samedi 17 décembre 2011

Des gestes simples pour obtenir des produits moins chers et de meilleure qualité

L'un des grands arguments des défendeurs de l'agriculture intensive - contre l'agriculture bio - c'est que l'agriculture intensive permet d'accroître les rendements, et que face à l'accroissement de la population sur Terre, il n'y a pas d'autres solution que de continuer à utiliser de grands quantités de pesticides et fertilisants bref, d' "intrants" d'origine industrielle chimique.
L'ONU prévoit en effet 9 milliards d'habitants sur la Terre d'ici 2050, voire 2043.

Les inquiétudes relatives à l'alimentation de la population mondiale ne datent pas d'hier. Cependant elles ont resurgi depuis 2008 à cause des effets de la "crise alimentaire" qui a menacé de famine plusieurs pays, et qui a fait augmenter le coût d'achat des produits alimentaires dans des pays jusque-là épargnés par ce genre d'incidents grâce à leur production nationale.

On sait que les produits alimentaires font l'objet d'une spéculation boursière qui contribue à l'augmentation des prix. Mais ce qui entraîne la rareté des céréales  en cas de météo  capricieuse (sécheresse par exemple), c'est qu'une bonne partie de la nourriture produite par l'agriculture n'est pas destinée aux hommes : elle est destinée en premier lieu aux animaux d'élevage, et aux agrocarburants.

Ainsi, plus de la moitié des terres cultivables d'Argentine est consacrée à la production de soja (transgénique) à destination de l'élevage, soit 161 500 km2 , soit l'équivalent de 30% du territoire français.

Par ailleurs, les pays occidentaux gaspillent d'énormes quantités de nourritures chaque année.
D'après le Parlement européen, 50% des aliments encore sains seraient gaspillés en Europe par les ménages et les supermarchés.
Chaque Français jetterait en moyenne 20 kg d'aliments par an, dont 7 kg d'aliments encore emballés. Cela équivaut à jeter 40% de la quantité de pain consommé chaque année par chaque Français.
Plus clairement encore, cela représente 1,3 millions de tonnes par an, auxquelles il faut ajouter 2,3 millions de tonnes générées par les professionnels (1) (agroalimentaire, restauration), soit un total de 4,6 millions de tonnes, c'est comme si l'on jetait l'équivalent de toute la production de viande de porc et de viande bovine française sur un an !

Un autre monde est possible, un monde où l'on cesserait de produire des aliments pollués aux engrais chimiques et aux pesticides, un monde où le prix des aliments serait moins élevé.
Les gestes sont simples : acheter bio pour créer une dynamique en faveur de ce type d'agriculture, réduire nos déchets, réduire notre consommation de viande pour réduire le nombre d'animaux à nourrir destinés à l'abattoir.

(1) Dossier "Manger bien, manger durable", publié dans Directmatin du vendredi 16 décembre 2011. Interview de Lydie Ougier de l'ADEME

David Servan-Schreiber. La terre et le corps humain comme réseaux.

Il y a une vingtaine d'années, à l'époque où j'étais chercheur en neurosciences, j'ai beaucoup étudié les structures neuronales. J'étais frappé par le fait que le fascinant et vaste réseau de connexions qu'on appelle le cerveau est composé de cellules qui, prises, individuellement, ne sont ni très "intelligentes", ni très "compétentes". Mais dès qu'elles interagissent entre elles, elles donnent naissance aux facultés mentales les plus brillantes, comme la perception, l'intelligence, la créativité, la mémoire, etc. ces phénomènes, que nous qualifions d'"émergents", parce qu'ils dépassent infiniment les capacités des entités dont ils sont issus, sont en réalité le fruit des actions et rétroactions qui ont constamment cours entre tous les neurones.
J'ai compris plus tard que le corps tout entier fonctionne aussi sur ce modèle de réseau : le foie interagit à chaque instant avec les reins, qui interagissent avec la tension artérielle, avec la qualité du sang, la production d'urine, les cocktails d'hormones, etc. Tout comme les systèmes de neurones, l'organisme produit lui aussi des propriétés émergentes. Et, comme pour le cerveau, ces propriétés constituent une sorte d'"intelligence", cette "intelligence du corps", que nous sommes plus habitués à désigner sous le nom de "santé".
Qu'est-ce d'autre la santé, en effet, que la résultante d'un fonctionnement harmonieux et équilibré de tous les systèmes qui constituent l'organisme ? Quand ce fonctionnement se détraque, il ne sert à rien de s'acharner sur l'organe qui a l'air de flancher, le foie, le sang, le coeur, etc. Il faut chercher à restaurer l'équilibre de l'ensemble.
Toute la sagesse des médecines ancestrales, qu'il s'agisse de l'ayurveda, de la médecine chinoise ou de la tibétaine, est d'avoir compris que soigner, c'est rétablir l'équilibre au sein du corps et non pas se focaliser sur tel "problème" particulier. c'est cette vision qu'on appelle "holistique"
(...)
Je suis très heureux de voir que les médecins auxquels j'ai le plus affaire en ce moment, les cancérologues, commencent à s'ouvrir à une vision plus systémique de leur métier. ils ont cessé de se focaliser exclusivement sur "la tumeur". ils intègrent progressivement la notion plus riche de "terrain" et s'intéressent maintenant à la nutrition, à l'activité physique, à la dimension psychologique... Cette attitude n'a rien de mystique, ni d'ésotérique, elle est tout simplement "holisique"
(...)
Source : http://www.echecsetmaths.com

A un niveau plus général, je suis persuadé que la médecine a atteint la limite d'un modèle fondé sur la recherche du "médicament miracle". Il existe quelques maladies que nous pouvons soigner très bien avec un seul médicament : l'insuline , par exemple, pour le diabète. Un traitement formidable qu'il ne faut certainement pas jeter aux orties. Mais on ne voit pas comment  on pourra trouver "le" médicament qui résoudra des problèmes de plus en plus systémiques, comme l'obésité, le cancer ou l'hypertension artérielle. On peut espérer réduire la tension artérielle grâce au médicament, on ne soignera pas le problème de fond de cette façon. On ne pourra pas trouver "la" molécule contre la maladie des artères coronaires, car cette affection touche l'ensemble des artères: aucun médicament ne peut les "nettoyer" toutes. En revanche, la preuve a été apportée que trente minutes de vélo d'appartement, cinq fois par semaine, étaient plus efficace à cet égard que la pose d'un stent !
En réalité, les deux types d'approches sont utiles et - c'est là toute ma conviction - parfaitement complémentaires. Un patient qui fait un infractus, on ne le met pas sur un vélo. On lui pose un stent sur-le-champ, et on lui sauve la vie. Mais dans les mois et les années qui suivent la crise cardiaque, il vaut mieux qu'il fasse du vélo, sinon le stent se bouchera à nouveau !
Le principal obstacle au développement de cette médecine intégrée, c'est qu'elle n'offre aucune occasion de gagner beaucoup d'argent. Quand un laboratoire pharmaceutique découvre un médicament ou met au point le stent, c'est le jackpot : le brevet va rapporter des sommes fabuleuses. Mais si on découvrait qu'en se massant un certain point d'acupuncture on pouvait réduire de 30% le besoin d'anti-inflammatoire, ce principe ne serait pas brevetable ni ne pourrait alimenter une industrie.
(...)
A travers la santé, on s'aperçoit qu'on touche de plus en plus à toute une série de questions brûlantes qui constituent le problème de fond de notre époque. Il a été très bien résumé par mon ami Michael Lerner : "On ne peut pas vivre en bonne santé sur une planète malade." C'est là où la santé rejoint l'écologie globale.
(...)
De plus en plus d'agriculteurs se rendent compte qu'ils doivent passer au bio, pas seulement pour le bien de leur terre, ou de leur propre santé, mais également pour des raisons économiques, le bio permettant d'augmenter un peu les revenus de leur travail. Il est grand temps. Pensons par exemple à la vigne. Savez-vous que le vin contient mille fois la dose de pesticide tolérée dans l'eau potable, histoire de lutter contre le phylloxéra? C'est peut-être une logique industrielle compréhensible, mais sur le plan de la santé publique, c'est tout simplement démentiel. Or on a des solutions: le vin bio existe, et je parie que les amateurs de vin ne supporteront pas longtemps  d'absorber un bouillon de pesticide sous prétexte de boire un bon cru.
(...)
S'il n'y a qu'un exemple à rappeler, c'est celui des pesticides et des fertilisants. leur usage massif entraîne la destruction des sols et la contamination de notre nourriture. Puis, quand ils sont lessivés par les pluies, ils polluent les rivières et la mer, induisant des phénomènes dangereux comme la prolifération des algues vertes et le changement de sexe de certains amphibiens et poissons. En se retrouvant dans nos assiettes, ils contribuent à l'augmentation dramatique des cancers.

