jeudi 1 mai 2014

Pour une journée sans pétrole ?

Alors qu'une partie de la France a vécu il y a quelques semaines dans un nuage de pollution de particules fines, on peut s'interroger sur l'idée de mettre en oeuvre une "journée sans pétrole". Une mise en oeuvre qui - à l'inverse des conséquences de la crise d'octobre 2010 dans les raffineries Total qui a entraîné le ruée des automobilistes vers les stations services créant à certains endroits une pénurie d'essence - se voudrait volontaire, militante, pédagogique, visant à montrer que des alternatives sont possibles. 
Source : http://www.automobile-propre.com/2014/03/15/pollution-circulation-alternee-lundi/
D'ailleurs l'ADEME, Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie, dans sa Contribution à l'élaboration de visions énergétiques 2030-2050 - rapport publié en 2012 - prévoit un scénario possible de baisse massive de la consommation du pétrole en France sur cette période.

Lorsqu'on parle de journée sans pétrole, il est nécessaire au préalable d'en préciser les contours.

Qu'entends-t-on par pétrole ? Pensons-nous au carburant, ou bien à tous les produits dérivés du pétrole ?
Quel but souhaitons-nous mettre en avant ? S'il s'agit de réduire la pollution, alors d'autres sources d'énergie pourraient entrer dans cette journée : le charbon et le gaz par exemple, sans parler des centrales nucléaires, potentiellement polluantes à très long terme (Tchernobyl, Fukushima).
Si nous pensons à réduire notre dépendance économique au pétrole, alors pensons-nous à favoriser les produits de substitution, parfois plus polluants (par exemple le carburant issu du charbon), ou dont l'usage pose de graves problèmes d'éthique (les agro-carburants) ?
Souhaitons-nous simplement sensibiliser aux économies d'énergie, au développement des énergies renouvelables : le solaire, l'éolien ?

Pensons-nous uniquement au problème bien particulier des carburants ? 
Dans ce cas il faudrait mettre en avant le fait que nous vivons dans un système économique mondialisé qui, du fait de la faiblesse du coût des transports, utilise les différences de coûts de production entre les différentes zones géographiques du globe pour obtenir les produits les moins chers, et les profits les plus élevés : pensons par exemple que certains produits agro-alimentaires sont moins chers importés du bout du monde que produits directement en France. Sans oublier l'usage de l'automobile par les particuliers, majoritairement dû aux déplacements domicile-travail.
En somme, l'idée de mettre en oeuvre une journée sans pétrole pose un certain nombre de questions.

Le pétrole est partout dans notre vie quotidienne.
Sous forme de carburant, il est la source d'énergie de la plupart des transports modernes (voitures, camions, bus, deux-roues, avions, bateaux).
Sous forme de plastique, il sert à la conception de nombreux objets, et à l'emballage.
Il sert aussi à fabriquer le bitume des routes, 
Il entre dans la composition de nombreux produits cosmétiques et autres produits servant à l'hygiène et la santé, de vêtements, de produits de nettoyage, les peintures et les encres, les intrants (engrais, pesticides) pour l'agriculture.
Le pétrole est partout.
Source : http://www.manicore.com/documentation/petrole/usage_petrole.html

Mettre en oeuvre aujourd'hui une journée sans utiliser aucun produit de ces dérivés du pétrole relève presque de l'utopie, ou de l'expérience "survivaliste".

En somme, la "journée sans pétrole" pourrait être une journée visant à aborder tous les aspects sur lesquels nous pourrions agir afin de réduire le plus possible notre dépendance au pétrole, lorsque cela est possible.

Pour les particuliers, de nombreux guides existent sur les éco-gestes, dont voici un exemple ici.
La journée sans pétrole pourrait être associée à une journée vélo, transports en commun, ou co-voiturage, développement des AMAP (agriculture locale donc moins consommatrice de carburant)

Un des bénéfices du développement de l'Internet et des réseaux sociaux est la possibilité de mettre en relation très facilement et très rapidement des individus et groupes qui ne se connaissent pas forcément ou qui n'ont a priori aucune raison de se rencontrer. Il pourrait ainsi être possible de développer via les réseaux sociaux la mutualisation des véhicules pour aller travailler, faire des courses…

Parmi d'autres idées à mettre en oeuvre pour cette journée, réduire la pollution aux particules fines, dangereuses pour la santé, pourrait viser à l'abandon des moteurs diesel, le développement des techniques de filtrage dans les centrales thermiques.

Même si la réduction de la dépendance au pétrole relève d'une politique à long terme allant dans le sens du développement de nouvelles techniques, il serait parfaitement possible de sensibiliser la population dans la cadre d'une journée sans pétrole.

On pourrait même aller plus loin, le problème du pétrole n'étant qu'un aspect du problème énergétique.
Comment consommer moins d'énergie électrique, de gaz, comment remplacer les énergies polluantes par des énergies renouvelables ?
La tache est immense, pourtant les idées ne manquent pas, et les raisons d'aller de l'avant non plus : pollution, santé, indépendance/autonomie énergétique, épuisement des ressources.

Le changement de paradigme énergétique peut se préparer dès maintenant. La question a poser pourrait-être celle-ci : comment passer d'une société gaspilleuse d'une énergie non renouvelable et polluante, vers une société responsable, économe en énergie renouvelable ?

D'après les travaux des économistes, l'incitation financière serait le levier le plus efficace au changement de notre mode de consommation énergétique. Le "signal-prix" pourrait inciter à faire baisser la consommation de produits polluants vers des produits économes en énergie.


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