Dans son numéro de décembre 2012, le magazine ça m'intéresse a publié un article sur un aspect méconnu de l'agroalimentaire, celui des semences - à la base de toute la production agricole végétale - dont l'un des plus important producteur est le célèbre américain Monsanto, connu pour ses OGM.
La polémique actuelle touche surtout les producteurs céréaliers et sur le fait que les agriculteurs n'ont pas le droit de ressemer leur propre récolte d'une année sur l'autre - ou d'échanger ces graines avec d'autres agriculteurs - en vertu du fait que les graines sont brevetées, comme protégées par un droit d'auteur.
La polémique porte aussi sur le fait que vous n'avez pas le droit de commercialiser de très nombreuses espèces de graines issues de la biodiversité.
La polémique est donc double : elle porte sur la "brevetisation" des graines et donc sur le fait de donner des royalties à quelques multinationales pour avoir le droit de les utiliser. Et elle porte sur le droit de faire le commerce de semences, fruits de la biodiversité (mais non inscrites au catalogue officiel des graines).
Pour aller plus loin, il faut préciser que :
1. On distingue généralement les graines créées par les multinationales pour répondre aux contraintes de la grande production (résistance, aspect…) et protégées par des brevets, des graines issues de la biodiversité (dites "anciennes"), et des graines issues de la tradition agricole, et qui sont du domaine public.
2. En France, vous ne pouvez faire le commerce de produits qu'issues de graines recensées sur l'un des catalogues national de graines, dont le premier fut créé en 1932. On distingue généralement le Catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées (créé en 1932) du Catalogue officiel français des espèces et variétés potagères (créé en 1994).
L'entrée sur le 1er catalogue coûte assez cher (6000 euros pour les céréales), et l'entrée est soumise à conditions (test DHS et VAT). En effet, pour être inscrite au catalogue officiel français, une nouvelle variété doit être :
Distincte, et bien différente des variétés déjà existantes, avoir une dénomination ;
Homogène, les plantes de la variété sont semblables entre elles ;
Stable, la variété est conforme à sa carte d'identité au cours des années.
Pour les plantes de grandes cultures, il existe aussi des tests de VAT destinés à mesurer les progrès apportés par la variété sur sa Valeur Agronomique ou Technologique par rapport aux variétés actuellement cultivées. Autrement dit elles doivent prouver qu'elles apportent un progrès technologique ou agronomique pour entrer au catalogue.
Le problème des graines "anciennes" est que leur base génétique est très large - elles sont le fruit de nombreux croisements - et elles ne sont donc pas définitivement fixées dans le temps. Elles ne peuvent donc pas entrer au catalogue.
3. Aujourd'hui la majeure partie des cultures repose sur l'utilisation de graines "brevetées" (le COV certificat d'obtention végétale) par des semenciers, tel Monsanto : l'agriculteur qui les achète paye une forme de royalty inclut dans le prix, et qui revient au semencier. Ces graines correspondent à des espèces de plantes qui répondent aux contraintes de la production mondialisée et à la grande distribution : elles poussent vite, sont plus résistantes au transport et à la manipulation dans les supermarchés…Ce sont ces espèces qui sont cultivées par 99% des agriculteurs.
4. Vous avez le droit de cultiver les graines du Catalogue officiel français des espèces et variétés potagères ou même des graines hors des catalogues nationaux (sauf les espèces nuisibles), mais vous n'avez pas le droit de commercialiser ni d'en vendre le produit : en résumé vous ne pouvez les cultiver que pour votre propre consommation ou pour le plaisir d'entretenir la biodiversité.
Mais au-delà de la polémique, qui est assez circonscrites, il faut ajouter que :
- Les espèces hybrides créées par les multinationales des semences sont pour la plupart dégénérescentes à la 2ème génération, d'où la nécessité de renouveler les espèces très régulièrement, et donc de payer sans arrêts pour avoir de nouvelles espèces. L'homme démiurge du vivant à des fins économiques
- Ces espèces ont une vitesse de croissance telle que l'eau et les nutriments naturels du sol ne suffisent pas : ce sont des espèces qui nécessitent engrais et irrigation
- Ces espèces recèlent moins de protéines, sucres lents, vitamines, huiles et huiles essentielles, et ont moins de saveurs.
En somme, c'est l'ensemble du système agricole qui est en cause : du fait d'un commerce mondialisé des produits agricoles, et de la nécessité de produire des espèces résistantes au transport et à la manipulation, on crée des espèces moins nourrissantes en vitamines, substances bio-actives, etc. et dont la culture est écologiquement coûteuse (engrais, irrigations).
A l'opposé, les espèces "anciennes" sont plus nourrissantes, mais moins propres au commerce mondialisé.
La polémique actuelle touche surtout les producteurs céréaliers et sur le fait que les agriculteurs n'ont pas le droit de ressemer leur propre récolte d'une année sur l'autre - ou d'échanger ces graines avec d'autres agriculteurs - en vertu du fait que les graines sont brevetées, comme protégées par un droit d'auteur.
La polémique porte aussi sur le fait que vous n'avez pas le droit de commercialiser de très nombreuses espèces de graines issues de la biodiversité.