L'écologie nous apprend que toute forme de vie est l'expression d'échanges au sein d'un réseau. La terre elle-même ne fonctionne que comme un réseau où tout interagit avec presque tout en permanence. Là aussi, ces interactions génèrent des propriétés émergentes qui constituent l' "intelligence de la terre". C'est cette intelligence que nous sabordons  quand nous sabordons délibérément les équilibres naturels. Heureusement, nous en avons pris conscience, et la compréhension des mécanismes de réseau est à mes yeux le progrès majeur des trente ou quarante dernières années.
Une commission de l'INSERM l'a reconnu : la responsabilité de facteurs environnementaux est considérable dans l'épidémie de cancers actuelle. Ces facteurs vont de la pollution atmosphérique aux radiations, en passant par la gamme infinie des molécules chimiques présentes partout autour de nous. C'est à la racine du problème qu'il faudrait s'attaquer : mettre fin à l'empoisonnement de l'environnement et réformer l'industrie agroalimentaire. Au lieu de quoi 97% de notre effort de recherche est tourné vers les méthodes de soin et de détection. Je suis de ceux qui pensent que notre santé est intrinsèquement liée à celle de notre environnement. Guérissons notre planète pour nous guérir.

David Servan-Schreiber, On peut se dire au revoir plusieurs fois, Robert Laffont, 2011, p. 139-149

vendredi 11 novembre 2011

Le Temps de l'Avidité

Killing Joke, "Age of Greed" extrait de Extremities, Dirt & Various Repressed Emotions

Paroles (Anglais- en Français après)

Ten percent of the land
Is the hand that pulls the strings
Be the privileged few (to have to own to hold)
Power over the people yes yes
Power over people
Be the privileged few to have to own to hold

Money property assets before lives
Green gestures of a dying planet
An endless debate only too late
An appetite for glutony

The only way is up the only way is up
But when you are up you have to try and stay there
So you stamp and cheat on people
Champagne breakfats (rewards for the killing)
And a fat waist bulging
Indulging, with what you call good living

But most of all there is too much fat on your heart - pig
A lifestyle of cholesterol
Cross collateralized cholesterol
Saving what's left from profit margin
For what?
I'll tell you what for
For some conscience easing charity - Why?
Just to justify! Just to justify!

Look at this utopia
Society based on solid foundations
Educate our children - educate them well
To feather the nest and fuck the rest
(Yes yes feather the nest and fuck the rest)
The waste expands
(Your waist expands)
While others stand at the back of the queue
I mean you

Still the same old security
For your creature comforts
Exchanging the hours of your life
For the cash you've already spent
Eating rubbish so you can pay the rent
Table wine once a week if you're lucky
In comparison

Privatise the people's lives
Be part of the company (or fade!)
Appliance of science to privatise their lives

Water is our business
Electricity is our business
Gas is our business
Lives are our business
Business is our business

Your money - my time
Your stinking industrial bathwater - my wine
Imbalance induces hate
How will you bridge the gap
Between the endless buffet
And the empty plate I have

I feel hate I feel hate
I feel hate I feel hate
(Don't be afraid to show your hate, hate!)

You just treat me like a commodity
You didn't know I couldn't even afford to feed my family
I just want to kill
I just want to take a gun
And put it to your head
And pull the trigger

Le Temps de l'Avidité (traduction OL)

Dix pour cent de la surface des terres
C'est la main qui tire les ficelles
Devient le privilégié (Avoir, Posséder, Tenir)
Pouvoir sur les gens Oui Oui
Pouvoir sur les gens
Devient le privilégié (Avoir, Posséder, Tenir)

Argent, Propriété et Biens, avant les vies
Les gestes  verts d'une planète qui meurt
Un débat sans fin, trop tard
Un appétit pour la gloutonnerie

Le chemin est au-dessus Le chemin est au-dessus
mais quand tu es au-dessus, tu dois essayer et rester là
Alors tu laisses ta marque et tu trompes les gens
Petits déjeuners gras au Champagne (récompense pour le massacre)
Et une grosse, grande et protubérante
Indulgence envers ce que tu appelles une "bonne vie"

Mais par-dessus tout, il y a trop de gras sur ton coeur - porc
Un style de vie au Cholésterol
Cholésterol contre-garanti
Sauvant ce qui reste des marges de profit
Pourquoi ?
Je vais vous dire pourquoi
Pour quelques soulagements de charité de la conscience - Pourquoi ?
Pour se justifier ! pour se justifier !

Regarde cette utopie
Une société basée sur de solides fondations
Eduquer nos enfants - éduquons les bien
Pour garnir le nid de plumes, et se foutre du reste
Oui oui garnir le nid de plumes, et se foutre du reste
Le gaspillage s'étend
Ta taille s'étend
Alors que d'autres se tiennent à l'arrière de la file d'attente
Je veux dire, toi

Toujours la même vieille sécurité
Pour votre aisance de créature
Echangeant les heures de ta vie
Contre le cash que tu as déjà dépensé
Mangeant de la camelote pour payer le loyer
Du vin de table une fois par semaine, si tu as de la chance
En comparaison

Privatise la vie des gens
fait partie de la Compagnie (ou disparaît)
Appareil de science pour privatiser leurs vies

L'eau est notre business
L'électricité est notre business
Le gaz est notre business
Les vies sont notre business
Le business est notre business

Ton argent - Mon temps
Ton eau de bain industriel puante - Mon vin
Le déséquilibre induit la haine
Comment vas-tu faire le lien
Entre le buffet sans fin
Et l'assiette vide que j'ai

Je ressens de la haine
Je ressens de la haine
N'aies pas peur de montrer ta haine, haine !

Tu m'as traité comme un bien
Tu ne savais pas que je ne pouvais même pas avoir les moyens de nourrir ma famille
Je veux juste tuer
Je veux juste une arme
Et la mettre à ta tête
Et appuyer sur la détente

mercredi 26 octobre 2011

Le Changement de régime alimentaire

Avec la mort de David Servan-Schreiber, on entend parfois dire que « finalement, son remède anticancer ne marche pas ». Généralement, on entend ce discours de la part de gens qui n’ont pas lu son livre mais qui en ont entendu parler à la TV ou qui en ont lu des comptes-rendus dans la presse grand public.
En fait il est très difficile de déterminer de manière absolument certaine quels sont les facteurs de rechute d’un cancer.
Doit-on croire que « son remède ne marche pas », ou doit-on croire qu’au contraire, le choix de vie de D. Servan-Schreiber lui a permit de vivre bien plus longtemps que ce qu’il aurait vécu sans ce changement radical de régime ?
Personnellement, je penche pour la deuxième option.
C’est un quasiment un choix de vie.
Avant de lire « Anticancer », ou « Toxic » et « Toxic Food » de William Reymond, j’achetais en supermarché beaucoup de produits alimentaires « industriels » : des gâteaux en passant par les pizzas, des jambons préemballés aux biscuits apéritifs, de la salade sous plastique aux gruyères. Il n’y avait guère que les fruits que j’achetais frais. Je me donnais bonne conscience en mangeant des légumes à la cantine et l’été des salades de légumes divers.

Mais je tiens à ma santé.
Désormais je n’achète pratiquement plus aucun de ces produits. Je choisis mes quelques produits « emballés » au rayon Bio, de même que certains de mes légumes et fruits. Je mange de la viande en moyenne une fois par semaine.
Premier résultat : perte d’environ 7 kg en quelques semaines (de 83 à 76 kg)
Deuxième résultat : les légumes frais et les fruits, contrairement aux produits industriels, donnent très rapidement le sentiment de satiété, alors que les biscuits, par exemple, donnent encore plus faim. Je suis bien moins gourmand de tous ces produits sucrés et salés que propose l’industrie agro-alimentaire. Les repas complets composés majoritairement de fruits et légumes donnent le sentiment d’avoir « fait le plein ».
Troisième résultat : j’aime faire la cuisine, trouver des recettes.

Voici un exemple de recette, globalement basé sur le livre Anticancer de D. Servan-Schreiber, pour les amateurs de « curry ». Pour les végétariens ne pas mettre de poulet, c’est très bon sans.

