samedi 20 juin 2015

La santé passe aussi par le contact avec la nature et un environnement préservé

Un ouvrage indispensable : "Une écologie du bonheur" d'E. Lambin. Extraits :


John Muir, naturaliste et écrivain d'origine écossaise de la fin du XIXe siècle, écrivait ces belles lignes: « Escalade les montagnes et reçois leurs bonnes nouvelles. La paix de la Nature circulera en toi comme les rayons du soleil circulent dans les arbres ; le vent souffle leur fraîcheur en ton sein et les orages leur énergie, alors que les soucis tombent comme les feuilles en automne»
De nombreux autres poètes et artistes ont exprimé les bénéfices de la nature pour le corps, l'esprit et l'âme. Il s'agit de sentiments dont chacun a l'occasion de faire l'expérience au cours de son existence.
Les psychologues se sont intéressés au rôle de l'environnement naturel sur les sentiments, les comportements, les manières de penser, de sentir et d'agit. La vie moderne et son rythme frénétique occasionnent souvent une fatigue de l'attention dirigée, c'est-à-dire l'attention centrée sur des tâches spécifiques, comme le travail par exemple. Les symptômes de cette fatigue sont une difficulté à se concentrer, une tendance à être irritable et une fréquence accrue d'erreurs dans des tâches qui nécessitent de la concentration. Cette diminution des ressources cognitives face aux demandes de la vie quotidienne est une cause importante de stress. De nombreuses études ont démontré qu'un contact avec la nature est une manière très efficace de récupérer face à cette fatigue mentale. Le monde naturel nous aide à nous ressourcer. La plupart des personnes perçoivent les environnements naturels comme plus favorables à cette revitalisation que les environnements urbains. Un contact avec la nature permet aux mécanismes dont dépend l'attention dirigée de se reposer et d'être ainsi restaurés à leur niveau normal.

Autre découverte importante de la psychologie environnementale: les préférences écologiques des individus sont influencées par leurs besoins de lieux de récupération. En d'autres mots, si nous percevons les environnements naturels comme étant plus beaux et plus attractifs que les milieux urbains, c'est en partie parce qu'ils répondent mieux à notre recherche de cadres favorables pour nous recharger en énergie. De multiples expériences en psychologie confirment sans ambiguïté qu'une proximité avec la nature a des effets bénéfiques sur la santé psychique et physique. Par exemple, les résidents de quartiers urbains dont le cadre de vie est délabré et dépourvu de végétation naturelle semblent souffrir plus fréquemment de symptômes de stress chronique et de problèmes de santé, indépendamment de caractéristiques comme l'âge, le milieu social ou les habitudes de vie. En 1984, une étude étonnante a été publiée dans la revue Science par Roger Ulrich, un géographe américain. Il y démontrait que des patients qui avaient subi une opération chirurgicale récupéraient mieux lorsqu'ils occupaient une chambre d'hôpital avec vue sur un paysage naturel plutôt que sur un mur de briques. Les premiers pouvaient quitter l'hôpital en moyenne un jour plus tôt que les seconds, ils avaient besoin de moins d'antidouleurs et leur comportement était évalué de manière plus positive par les infirmières. Depuis, les résultats de cette étude pionnière ont été non seulement confirmés, mais également élargis à d'autres situations, en particulier par l'équipe de Terry Hartig, un psychologue américain de l'université d'Uppsala. La proximité ou même la simple vue de la nature augmente le bien-être sut le lieu de travail. Parmi les personnes qui ont un travail sédentaire, celles qui disposent d'une fenêtre avec une vue sur des arbres, des buissons ou des fleurs expriment une plus grande satisfaction que celles dont la fenêtre donne sur un parking une rue ou d'autres bâtiments. De plus, ces derniers souffrent plus fréquemment de maux de tête. Faite de courtes pauses au travail pour contempler un paysage naturel diminue la fatigue mentale. Des plantes d'intérieur dans un bureau ont également un effet relaxant. Dans une prison du Michigan, aux États-Unis, les prisonniers dont la fenêtre de la cellule donne sur une cour intérieure consultent le service médical avec une fréquence 24 % supérieure à celle des prisonniers dont la fenêtre donne sur un paysage champêtre.
En ce qui concerne le lieu de résidence, la source la plus importante de satisfaction pour Un échantillon d'Américains d'une communauté résidentielle proche de Détroit était la présence de zones boisées accessibles dans les environs immédiats de leur maison. Ce facteur était plus important que la taille du jardin. Le paradoxe est que la création de quartiers périurbains dans des zones de forêts entraîne la destruction de ces dernières, alors qu'elles constituent le facteur d'attraction principal des résidents de ces quartiers.
Des vacances consacrées à la randonnée à pied dans une nature sauvage engendrent à moyen terme (jusqu'à trois semaines après le retour) un plus grand sentiment de bonheur et de meilleures performances lors de tests qui requièrent une grande concentration que dès vacances consacrées à la visite d'amis ou de membres de la famille, Une excursion en voiture dans un environnement non sauvage, un voyage culturel ou des activités relaxantes chez soi. Des activités de jardinage pratiquées fréquemment permettent également de mieux faire face au stress (les médecins parlent même de «thérapie horticole »).
Une image de la nature est moins efficace, mais elle a également un effet apaisant: lorsqu'un des murs de la salle d'attente d'un dentiste est orné d'une représentation d'un paysage naturel ouvert, les patients ont une tension artérielle plus faible et se déclarent moins anxieux au moment de l'intervention. Après avoir subi un examen sur une matière difficile ou avoir visionné le film d'un accident industriel, des étudiants auxquels on a montré des images de paysages naturels récupèrent plus vite sur le plan émotionnel que ceux auxquels des photographies urbaines ont été montrées.
Tous ces résultats proviennent d'expériences rigoureuses menées en psychologie expérimentale et au cours desquelles de nombreux facteurs susceptibles de biaiser les observations ont été contrôlés par des procédures souvent sophistiquées. Ces recherches en psychologie environnementale démontrent que le fait d'être en contact avec la nature ou de la contempler en réalité ou en image a un effet bénéfique sur le bien- être.


