troubles organiques ne sont plus épisodiques mais chroniques et deviennent graves, l'issue peut être fatale. Dernier élément souligné par le Pr Selyé : la résistance au stress est très variable selon les personnes. Certaines s'adaptent très bien alors que d'autres, pour le même niveau de stress, entrent déjà dans la seconde phase. De toute façon, quel que soit son potentiel, il faut très sérieusement prendre en compte les effets du stress et ne pas les laisser s'installer.

Voici comment lutter naturellement.

Vitamines 
Deux sortes de vitamines s'imposent dans la lutte antifatigue et antistress. Le stress consomme énormément de vitamine C dont on sait qu'elle est par excellence la vitamine antifatigue. Elle est aussi anti infectieuse et combat les troubles circulatoires. Pendant les périodes difficiles, une prise d'au moins un gramme par jour s'impose. Sous forme d'acérola, d'extrait de cynorrhodon ou autre forme naturelle, elle n'est pas excitante et donnera du tonus. On peut l'associer à de l'extrait de cassis, plante qui stimule les défenses immunitaires. L'ensemble des vitamines du groupe B, surtout la B1, possède une action régulatrice et stimulante sur le système nerveux. On les trouve dans la levure de bière, les céréales germées (germe de blé en particulier) et sous forme de complexes vitaminés.

Minéraux et oligoéléments 
Le magnésium, en tant qu'aliment de la cellule nerveuse, réduit les conséquences du stress et tonifie l'organisme. On en trouve dans l'amande et les fruits secs, le soja en grains, les céréales complètes biologiques. Il peut être pris sous forme de complément nutritionnel, à raison de 300 à 400 mg par jour. Une association avec le calcium (en dosage optimal) est également recommandée. Parmi les effets du stress, principalement chez les femmes, on peut noter une accentuation de la rétention d'eau avec possibilité d'oedème ; une supplémentation en potassium s'impose. À prendre en complément nutritionnel sous forme liquide ou en gélules. L'alimentation doit être rechargée en abricots et haricots secs, soja, ou tamari, pêche et banane séchée.
Le sélénium est aussi un bon élément antistress car il agit sur les surrénales et active les défenses organiques. On le trouve dans les céréales complètes, la levure alimentaire, les graines germées, l’oignon et l’ananas.
Le Zinc, enfin, est certainement l’oligoélément le plus consommé par le stress. Aujourd’hui, sa carence chez la plupart des individus impose une prise sous forme de complément nutritionnel. On conseille de l’associer systématiquement à la vitamine B6 car il se crée alors une synergie bénéfique.


Phytothérapie, (…) et aromathérapie 

On pourra (…), selon que l'état de stress se manifeste par de l'excitation ou de l'apathie, utiliser des plantes calmantes ou des plantes toniques

Les plantes apaisantes :

Aubépine (sommités fleuries) : sédative des systèmes nerveux et cardiovasculaire en cas de palpitations, d'anxiété et d'oppression cardiaque.

Houblon (cônes femelles) : calmant, sédatif en cas d'anxiété, d'agitation, d'insomnie.

Basilic (feuilles) : rééquilibrant nerveux, digestif, tranquillisant en cas de fatigue, d'insomnie. Particulièrement efficace sous forme d'huile essentielle car il calme les personnes énervées et tonifie les personnes apathiques.

Mélisse (feuilles) : antispasmodique, apaisante et digestive en cas de troubles liés à la nervosité, la dépression, l'émotivité. La forme huile essentielle est particulièrement recommandée.

Passiflore (feuilles et fleurs) et valériane (racines) : plantes apaisantes et sédatives, particulièrement en cas d'insomnie, d'anxiété, de nervosité et d'émotivité

Tilleul (bractées): contre la nervosité et l'insomnie. Convient aux enfants.

Les plantes tonifiantes :
L'avoine tonifie le système nerveux.

Les racines d'eleuthérocoque et de ginseng, ces plantes dites « adaptogènes», permettent à l'organisme de réguler un grand nombre de fonctions aussi bien dans le sens « hyper » que dans le sens « hypo ». Elles permettent de faire efficacement face au stress

Les feuilles de sauge assurent une tonification hormonale, physique et intellectuelle.

Le thym et le romarin tonifient le système nerveux et l’ensemble de l’organisme (plans physique, psychique, sexuel)

Le figuier {Ficus carica) : tonique général, action régulatrice et calmante sur le système nerveux dans les cas de nervosité, de dépression, stress, d'angoisse, de spasmophilie et d'insomnie.

Le pin sylvestre (pinus sylvestris) : reminéralisant, régénérateur des cartilages, action antiinflammatoire et antidouleur.

Le romarin (Rosinarinusof ficinalis): lutte contre la fatigue et la somnolence. Action euphorisante chez les personnes nerveuses et stressées

Le séquoia (séquoia gigantea) : action tonique et antideprime. Lutte contre la fatigue en général et la fatigue sexuelle en particulier, surtout chez les personnes d'un certain âge. »

Extrait de « Lutter naturellement contre la fatigue et le stress », par C. LIU, in ALTERNATIVE SANTE N°308 FEVRIER 2004