Ingrédients (pour deux personnes) :
-    deux petites carottes (ou une grosse)
-    deux petites courgettes (ou une grosse), bio
-     éventuellement un oignon jaune (ou une botte de petits oignons verts)
-    de la coriandre (ou du persil)
-    du riz, blanc ou basmati (quantité : en fonction de votre faim), Bio.
-    curry (poudre)
-    poivre
-    sel
-    huile d’olive
-    éventuellement un poivron rouge
-    (éventuellement, deux blancs  (ou aiguillettes) de poulet "filière lin – oméga 3".)



Préparation
- éplucher les carottes et les couper en fines rondelles
- couper les courgettes en fines rondelles, et ensuite en deux (pour faire des demi-lunes avec les tranches)
- (si vous avez choisi d’en mettre) éplucher en fines tranches le poivron rouge, en enlevant les graines
- (si vous avez choisi d’en mettre) éplucher les oignons et les couper en petits morceaux
- couper la coriandre / le persil
- pour les amateurs de poulet : couper les blancs de poulet en morceaux

Cuisson
-    faire d’abord cuire le riz et l’égoutter
-    faire cuire les carottes (dans une sauteuse avec un ou deux verres d’eau, avec un couvercle) (avec éventuellement les poivrons rouges)
-     quand la cuisson est avancée, ajouter les courgettes (éventuellement en ajoutant encore un peu d’eau)
-    une fois les légumes cuits, vider l’eau qui resterait éventuellement dans la casserole puis ajouter les oignons (éventuellement), puis le riz.
-    Ajouter le curry en poudre, le poivre, verser l’huile d’olive
-    Mélanger le tout, pour bien répartir l’huile d’olive, le curry et le poivre
-    Laisser chauffer avec le couvercle, remuer de temps en temps, l’idée est que l’ensemble des ingrédients s’imprègne bien de l’huile d’olive et du curry. Ajouter en début de cuisson (mais pas tout de suite) la coriandre (ou le persil).
-    Pour les amateurs de poulets. Lorsque vous ajouter la coriandre (ou le persil), commencer à faire revenir vos morceaux de poulets à la poêle, avec 2 cuillères à soupe d’huile d’olive et le curry.

Quand le poulet est prêt, les légumes sont bien chauds. Vous pouvez servir dans l’assiette, d’un côté les légumes et de l’autre le poulet. Vous pouvez aussi mélanger. Un régal.

samedi 8 octobre 2011

(Manger du poisson ?) La Terre-Mer

whalenation.org
Les océans recouvrent 70% de la surface ce la planète. Par conséquent, lorsque nous disons que la Terre est malade, il s’agit en grande partie de la mer. Il faut savoir que 80% des pollutions marines viennent de la terre. (…)
Une autre blessure infligée aux océans est l’exploitation ou la surexploitation des ressources. De 75 % à 80% des espèces commerciales subissent un tel régime productiviste et intensif. En moyenne, on estime que près de 40% de la production des pêches est immédiatement rejetée en mer. Ce rejet est lié à une pratique, qui prend des proportions dramatiques, le by-catch, « prise accidentelle ». (…). On ne dira jamais assez que cette surpêche est entièrement motivée par des considérations économiques. Du point de vue d’un véritable développement, soucieux à la fois d’écologie et de justice sociale, le fait que 90% des poissons soient pêchés par 10% des pêcheurs est littéralement un non-sens. 
Les poissons ne sont pas les seules victimes. Il faut ajouter à la liste les récifs coralliens (qui ont diminué de 30%) et les écosystèmes marins, comme la mangrove qui a chuté de 50%. La mangrove se situe parfois à l’embouchure des fleuves. La biodiversité halieutique et forestière y est importante. Ce milieu produit une grande quantité de biomasse.
Entretien avec Isabelle Autissier, « La mer, entre ressources, culture et imaginaire », in Guérir la Terre, sous la direction de Philippe Desbrosses, édition Albin Michel, 2010, pp. 120-121.

dimanche 4 septembre 2011

Faut-il manger les animaux. Jonathan Safran Foer (2). Manger du poisson au lieu de la viande ?

Certains  nutritionnistes et  médecins nous incitent à manger plus de poissons que de viandes, ces dernières favorisant l'apport de matières grasses saturées et de cholestérol, les maladies cardio-vasculaires, la cancer du colon, les calculs rénaux, etc. Les poissons, en revanche, contiennent autant de protéines que la viande et des omégas 3 (pour les poissons gras comme le saumon). S'il est indiscutable que le poisson est bien meilleur que la viande d'un point de vue nutritionnel, les méthodes de pêches industrielles actuelles causent tellement de dégâts qu'elles n'incitent guère à se "reporter sur la consommation de poissons au lieu de viandes". Petite revue de ces méthodes dans un chapitre de l'ouvrage de Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ?

Notre sadisme sous-marin
D’ordinaire, nous ne considérons pas de la même manière les poissons et les animaux terrestres, mais l’ « aquaculture » - l’élevage intensif d’animaux marins en confinement, n’est en fin de compte que l’élevage industriel sous-marin.
Beaucoup des animaux marins que nous mangeons, dont la grande majorité des saumons proposés dans le commerce, nous viennent de l’aquaculture. A l’origine, l’aquaculture avait été envisagée comme une réponse à la diminution des populations de poissons sauvages. Mais loin de réduire la demande en saumon sauvage, comme certains l’avaient annoncé, l’élevage de ce poisson n’a fait qu’accélérer l’exploitationet la demande internationale de saumon sauvage. De 1988 à 1997, la pêche au saumon sauvage a augmenté de 27% dans le monde entier, précisément au moment où la salmoniculture explosait.
Les questions liées aux élevages piscicoles n’ont rien de nouveau. Publié par l’indstrie elle-même, le Handbook of Salmon Farming détaille six « éléments clés du stress dans l’environnement de l’aquaculture » : la « qualité de l’eau », le « supeuplement », le « traitement », les « dérèglements », la « nutrition » et la « hiérarchie ». Traduites en langage clair, ces six sources de souffrance pour les saumons sont : 1) une eau si sale qu’il devient impossible d’y respirer ; 2) un peuplement si dense que les animaux commencent à s’entre-dévorer ; 3) un traitement si agressif que, dès le lendemain, on peut en mesurer l’impact psychologique ; 4) des dérèglements chez les éleveurs et chez les animaux sauvages ; 5) des carences alimentaires qui affaiblissent le système immunitaire ; et 6) l’incapacité à mettre en place une hiérarchie sociale stable, qui entraine un accroissement du cannibalisme. Ces problèmes sont typiques. Le manuel les présente comme des « composantes intégrales de l’élevage piscicole ».
L’abondance de poux de mer, qui se développent dans l’eau sale, est une source majeure de souffrance pour le saumon et d’autres poissons d’élevage. Ce pou provoque des lésions ouvertes et ronge parfois la chair de la tête du poisson jusqu’à l’os – un phénomène si courant que le secteur l’a surnommé la « couronne de mort ». Un seul élevage de saumons produit de gigantesques nuages de poux de mer, dans des proportions trente mille fois supérieures à ce que l’on rencontre dans la nature.
Les poissons qui survivent dans ces conditions (un taux de mortalité de 10 à 30% est considéré comme positif par beaucoup d’intervenants du secteur de l’élevage salmonicole) sont ensuite souvent affamés pendant sept à dix jours pour réduire leurs déchets pendant le transport jusqu’au site d’abattage. Puis on les tue en leur ouvrant les ouïes avant de les jeter dans une cuve d’eau où ils se vident de leur sang. Les poissons sont fréquemment tués alors qu’ils sont encore conscients, et ils meurent en se tordant de douleur. Parfois, on les étourdit, mais les méthodes d’étourdissement actuelles ne sont pas fiables et peuvent aggraver les souffrances des animaux. Comme dans le cas des poulets et des dindes, aucune loi n’impose que les poissons soient tués de façon humaine.
Le poisson péché au large constitue t-il une solution moins brutale ? Certes, avant d’être péchés, ces poissons mènent une vie bien meilleures, puisqu’ils ne vient pas dans des bassins surpeuplé et sales. C’est une différence qui a son importance. Mais intéressons-nous aux méthodes de pêche les plus courantes pour les animaux marins les plus consommés aux Etats-Unis : le thon, la crevette et le saumon. Trois méthodes prédominent : la ligne de traîne, le chalut et la senne coulissante. Une ligne de traîne ressemble à un cable téléphonique qui se déplace dans l’eau accroché à des bouées plutôt qu’à des poteaux. A intervalles réguliers le long de cette ligne principale, des lignes plus petites sont suspendues, chacune d’entre elles bardée d’hameçons. Imaginez maintenant non pas une de ces lignes de traîne à hameçons multiples, mais des dizaines, ou des centaines déployées l’une après l’autre par un seul bateau. Des balises GPS et d’autres appareils de communication électronique sont fixés aux bouées afin que les pêcheurs puissent les récupérer plus tard. Et, bien sûr, ce n’est pas un, mais des dizaines, des centaines, voire des milliers de bateaux qui, dans les plus grandes flottes de pêche, mettent ces lignes à l’eau.
Aujourd’hui, les lignes de traîne peuvent atteindre 120 km (…). On estime que 27 millions d’hameçons sont déployées chaque jour. Et les lignes de traîne ne tuent pas que leurs « espèces cibles », mais 145 avec elles ? Une étude a montré qu’environ 4,5 millions d’animaux marins sont tués chaque année en tant que prises accessoires par les lignes de traîne, dont à peu près 3,3 millions de requins, un million de marlins, 60 000 tortues de mer, 75 000 albatros et 20 000 dauphins et baleines.
Photo www.bycatch.org