Théories explicatives 
En psychologie, trois théories permettent d'expliquer ces observations empiriques.
Selon la première théorie, qui porte sur le rétablissement de l'attention et qui est proposée par Stephen et Rachel Kaplan, deux pionniers américains de la psychologie environnementale, on récupère d'une fatigue due à une attention dirigée grâce à une attention involontaire, qui n'exige aucun effort. Les environnements naturels se prêtent particulièrement a cette réparation, car ils ont plusieurs propriétés favorables ; ils créent une distance psychologique pat rapport aux préoccupations mentales habituelles et éloignent donc de la routine. La montagne, la mer, les forêts offrent ce sentiment d'éloignement. Il s'agit bien d'une transformation ou d'un éloignement conceptuel plutôt que physique. Par leurs qualités esthétiques, les milieux naturels suscitent une «fascination douce» en sollicitant les sens sans effort particulier, grâce à une attention presque involontaire, fondée sur l'intérêt et la curiosité. Lorsque cette attention est engagée, les sollicitations de l'attention volontaire diminuent, ce qui permet de récupérer. Tel est le pouvoir d'un coucher de soleil, des couleurs de l'automne dont une forêt se revêt chaque année ou de la forme toujours changeante des nuages : cela fascine sans pour autant accaparer l'esprit comme le ferait la lecture d'un texte ou la participation à une réunion. Les environnements naturels offrent également un cadre organisé et cohérent, d'une grande ampleur et de portée suffisante pour créer le sentiment qu'il y a toujours plus à découvrir. Ils constituent donc un support idéal pour une exploration continue qui engage l'esprit. C'est le cas par exemple du sentier dont la courbe cache de nouvelles perspectives, ou des ruines et vestiges archéologiques qui nous connectent à des temps anciens et donc à un monde plus large que le cadre quotidien.

Enfin, il y a un degré élevé de compatibilité entre les inclinations des personnes et les caractéristiques de la nature, tant pour ce qu'elle a à offrir, c'est-à-dire les possibilités d'exploration, que par ce qu'elle exige, c'est-à-dire les contraintes associées à cette exploration. Que l'on aborde la nature avec un objectif de locomotion (randonnée à pied, à cheval ou à vélo), de prédateur (chasse ou pêche), de domestication (jardinage), d’observation (des oiseaux, des fleurs…) ou d’aventure, cette diversité d’approches rencontre toujours une des multiples facettes de l’environnement naturel.

Une théorie complémentaire à la première met l’accent sur les changements physiologiques et émotionnels pouvant se produire chez un individu lorsqu’il contemple une scène juste après avoir subi une situation qui impliquait un défi ou une menace. Au début des années 1980, Roger Ulrich (…) a eu l’intuition que la perception de certains contenus et qualités dans une scène aide à récupérer après un stress psychosociologique. (…) Selon cette théorie, la nature humaine serait préparée biologiquement à répondre de manière positive aux éléments de l’environnement  qui signalent des possibilités de survie et de bien-être.

La troisième théorie, (…) affirme que les personnes développent une perception du sens de la vie et de sa finalité à travers l’expérience  de l’appartenance au monde naturel (…) les individus ont un besoin, enraciné dans l’histoire biologique de l’espèce humaine, d’être affiliés et connectés avec le monde naturel. (…) En particulier, la capacité de réfléchir à des problèmes personnels et de les mettre en perspective augmente dans un cadre naturel, ce qui est bénéfique pour le bien-être.


E. Lambin, Une écologie du bonheur, 2009, édition Poche 2014, pp. 45-52

jeudi 18 juin 2015

Le développement des énergies renouvelables

A l’heure de la COP21, des échecs d’Areva dans le nucléaire, du remplacement des centrales nucléaire par les centrales thermiques au charbon en Allemagne, de  la construction de « parcs » solaires (Cestas, Gironde), on entend certes que l’un des chantiers majeurs pour la baisse de la pollution est la meilleure isolation des bâtiments et les économies d’énergie, et l'on assiste également au développement de la production électrique au niveau local, mais jamais au niveau micro-local, c’est-à-dire au niveau de l’immeuble ou de la maison.
On raisonne encore en termes de grandes centrales de production de l’électricité.
Pourtant l’on sait depuis longtemps que les grandes centrales électriques, doivent être associées à de grands réseaux de distribution électrique pour être efficaces, et que cela ne convient pas à tous les pays, notamment les pays pauvres ou en voie de développement qui n'ont pas de réseaux de distribution adaptés.