La polémique est donc double : elle porte sur la "brevetisation" des graines et donc sur le fait de donner des royalties à quelques multinationales pour avoir le droit de les utiliser. Et elle porte sur le droit de faire le commerce de semences, fruits de la biodiversité (mais non inscrites au catalogue officiel des graines).
Source : http://www.boostmykarma.com/app/webroot/wp/quand-les-graines-de-jardiniers-echangent-le-fruit-de-leur-travail/ |
Pour aller plus loin, il faut préciser que :
1. On distingue généralement les graines créées par les multinationales pour répondre aux contraintes de la grande production (résistance, aspect…) et protégées par des brevets, des graines issues de la biodiversité (dites "anciennes"), et des graines issues de la tradition agricole, et qui sont du domaine public.
2. En France, vous ne pouvez faire le commerce de produits qu'issues de graines recensées sur l'un des catalogues national de graines, dont le premier fut créé en 1932. On distingue généralement le Catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées (créé en 1932) du Catalogue officiel français des espèces et variétés potagères (créé en 1994).
L'entrée sur le 1er catalogue coûte assez cher (6000 euros pour les céréales), et l'entrée est soumise à conditions (test DHS et VAT). En effet, pour être inscrite au catalogue officiel français, une nouvelle variété doit être :
Distincte, et bien différente des variétés déjà existantes, avoir une dénomination ;
Homogène, les plantes de la variété sont semblables entre elles ;
Stable, la variété est conforme à sa carte d'identité au cours des années.
Pour les plantes de grandes cultures, il existe aussi des tests de VAT destinés à mesurer les progrès apportés par la variété sur sa Valeur Agronomique ou Technologique par rapport aux variétés actuellement cultivées. Autrement dit elles doivent prouver qu'elles apportent un progrès technologique ou agronomique pour entrer au catalogue.
Le problème des graines "anciennes" est que leur base génétique est très large - elles sont le fruit de nombreux croisements - et elles ne sont donc pas définitivement fixées dans le temps. Elles ne peuvent donc pas entrer au catalogue.
3. Aujourd'hui la majeure partie des cultures repose sur l'utilisation de graines "brevetées" (le COV certificat d'obtention végétale) par des semenciers, tel Monsanto : l'agriculteur qui les achète paye une forme de royalty inclut dans le prix, et qui revient au semencier. Ces graines correspondent à des espèces de plantes qui répondent aux contraintes de la production mondialisée et à la grande distribution : elles poussent vite, sont plus résistantes au transport et à la manipulation dans les supermarchés…Ce sont ces espèces qui sont cultivées par 99% des agriculteurs.
Source : http://www.tripalbum.net/chiapas/graines/ |
Mais au-delà de la polémique, qui est assez circonscrites, il faut ajouter que :
- Les espèces hybrides créées par les multinationales des semences sont pour la plupart dégénérescentes à la 2ème génération, d'où la nécessité de renouveler les espèces très régulièrement, et donc de payer sans arrêts pour avoir de nouvelles espèces. L'homme démiurge du vivant à des fins économiques
- Ces espèces ont une vitesse de croissance telle que l'eau et les nutriments naturels du sol ne suffisent pas : ce sont des espèces qui nécessitent engrais et irrigation
- Ces espèces recèlent moins de protéines, sucres lents, vitamines, huiles et huiles essentielles, et ont moins de saveurs.
En somme, c'est l'ensemble du système agricole qui est en cause : du fait d'un commerce mondialisé des produits agricoles, et de la nécessité de produire des espèces résistantes au transport et à la manipulation, on crée des espèces moins nourrissantes en vitamines, substances bio-actives, etc. et dont la culture est écologiquement coûteuse (engrais, irrigations).
A l'opposé, les espèces "anciennes" sont plus nourrissantes, mais moins propres au commerce mondialisé.
Ainsi, la conjonction des intérêts financiers privés et des législations nationales voire européennes contribue à : l’appauvrissement de la biodiversité, à la baisse de la qualité nutritionnelle et gustative des aliments.
Ce qui se passe pour les graines est d’ailleurs en train de se passer pour l’eau. Les grands groupes agro-alimentaires (notamment le premier d’entre eux) s’approprient peu à peu les sources d’eau de la planète. Dans certains pays pauvres, face à la démission de la puissance publique, il est nécessaire d’acheter son eau potable au prix fort à des compagnies privées, en raison de l’absence de réseau de distribution sain, ou de l’appropriation des sources par les industriels.
Les bases du monde Vivant (les graines, l’eau…) sont appropriées par des compagnies privées. Leur logique étant financière (faire des bénéfices), on peut craindre que l’équilibre naturel, les ressources de la planète, la biodiversité soient mis en danger, sans parler des enjeux pour les populations.
Dans le monde futur, ne pourra t-on plus boire boire d’eau sans avoir à acheter de l’eau enrichie ou « brevetée », sans enrichir une multinationale quelconque, ne pourras-t-on plus faire pousser de plantes sans avoir à payer des royalties directes ou indirectes ? Celui qui s’aventurera à passer outre finira-t-il en prison ?
Curieux monde ! où les bases mêmes de la Vie (faire pousser des plantes, boire de l’eau) échappent aux individus pour passer entre les mains d’intérêts financiers ou d’interdictions publiques…
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