Toutefois, même les lignes de traîne ne provoquent pas la quantité phénoménale de prises accessoires que l’on enregistre avec les chaluts. Le type le plus courant de chalut de pêche à la crevette ratisse une zone d’environ 25 à 35 mètres de large. Le chalut est traîné sur le fond de l’océan à une vitesse de 4,5 à 6,5 km/h pendant des heures, engloutissant les crevettes (et tout le reste) par une extrémité d’un filet en forme d’entonnoir. La pêche au chalut de fond, presque toujours pour les crevettes, est l’équivalent marin de la destruction de la forêt pluviale. Quelle que soit leur cible, les chaluts emportent poissons, requins, raies, crabes, seiches, coquilles Saint-Jacques – en général, à peu près une centaine d’espèces de poissons et d’autres animaux. Presque tous meurent.

Cette « moisson » d’animaux marins, digne de la politique de la terre brûlée,  a quelque chose de sinistre. En moyenne, une opération de pêche de ce type rejette 80 à 90 % des prises accessoires par-dessus bord. Les moins efficaces rejettent dans l’océan plus de 98% des animaux marins morts.
Nous sommes littéralement en train de réduire la diversité et le foisonnement de la vie océanique dans son ensemble (une chose que les scientifiques n’ont appris à mesurer que depuis peu). Les techniques de pêche modernes détruisent les écosystèmes qui entretiennent des vertébrés plus complexes (comme les saumons et les thons), ne laissant dans leur sillage que les rares espèces capables de survivre en se nourrissant de végétaux et de plancton, et encore. En consommant les poissons que nous désirons le plus, généralement des carnivores au sommet de la pyramide alimentaire comme les saumons et les thons, nous éliminons les prédateurs et provoquons un boom éphémère des espèces qui se trouvent un maillon en dessous de la chaine alimentaire. Puis nous pêchons ces espèces-là jusqu’à l’extinction, et descendons encore d’un degré. Le fait que ce processus soit extrêmement rapide en terme générationnels (…), et que le volume des prises lui-même ne diminue pas, confère à l’ensemble l’illusion de la durabilité. Personne ne vise délibérément la destruction de la ressource, mais l’économie du marché nous entraine inévitablement vers l’instabilité. C’est (…) comme si nous abattions une forêt abritant des milliers d’espèces pour créer de gigantesques champs où ne pousserait qu’un seul type de soja.
Le chalut et la ligne ne sont pas seulement inquiétants sur le plan écologique, ils sont également d’une rare cruauté. Dans les chaluts, des centaines d’espèces différentes se retrouvent broyées, déchirées sur les coraux, écrasés contre les rochers – pendant des heures – puis retirés de l’eau, ce qui provoque une douloureuse décompression (laquelle fait parfois jaillir les yeux des animaux de leurs orbites, ou leur fait vomir leurs organes). Sur les lignes de traîne aussi, les animaux marins sont généralement confrontés à une mort lente. Certains y restent simplement accrochés et ne meurent qu’une fois décrochés. Certains meurent des blessures causées par l’hameçon dans leur gueule ou subies en tentant de s’échapper. D’autres ne peuvent pas éviter les attaques des prédateurs.
Les sennes coulissantes (…) sont la principale technique utiliser pour pêcher (…) le thon. On déploie un filet autour du banc visé, et quand le banc est encerclé, on resserre le fond du filet comme si les pêcheurs refermaient une bourse gigantesque. Les poissons et toutes les créatures prises au piège sont alors regroupés et hissés sur le pont. Les poissons prisonniers des mailles des filets risquent  de finir lentement déchiquetés. Mais la plupart de ces animaux meurent en fait une fois sur le bateau, où ils vont s’asphyxier ou se faire couper les ouïes. Dans certains cas, les poissons sont jetés sur la glace, ce qui peut en réalité prolonger leur agonie. (…)
A quelles conclusions parviendraient la plupart des omnivores si chaque saumon qu’ils consomment était accompagné d’une étiquette précisant que des saumons d’élevage de 60 centimètres de long passent leur vie dans l’équivalent d’une baignoire pleine d’eau et que la pollution est si intense que leurs yeux saignent ? Et si l’étiquette citait la prolifération des populations parasites, l’augmentation des maladies, la dégénérescence génétique et les nouvelles maladies résistantes aux antibiotiques qui résultent de l’élevage piscicole ?
Il y a cependant des choses que nous savons sans avoir besoin d’étiquettes. Si l’on peut raisonnablement espérer qu’une certaine proportion de bœufs et de porcs seront abattus rapidement et avec soin, aucun poisson ne connaît une mort douce (…)
Que nous parlions de poissons, de porcs ou d’autres animaux que nous mangeons, cette souffrance est-elle la chose la plus importante du monde ? Manifestement pas. Mais là n’est pas la question. Cette souffrance est-elle plus importante que les sushis, le bacon ou les chicken nuggets ? Là est la question."

Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux, 2009, traduction Gilles Berton et Raymond Clarinard, 2010, éditions de l’Olivier, pp. 240-245

vendredi 26 août 2011

Faut-il manger les animaux de Jonathan Safran Foer : Extraits (1)

Dans un précédent billet, nous évoquions les raisons de santé, individuelle et planétaire, qui pourraient nous inciter à consommer moins de viande. Dans son avant-dernier ouvrage, Jonathan Safran Foer, écrivain américain connu pour ses romans (dont Tout est illuminé, sur sa recherche de ses ancêtres juifs en Ukraine,  en 2002), nous livre une enquête très bien documentée sur la consommation de la viande, au regard du traitement réservé aux animaux (et poissons), particulièrement dans le cadre de l'élevage, de la pêche et de l'abattage industriel. Bien que l'enquête de déroule essentiellement aux Etats-Unis, les méthodes industrielles décrites sont aussi en cours en France et en Europe.
Loin d'être un long réquisitoire indigeste à lire (qui à vraiment envie de connaître exactement comment son steak ou son poisson atterri dans son assiette ?), l'ouvrage se dévore littéralement. Confrontant différents points de vue, différents témoignages, l’auteur renvoie le lecteur à sa propre expérience. A lire absolument.


Cage de batterie
Est-ce de l’anthropomorphisme que d’essayer de s’imaginer dans la cage d’un animal d’élevage ? Est-ce de l’anthropodéni que de ne pas le faire ?
La cage standard pour une poule pondeuse alloue à chaque bête un espace au sol de 430 cm2 – soit beaucoup moins qu’une feuille A4. Ces cages sont superposées sur trois à neuf niveaux – c’est le japon qui possède la plus haute batterie du monde, avec des cages empilées sur dix-huit niveaux – dans des hangars dépourvus de fenêtres.
Imaginez-vous dans un ascenseur bondé, si bondé que vous ne pouvez vous retourner sans bousculer (et énerver) votre voisin. On y est si serrés que parfois vos pieds ne touchent pas le sol. Ce qui esr une sorte de bénédiction, car le plancher incliné des cages est fait d’un grillage métallique qui entaille les pattes.
Au bout de quelque temps, les individus confinés dans cet ascenseur vont perdre la capacité à œuvrer dans l’intérêt du groupe. Certains vont dvenir violents, d’autres fous. Quelques-uns, faute de nourriture et d’espoir, deviendront cannibales.
Il n’y a aucun répit, aucun soulagement. Aucun réparateur ne se présente. Les portes s’ouvriront une seule fois, à la fin de votre vie, pour un trajet vers le seul endroit pire que celui-ci (voir : ABATTAGE)