Une piste qui paraît encore peu développée est celle des éoliennes à axe verticale (à Hambourg ci-dessous)


Les éoliennes de grande hauteur sont bruyantes et polluantes pour la vue. Elles ont leur place dans les zones désertiques (ci-dessous en Espagne), mais ailleurs cela semble problématique.

Le plus grand parc solaire d’Europe a été construit dans une zone naturelle, mais en rasant 260 hectares de forêt ; ce parc est capable d’approvisionner une ville de la taille de Bordeaux.

Les éoliennes à axe verticale sont silencieuses, elles peuvent être disposées sur les toits des bâtiments, elles s’auto-régulent en fonction du vent (leur prise au vent diminuent lorsque le vent augmente pour éviter une trop grande usure).
Elles ont fait leur preuve sur des refuges de montagne, ou même en ville, par exemple dans l’éco-quartier tertiaire du port de Hambourg.




Le problème est économique.
Les grands projets éoliens ou solaires se développent car ils sont une source importante de profit, et cela suffit à attirer les investisseurs des grands groupes.
En revanche, favoriser le développement de centrales et de réseaux locaux suppose par exemple des aides fiscales, des investissements personnels - rentables sur le long terme.

A terme, ce développement local semble pourtant une bonne piste pour développer le "mix énergétique", assurer la transition énergétique, l’indépendance énergétique, la responsabilisation des citoyens sur les économies d’énergie.

Il existe pourtant des associations - telle l'assoc. francophone des climatoptimistes, créée en 2014 par un ancien président de l'AutomobileClub Assoc.- pour combattre même l'idée de développer les énergies renouvelables, appelées par eux énergies intermittentes : "Les énergies renouvelables que sont l’éolien et le solaire ne peuvent constituer une alternative crédible aux hydrocarbures ou au nucléaire, car elles sont éminemment aléatoires. Le terme « renouvelable » est trompeur sinon mensonger et devrait être banni (climat-optimistes.com)"
Même si ce type d'initiatives peut sembler marginale, elles reflètent les opinions des grandes puissances, telles les Etats-Unis, la Chine, La Russie, etc. et des grandes compagnies qui, malgré des campagnes de publicité destinées à redorer leur image, sont les premières concernées.
Dans ce contexte, l'encyclique du pape François Laudato si' publiée aujourd'hui est plutôt une bonne nouvelle.

Jus de fruit = sucre ≠ fruits


Que ce soit les purs jus ou les jus à base de concentré (ABC), même vendus au rayon frais, aucun n’égale la qualité nutritionnelle des jus que l’on presse soi-même. Ainsi les jus produits à partir de  fruits « superaliments » (cranberry par exemple) perdent une bonne partie de leurs qualités du fait de leur passage en « jus ».



« Pur jus » n’a jamais signifié « naturel ». cette mention caractérise un produit qui contient tout le jus des oranges, par opposition aux jus «  à base de concentré », dont l’eau est extraite et remplacée par une eau ne provenant pas du fruit.
Mais, comme le jus ABC, le « pur jus » doit se conserver relativement longtemps : pressé à proximité des cultures d’orangers, ce jus est ensuite transporté par bateau jusqu’en Europe ; là, il est mis en bouteille, avant d’être acheminé vers les différents points de distribution, où il peut attendre plusieurs semaines (voire plusieurs mois) avant d’être vendu.
Pour rester comestible, le jus est pasteurisé, c’est-à-dire chauffé afin de détruire les bactéries, ainsi que les enzymes susceptibles de provoquer sa fermentation. L’inconvénient est que « ce traitement  modifie, à des degrés différents variant selon le temps de chauffage et la température, l’équilibre existant entre les différentes molécules naturelles qui composent le jus d’orange » explique I. Birlouez-Aragon, maître de conférence à l’INRA.
Emblème récurrent du marketing soucieux de prouver l’authenticité et le caractère « naturel » des jus indutriels, la vitamine C, par exemple, est altérée par la pasteurisation. Comme elle continue de se dégrader pendant toute la durée de la conservation, « le jus d’orange ne contient plus, à la date limite d’utilisation optimale, que 70% de la vitamine C de départ », indique la chercheuse de l’INRA (…)
"Et des fibres, il ne reste quasiment rien", souligne la Dre M. Gerber, spécialisée dans l’épidéliologie de la nutrition. Or, primordial pour l’assimilation des sucres et des graisses, ainsi que pour le transit intestinal, l’apport en fibres est l’une des raisons nutritionnelles majeures de consommation des fruits

N. Vergeron, « Jus de fruit : qui a volé l’orange ? », in Alternative santé n°313, juillet-août 2004, pp.40-42.