Poulets de chair
Tous les poulets ne sont pas condamnés à endurer l’élevage en batterie. De ce point de vue-là, et de ce point de vue-là seulement, on pourrait dire que les poulets de chair – qui deviendront de la viande – ont de la chance par rapport aux poules pondeuses : ils ont droit à près de 1000 cm2 chacun.
Si vous n’êtes pas fermier, ce que je viens d’écrire doit probablement vous désorienter. Vous pensiez sans doute qu’un poulet était un poulet. Pourtant, depuis un demi-siècle, il existe deux sortes de volailles – poules pondeuses et poulets de chair – qui ont un code génétique distinct. En anglais, nous les appelons tous deux chicken, mais ils ont des corps et des métabolismes très différents, conçus en vue de « fonctions » bien différentes. Les poules pondent des œufs. (Leur production d’œufs a plus que doublé depuis les années 1930.) Les poulets de chair sont élevés pour leur viande. (Au cours de la même période, ceux-ci ont été manipulés pour atteindre une taille plus de deux fois supérieure en deux fois moins de temps. Autrefois les poulets avaient une espérance de vie allant de quinze à vingt ans, mais les poulets actuels sont généralement tués au bout de six semaines. Leur rythme de croissance journalière a augmenté d’environ 400 %.)
Cela soulève des tas de questions bizarres – des questions que, avant que j’apprenne l’existence de ces deux sortes de poulets, je n’avais jamais eu aucune raison de me poser – comme : Que deviennent les poussins mâles des poules pondeuses ? si l’homme ne les a pas conçus pour faire de la viande, et si la nature, de toute évidence, ne les a pas conçus pour qu’ils pondent, quelle fonction remplissent-ils ?
Ils ne remplissent aucune fonction. Ce qui explique pourquoi les poussins mâles des poules pondeuses – la moitié des poussins nés aux Etats-Unis, soit plus de 250 millions chaque année – sont détruits.
Détruits ? Voilà un mot au sujet duquel il paraît intéressant d’en savoir plus.
La plupart des poussins mâles sont détruits après avoir été aspirés à travers une succession de tuyaux jusque sur une plaque électrisée. Les autres sont détruits de diverses façons, et il est impossible de dire si ceux-là ont plus ou moins de chance que les premiers. Certains sont balancés dans de grands conteneurs en plastique. Les plus faibles se font piétiner et finissent au fond, où ils étouffent lentement. Les plus forts suffoquent lentement, mais sur le dessus. D’autres jetés, pleinement conscients, dans des broyeurs (imaginez une déchiqueteuse à bois pleine de poussins).
Cruel ? Cela dépend de votre définition de la cruauté.

Bycatch
Exemple peut-être le plus parfait du bullshit, le bycatch (prise accessoire) désigne les créatures marines capturées accidentellement – sauf que ça n’est pas vraiment un « accident », puisque le bycatch a été sciemment intégré aux méthodes de pêche modernes. La pêche actuelle a tendance à avoir recours à de plus en plus de technologie et à de moins en moins de pêcheurs. Cette combinaison entraine des prises massives accompagnées de quantités énormes de prises accessoires. Prenons les crevettes, par exemple. Une opération routinière de chalutage de crevettes rejette par-desuus bord, morts ou agonisants, entre 80 et 90% des animaux marins ramenés à chaque remontée du chalut. (Une bonne partie de ce bycatch est composée d’espèces menacées.) Les crevettes ne représentent en poids que 2% de la quantité d’aliments marins consommés dans le monde, mais 33% du bycatch mondial. Nous n’y pensons guère car nous n’en savons rien. Que se passerait-il si l’étiquetage d’un produit indiquait combien d’animaux ont été tués pour que celui que nous voulons manger se retrouve dans notre assiette ? Eh bien, pour ce qui concerne les crevettes d’Indonésie, par exemple, on pourrait lire sur l’emballage : POUR 500 GRAMMES DE CREVETTES ? 13 KILOS D’AUTRES ANIMAUX MARINS ONT ETE TUES ET REJETES A LA MER.
Ou prenez le thon. Parmi les 145 espèces tués de façon routinière – et gratuite – lorsqu’on pêche le thon, on trouve : la raie manta, le diable de mer, la raie douce, le requin babosse, le requin cuivre, le requin des Galapagos, le requin gris, le requin de nuit, le requin taureau, le grand requin blanc, le requin marteau, l’aiguillat commun, l’aiguillat cubain, le requin renard à gros yeux, le requin taupe bleu, le requin peau bleue, le wahoo, le marlin voilier, la bonite, le thazard atlantique, le makaire bécune, le makaire blanc d’Atlantique, l’espadon, la lanterne de Kroyer, le baliste cabri, l’aiguille, la castagnole, la carangue, le centrolophe noir, le coryphène
(….)
le dauphin commun, la baleine franche, le globicéphale, la baleine à bosse, la baleine à bec, l’orque, le marsouin commun, le grand cachalot, le dauphin bleu et blanc, le dauphin tacheté de l’Atlantique, le dauphin à long bec, le grand dauphin et la baleine à bec de Cuvier.
Imaginez que l’on vous serve une assiette de sushis. Si l’on devait y présenter également tous les animaux qui ont été tués pour que vous pussiez les déguster, votre assiette devrait mesurer un peu plus d’un mètre cinquante de diamètre.

DOWNER
1. Quelque chose ou quelqu’un de déprimant
2. Un animal en mauvaise santé qui s’effondre et est incapable de se relever. De même que pour une personne qui fait une chute, cela ne signifie pas pour autant qu’elle soit victime d’une maladie grave. Certains animaux qui s’effondrent sont très malades ou gravement blessés, mais bien souvent il ne leur faudrait qu’un peu d’eau et de repos pour leur éviter une mort lente et douloureuse.
On ne dispose d’aucune statistique fiable concernant le nombre de downers (qui irait les signaler ?), mais d’après les estimations, il y aurait chaque année aux Etats-Unis 200 000 vaches qui s’effondreraient ainsi – soit à peu près deux vaches pour chacun des mots de ce livre. S’agissant du bien-être animal, le strict minimum absolu, le moins que l’on puisse faire, penserait-on, serait d’euthanasier ces animaux affaiblis. Mais cela coûterait de l’argent, et comme les downers ne servent à rien, ils ne méritent ni considération ni pitié. Dans la majorité des cinquante Etats américains, il est parfaitement légal (et parfaitement courant) de laisser ces downers agoniser de faim et de soif durant des jours, ou de les balancer, vivants, dans des bennes à ordures.

Ecologisme
Une étude récente de l’université de Chicago a montré que nos choix alimentaires contribuaient au moins autant au réchauffement climatique que nos choix en matière de transports. Des enquêtes encore plus récentes effectuées par les Nations unis et la Pew commission ont démontré sans ambiguïté qu’au niveau mondial, l’élevage des animaux contribue plus que les transports au changement climatique. Selon les Nations unies, le secteur de l’élevage est responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre, soit environ 40% de plus que la totalité du secteur des transports – automobiles, camions, avions, trains et navires. L’élevage des animaux émet 37% du méthane anthropogène, qui possède un Potentiel de Réchauffement Global (PRG) 23 fois plus élevé que celui du CO2, ainsi que 65% de protoxyde d’azote anthropogène, qui a un PRG 296 fois plus élevé que le CO2. Les études les plus récentes quantifient même le rôle du régime alimentaire : les omnivores contribuent à émettre sept fois plus de gaz à effet de serre que les végétariens.

KFC
Désignant autrefois le Kentucky Fried Chicken, mais ne signifiant plus rien aujourd’hui, KFC est sans doute la compagnie qui a augmenté plus que toute autre la somme totale de souffrances dans le monde. KFC achète près d’un milliard de poulets chaque années.
(…)
KFC insiste sur le fait qu’il est « attentif au bien-être et au traitement humain des poulets ». Quel crédit accorder à ces déclarations ? Dans un abattoir de Virginie-Occidentale fournissant KFC, il a été établi que les employés arrachaient la tête de poulets vivants, leur crachaient du tabac dans les yeux, leur coloraient la tête à la bombe à peinture et les piétinaient violemment. Ces actes ont été constatés des dizaines de fois ? Cet abattoir n’était pourtant pas une « brebis galeuse », mais au contraire un « fournisseur de l’année ».
(…)
Selon son site web, KFC affirme : « Nous contrôlons nos fournisseurs de manière permanente afin de nous assurer qu’ils utilisent des procédures humaines dans les soins et le traitement des animaux qu’ils nous livrent. Nous avons pour objectif de ne traiter qu’avec des fournisseurs qui promettent de respecter les normes élevées que nous avons établies et qui partagent notre engagement en faveur du bien-être animal. » Ceci est une demi-vérité. KFC traite en effet avec les fournisseurs qui promettent de veiller au bien-être des volailles.
Ce que ne vous dit pas KFC, c’est que tout ce que pratiquent les fournisseurs est automatiquement considéré comme respectant le bien-être animal.
L’autre demi-vérité consiste à dire que KFC mène des audits concernant le respect des animaux dans les centres d’abattage de ses fournisseurs (le « contrôle » évoqué plus haut). Ce que l’on ne vous dit pas, c’est que ces visites d’inspection sont annoncées. En avertissant d’une inspection visant (du moins en théorie) à constater des comportements illicites, KFC laisse tout le temps nécessaire aux directeurs des centres de camoufler ce qu’ils ne veulent pas montrer. De surcroît, les normes de fonctionnement que doivent vérifier les inspecteurs n’incluent pas une seule des recommandations faites récemment par les propres (et désormais ex-) membres du conseil pour le bien-être animal de KFC, dont cinq ont démissionnés par frustration.


Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux, 2009, traduction Gilles Berton et Raymond Clarinard, 2010, éditions de l’Olivier

samedi 16 juillet 2011

L'homme, Vampire de la Terre/Mer : la surpêche

Nous connaissons tous le concept de « Peak Oil », ou Pic pétrolier qui correspond à la date à laquelle la production de pétrole commencera à diminuer. Cette notion de pic s’applique aussi bien à production d’un champ de pétrole, d’un pays, ou de la planète entière. Suggérée dans les années 1940 par le géophysicien Hubbert pour la production nationale de pétrole des Etats-Unis, sa « prédiction » fut oubliée pendant des années. Elle redevint d’actualité en 1971, année où la production US atteint son maximum puis déclina, deux ans avant le premier choc pétrolier mondial de 1973. Aujourd’hui les experts ne sont pas d’accord sur la date exacte de ce Pic pétrolier mondiale, d’autant que les techniques actuelles permettent d’exploiter des gisements off-shore inaccessibles jusqu’à présent, ou de nouveaux types de gisements, comme le pétrole présent dans les sables de schistes. Néanmoins de telles exploitations dans des conditions extrêmes (grandes profondeurs) présentent de grands risques qui se traduisent par la marée noire incontrôlable dans le Golfe du Mexique en 2010, et la pollution des sols par infiltration incontrôlée des gaz souterrains.

Nous connaissons moins l’indicateur « Fish dépendance day », ou jour de dépendance à l’égard des poissons. Certes les deux ressources, le pétrole et les poissons, ne sont pas comparables, la première étant une énergie fossile non renouvelable, l’autre une ressource naturelle renouvelable. Ils ont tout de même un point commun : ces deux concepts ont été mis en place pour montrer les limites quantitatives des ressources naturelles face à l’exploitation par l’homme.

Le jour de dépendance à l’égard des poissons correspond à la date limite dans l’année à laquelle un pays commence à importer son poisson du fait de l’épuisement du stock de poissons dans ses propres eaux.
En France, en 2011, la date est tombée le 13 juin. En 1990, cette date était le 6 septembre.
Pour l’Europe entière cette date était le 2 juillet en 2011. En 2010 c’était le 9 juillet.
Ces calculs incluent les chiffres des élevages de poissons. Sans ces chiffres, la date du « fish dependance day » arriverait un mois plus tôt en France, Espagne, Italie ou Grèce.

Les stocks s’effondrent, les ressources sont surexploitées, la production baisse : entre 1995 et 2009, les prises européennes sont passées de 8 000 000 à 5 000 000 de tonnes, soit une baisse de 38% environ. Pour assurer l’approvisionnement et satisfaire l’appétit des européens les importations de poissons sont passées, sur la même période, de 4,2 millions à près de 6 millions de tonnes (43% de hausse).
La baisse des stocks dans les eaux européennes s’explique par la surexploitation des ressources due à une hausse continue de la consommation de poissons depuis plusieurs décennies, non seulement du fait de la hausse de la population européenne, mais aussi du fait de la hausse de la consommation par personne.
En Europe, entre 1961 et 2005, seuls deux pays n’ont pas augmenté leur consommation de poisson : le Portugal et le Royaume-Uni. La France, l’Allemagne, la Finlande ou les Pays-Bas ont augmenté leur consommation entre 50 et 100% durant la même période. L’Italie a augmenté sa consommation de plus de 100% et l’Irlande de plus de 200%. C’est en 2005 que l’Europe a commencé a importé plus de poissons qu’elle n’en pêchait.

Par ailleurs, la qualité des poissons a varié. En 1900, les morues pêchées avaient 10 ans et mesuraient 1,5 mètres. Aujourd’hui, elles ont deux ans et mesurent 45 cm.

La politique commune de pêche de l’Union européenne a certes définie des quotas de pêche pour gérer les ressources de pêche. Cependant, ces quotas sont supérieurs en moyenne de 34% aux recommandations scientifiques.


Nous vivons encore aujourd’hui sur les présupposés et les idéaux de la société de consommation : la richesse des nations, le bien-être des peuples reposant sur l’abondance des biens et l’abondance des ressources.
La société de consommation est née durant cette période de l’Histoire, les « Trente Glorieuses » post-2ème Guerre mondiale et antérieure aux chocs pétroliers des années 1973-1979, lorsque l’ « occident » (Europe, Amérique du Nord, Japon + quelques autres pays comme l’Australie) dominait encore totalement le monde, via la colonisation /le néocolonialisme.
Aujourd’hui la situation a changé. Le club des pays riches a recruté de nouveaux membres. Le mode de consommation et de production industrielle occidental s’est étendu à des pays aussi peuplés que la Chine, l’Inde, le Brésil, les pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient, l’Asie du Sud-Est, etc. Toutes les classes riches et moyennes du monde entier adoptent le même mode de vie, consomment les mêmes produits.

Pour autant les ressources naturelles n’ont pas augmentées autant que la population humaine. Au contraire : à mesure que la population humaine augmente, les ressources naturelles baissent.
Ceci est dû au fait que la production humaine fonctionne sur le mode « prédatoire », sans réfléchir sur le long terme. Sans penser aux limites des ressources naturelles.
L’homme est aujourd’hui le Vampire de la Terre.

Il est temps de changer de mode de vie. Nous ne pouvons plus continuer à pomper les ressources terrestres comme nous continuons à le faire.
Il faut prendre conscience de l’urgence de la situation. Faut-il attendre un autre Fukushima écologique pour modifier notre mode de consommation ?

Pour en revenir à nos poissons ; serait-ce si difficile d’agir ? Nous pouvons chacun apporter notre pierre à l’édifice. Pour commencer, considérons notre porte monnaie comme un bulletin de vote. Diminuons notre consommation de poisson. En 2007, la consommation de poisson en France était de 34,2 kg par an et par personne, ce qui équivaut à 660g de poisson par semaine et par personne !

Pour en savoir plus sur le "fish dependant day" : voir ce rapport.
Voir aussi l'ouvrage de Stéphane Beaucher Plus de poissons d'ici 30 ans ?

lundi 13 juin 2011

Réduire la consommation de viandes : une question de santé et d’environnement.

Certains sont végétariens pour des questions de respect de la condition animale, contre la maltraitance des animaux au cours de l’élevage, du transport et de l’abattage. Aujourd’hui, la baisse de la consommation de la viande est devenue une question de santé et d’environnement qui nous concernent tous.

Tout d’abord la quasi totalité des animaux élevés aujourd’hui sont nourris de maïs, de soja et de blé de l’agriculture intensive, extrêmement riches en oméga-6, mais qui ne contiennent pratiquement plus d’oméga 3. Or ce déséquilibre se retrouve dans la viande des animaux et dans le lait qu’ils produisent, et donc dans notre organisme - la particularité des oméga-3 étant qu’ils ne peuvent être fabriqués par notre organisme : de la quantité que nous consommons découle directement la quantité présente dans notre organisme. Or les oméga-6 facilitent le stockage des graisses, alors que les oméga-3 calment les réactions d’inflammation et limitent la fabrication de cellules adipeuses. (voir David Servan-Schreiber, Anticancer - prévenir et lutter grâce à nos défenses naturelles, Robert Laffont, 2007, réédition Pocket, 2011, p. 123-125)
 Oméga-3 et oméga-6 dans les laitagesD. Servan-Schreiber, Anticancer, p. 124

Par ailleurs il faut savoir qu’il y a autant de protéines dans 100g de viande ou de poisson que dans 100g de légumineuses et que les fibres jouent un rôle important dans la régulation de la flore intestinale et du transit.

Il y a donc tout intérêt à réduire la consommation de viande au profit d’autres produits tout aussi nourrissants et à ne consommer que des viandes et laitages riches en oméga-3 (filière qualité Bleu-Blanc-Cœur, filière Lin)

D’autre part, la question de l’élevage est également une question d’environnement.

Sait-on que 30% des terres arables sont consacrées à la culture des céréales pour nourrir le bétail ? Sait-on qu’avec un bœuf on peut faire 1500 repas, alors qu’avec les protéines qui nourrissent un bœuf, on peut faire 18 000 repas ? (voir l’ouvrage collectif  Guérir la Terre, sous la direction de Philippe Desbrosses, p. 218)

De plus, les gaz à effet de serre émis par le bétail contribuent massivement au changement climatique. Le bétail, nourri de façon totalement déséquilibré (maïs, soja au lieu de l’herbe qui contient les oméga-3), dérègle le système digestif de l’animal (les ruminants sont faits pour consommer de l’herbe !) qui émet des gaz en grande quantité, gaz qui ont une capacité bien plus grande à retenir la chaleur que les gaz carboniques des voitures. On a calculé que si les américains réduisaient d’un cinquième leur consommation de viande rouge par an (environ 1 jour et demi par semaine sans viande), cela aurait plus d’impact que le passage aux véhicules hybrides (interview David Servan-Schreiber dans l’ouvrage collectif  Guérir la Terre, sous la direction de Philippe Desbrosses, p. 60-61).
Don't eat meat !

lundi 30 mai 2011

Le Bio n'est pas une nouvelle lubie de Bobos.

Le bio n’est pas une nouvelle lubie de bobos, lesquels seraient, après l’arnaque des portions restreintes de la nouvelle cuisine, une nouvelle fois victime de la mode, du bio cette fois-ci, qui propose des produits plus chers avec moins de goût. Bref ; pourquoi changer nos habitudes pour une mode de riches… qui n’ont que ça à faire.
D’autres vous diront que le bio est responsable de l’actuelle épidémie d’E. coli qui a été transmise par les concombres, alors que l’enquête sur l’origine exacte de l’épidémie n’est pas terminée.

Le bio reste la plupart du temps plus cher. Pourtant il faut noter que de plus en plus de chaines de supermarché se mettent à créer leurs propre lignes de produits bios : M***, A*** vendent à l’heure actuelle des produits allant de chocolat et du café (importés), aux pâtes, riz, pain et biscuits (céréales), en passant par les laitages. Si la recherche du profit est ce qui motive certainement cette démarche, il est important que l’hyper-supermarché, lieu central de la vie des Français depuis plusieurs décennies, offre un large choix de produits bios, que l’on ne trouvait, il n’y a pas si longtemps, que dans les boutiques « spécialisées ».

Le « bio » est en effet une question de santé publique.
Comme l’indiquent les deux tableaux ci-dessous, tout d’abord manger bio protège de certains produits chimiques (pesticides) jouant un rôle important dans le développement de certains cancers (tableaux n°1 et 2, extraits de Christine Raiffaud, Produits "bio" De quelle qualité parle-t-on ? Educagri, Dijon, 2010).
Tableau n°1 Pesticides et pathologies





Tableau n°2 Pesticides, pesticides domestiques, nitrates et effets sur la santé


Au contraire, certaines substances présentes dans les aliments ont des effets directs sur l’amélioration de la santé (tableau n°3, extrait de C. Raiffaud, op. cit.) ; or des études montrent que les aliments bio ont des qualités nutritives supérieures aux produits issus de l’agriculture « conventionnelle » (tableau n°4 et 5, extraits de C. Raiffaud, op. cit.).

Tableau n°3. Substances alimentaires pour une meilleure santé
Tableau n°4 Teneur supérieure en antioxydants dans les produits Bio
Tableau n°5 Meilleures qualités nutritionnelles des farines Bio

jeudi 14 avril 2011

Agriculture biologique, environnement, biodiversité



in Ph. Fleury, Agriculture Biologique et environnement 
Des enjeux convergents. Educagri-ACTA, Dijon-Paris, 2011, pp. 32 + 157



Les deux tableaux ci-dessus résument et illustrent l’impact positif de l’agriculture biologique sur l’environnement et la biodiversité, comparée à l’impact de l’agriculture conventionnelle.
L’AB conserve mieux la fertilité des sols, la qualité de l’eau (pas d’utilisation d’engrais et de produits de synthèse). L’AB favorise également la biodiversité de la flore et de la faune. Une étude de 2005 (Bentgsson) montre que la richesse supérieure en espèces animales et végétales de l’AB peut être évaluée à 30%. Cette richesse s’explique par la plus grande diversité des paysages , par les pratiques propres au « cahier des charges » de l’AB (pas de pesticides ni d’engrais chimiques de synthèse, diversité des cultures et élevages), mais aussi parce qu’on y trouve plus d’éléments semi-naturels (haies, talus, fossés, bois), lieux de vie  de nombreuses espèces.
De même, l’AB émet moins de gaz à effet de serre ; ainsi on estime que les émissions de CO2 sont inférieures de 48 à 66% par rapport aux exploitations conventionnelles.

D'après Philippe Fleury, Agriculture biologique et environnements - des enjeux convergents. Educagri, ACTA, Dijon-Paris, 2011, pp. 31-34

mercredi 13 avril 2011

En faveur du lait Bio

in C. Raiffaud, Produits "bio", Educagri, 2010

Une étude QLIF (voir ci-dessous) de la Communauté européenne, menée dans différentes régions d’Europe a montré la différence de qualité entre produits laitiers Bio et produits laitiers « conventionnels ». Notamment, les résultats montrent :
-    des niveaux plus élevés de nutriments à haute valeur nutritionnelle dans le Bio (acides gars polyinsaturés, acides linoléiques conjugués, omégas 3 – VOIR IMAGE ci-dessus). Dans le cas du lait, le Bio contenait 70% de nutriments intéressants en plus.
-    des niveaux inférieurs de métaux lourds, mycotoxines, résidus de pesticides sur les échantillons de lait et/ou de cultures
Cette étude a également montré l’importance des pratiques utilisées pour expliquer la meilleure qualité du Bio. Ainsi le lait gagne en qualité lorsque la ration est à base de fourrages et que la part de maïs d’ensilage est faible.

QLIF signifie QualityLowInputFood  (« Nourriture de Qualité à faible intrants »). C’est un projet intégré financé par la Commission Européenne, qui génère le savoir et les connaissances requises pour l’exécution des programmes cadres en matière de Recherche et développement technologique.

D'après Christine Raiffaud, Produits "bio" De quelle qualité parle-t-on ? Educagri, Dijon, 2010, pages 165-166

lundi 28 mars 2011

Monde agricole en danger ?

Deux récents documentaires se sont penchés sur la toxicité de nos aliments. Il s'agit de :
Notre poison quotidien diffusé sur ARTE le mardi 15 mars 2011
http://www.youtube.com/watch?v=DIg3QJKHjYo

Manger peut-il nuire à la santé, le 16 février 2011 sur France 3
http://www.youtube.com/watch?v=4dQVYnDsv90

Ces vidéos sont visibles en intégralité sur You Tube en plusieurs fichiers de 15 minutes.

Ces documentaires sont éclairants. Notamment, « Manger peut-il nuire à la santé » commence par un constat simple : faites une prise de sang, et mesurez les produits chimiques et toxiques qui s’y trouvent : tous les gens se nourrissant de nourriture industrielle auront à peu près les mêmes résultats. On trouve :
ARSENIC
PLOMB
MERCURE
FURANE
DIOXINE

PCB
PESTICIDE
DDT

Ces résultats alarmants militent en faveur d’un retour à un mode d’exploitation agricole plus respectueux des sols, des animaux, des végétaux, bref, de l’ensemble de notre environnement dont nous tirons notre nourriture, notre santé, notre vie.
Ainsi l’expérience menée par le chercheur Chensheng Lu dans l’Etat du Washington aux USA. Ce chercheur s’intéressait à la présence de pesticides dans nos organismes. Tout d’abord il compara les analyses d’habitants vivants soit en zone rurale, soit en zone fortement urbaine. Il se révéla que ceux qui vivaient en zone urbaine étaient plus contaminés, parce que la principale source de contamination  était l’alimentation. Il s’avéra aussi qu’un seul enfant n’avait pas de traces de pesticides : celui dont la famille ne se nourrissait que d’aliments « organic ». Ensuite, en établissant deux groupes tests Chensheng Lu montra que manger bio, diminuait puis supprimait les traces de pesticides dans les urines (voir à ce sujet William Reymond, Toxic, 2007 – éditions J’ai Lu, 2009, pp. 320-325).

Cependant, comme nous l’avons vus dans notre précédent billet, il y aura toujours des gens pour crier que l’on s’en prend injustement au monde agricole, aux agriculteurs.


Voici quelques exemples de commentaires que l’on peut lire en commentaires de ces reportages TV :
« Ah encore un beau reportage qui va faire encore une belle généralité sur le monde agricole en disant que nous sommes des tueurs que nous devons tout arreter. Ok demain je passe au bio. Je diminue donc de 30% ma production je peux vous dire que sa risque de faire mal à votre portefeuille! Aprés les supermarchés vous propose du bio à 1euros!! OK regarder la provenance si c'est pour faire venir des pomme bio du chili je ne vois pas l'interêt!! »
(Voir à l’adresse suivante :http://www.programme-tv.net/programme/culture-infos/2581152-notre-poison-quotidien/commentaires/)

« Faux et archi faux pour la partie agrricole. Un documentaire truqué et de mauvaise foi ! Où est passée la déontologie des journalistes? Des experts contestables, des images tirées d'autres tournages... Le passage du pulvé de l'arboriculteur contenait un traitement d'agriculture biologique !!! Et non chimique... Quelle honte de_ massacrer nos agriculteurs ainsi. »( Voir à l’adresse suivante :http://www.youtube.com/watch?v=9tAyJYNRcgw&feature=fvst)

Mais faut-il arrêter de prendre soin de notre santé, au nom de la défense du monde agricole ? C’est un faux débat ; parce que ce qui est en cause concerne bien plus que l’agriculteur : les exploitants agricoles sont en effet pris dans un système dans lequel ils ne sont que des rouages de l’industrie et du commerce : industrie chimique, grande distribution, entreprises agro-alimentaires principalement.
Les agriculteurs sont aussi des victimes, certains étant tombés malades en raison d’un contact prolongé avec les produits chimiques qu’ils répandaient. Mais ce n’est pas cette victime-là qui est prise comme argument par ceux qui soi-disant défendent les « agriculteurs »

Car, en fait, l’argument des « agriculteurs  mis en cause par les adeptes de l’environnement et du bio » fait partie d’un stratagème de communication destiné à associer dans l’esprit des gens critique de la nourriture industrielle à = attaque directe contre les agriculteurs. Sachant qu’en France, où la tradition agricole est forte (qui n’a pas un paysan dans sa famille : parents, grands-parents ou arrière grands-parents ?), les adeptes du bio risquent de rencontrer de nombreux opposants et autres incrédules.
La manœuvre est grossière, mais elle réussit.
Pourtant, il paraît évident que ce que mettent en cause les écologistes, consommateurs de bio, et les journalistes qui ont réalisé ces deux reportages, ce ne sont pas les agriculteurs eux-mêmes, c’est industrie agro-alimentaire !

dimanche 27 février 2011

Santé et environnement ne font pas l'unanimité

La santé et la préservation de l’environnement sont des thèmes qui peuvent sembler fédérateurs dans le monde occidental. De récentes déclarations politiques montrent que face aux intérêts économiques et aux échéances politiques électorales, l’action concrète en faveur de la santé et de l’environnement rencontre de nombreux opposants, des lobbys qui ont accès aux plus niveaux de l’Etat, des médias et de la politique.

En France, la campagne de communication de France Santé Environnement, qui regroupe 3000 associations de protection de la nature et de l’environnement, a suscité de vives réactions, à peine lancée. Notamment la RATP a refusé les trois affiches ci-dessous :



Cette campagne, au-delà de produits et thèmes particuliers (maïs OGM, élevage industriel, algues vertes), s'en prend directement à la filière agro alimentaire française.

En plus du refus de la RATP, Atout France, agence de développement touristique, a décidé de porter plainte auprès du jury de déontologie publicitaire, instance créée par les professionnels de la publicité pour statuer sur les plaintes du public à l’encontre des publicités.
Jean-Yves Le Drian, président PS du conseil régional de Bretagne a assigné FNE pour diffamation.
Frédéric Lefebvre, secrétaire d'Etat au Tourisme, a jugé cette campagne "outrancière et injuste".
A l’ouverture du salon de l’Agriculture, le président de la République N. Sarkozy a considéré la campagne « particulièrement déplacée ». « Les agriculteurs n'ont pas à être insultés (...) On n'oppose pas les Français les uns contre les autres, on essaie de les rassembler. On ne combat pas l'intolérance en étant intolérants ».
Thierry Burlot, premier Secrétaire fédéral du Parti socialiste, Vice-président du Conseil régional de Bretagne, chargé de l’eau, de l’environnement et de la biodiversité et Loïc Cauret, maire de Lamballe, dans un communiqué, ont exprimé leur « totale désapprobation face à la campagne publicitaire mise en œuvre (à Paris) par France Nature Environnement ».

Aux Etats-Unis, Michelle Obama  lancé la campagne « Let’s move », initiative globale qui a  pour but de résoudre le problème de l’obésité en une génération, notamment par l’éducation des enfants.
Sachant qu’aux Etats-Unis, 65 % de la population est en surpoids, et 30% est obèse, il s’agit là d’un programme ambitieux.
Ce programme ne fait pourtant pas l’unanimité.
Le 12 février, sur le site Big Governement du journaliste conservateur, blogueur, webmaster Andrew Breitbart, est paru une caricature de Barack et Michelle Obama faisant référence à la campagne Let’s Move. Cette caricature représente Michelle Obama mangeant une dizaine de hambugers, et disant à Barack Obama qu’elle avait intensifié sa campagne en demandant aux restaurants de diminuer la taille des portions et la part de gras dans les aliments. Le président américain lui répond qu’il veut être réélu et que cette campagne agace les gens. Cette caricature se réfère à de précédents articles faisant état du menu de la Maison Blanche à l’occasion de la diffusion d’un match du Super Bowl. Le menu comprenait : pizza, cheeseburger, bières, glaces, chips. Cette information a été reprise par les médias conservateurs faisant valoir l’hypocrisie de la Maison Blanche.

Par ailleurs, Sarah Palin, ancienne gouverneure de l’Alaska, candidate au poste de vice-présidente avec le candidat John McCain, a également commenté cette campagne. Il s’agit pour elle d’une intrusion supplémentaire du Gouvernement dans la vie privée des américains. Le couple Obama, ajoute t-elle, « veut priver les américains du droit sacré d’être obèses ».


En France comme aux Etats-Unis, les stratégies adoptées pour contrer la campagne « Let’s Move » et les affiches de la FNE tendent toutes deux à en décrédibiliser leurs commanditaires et auteurs.
Pour N. Sarkozy, la campagne FNE ne fait que diviser les Français et dénigre les agriculteurs ; la FNE est assignée en justice. Pour les conservateurs américains, le couple Obama est hypocrite, et cherche à restreindre la liberté des citoyens.

Santé et environnement, instruments politiques au profit de stratégies électorales à court terme ?
N. Sarkozy cherche à s’allier le monde agricole réunit au salon de l’agriculture. Aux Etats-Unis, c’est la campagne contre l’obésité des enfants qui est mise en cause pour raisons politiques.

L’énormité et l’absurdité de ces rhétoriques électoralistes nous font nous interroger sur les véritables intérêts qui sont en jeu.
Que le PS rejoigne Nicolas Sarkozy sur ce sujet est très révélateur.
Que l'on puisse nié le problème de l'obésité aux USA au profit de la "liberté" de consommer, montre à quel point le secteur agro-alimentaire américain a conquis les esprits.
Rappelons qu’en France, l'agroalimentaire est le premier secteur industriel (162,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires) et le troisième en tant qu’employeur. L’industrie agroalimentaire est également le premier exportateur (74% des exportations françaises viennent du secteur agro alimentaire). Il s’agit d’un secteur concentré, puisque 45% du chiffre d’affaire du secteur a été réalisé par ses 20 plus grosses entreprises.

dimanche 30 janvier 2011

Retrouver un environnement alimentaire sain, non toxique

Manger moins, bouger plus, faire du sport, marcher au moins une demi-heure par jour, manger cinq fruits et légumes par jour, moins gras, moins salé, moins sucré…
Depuis des années, ces slogans envahissent les publicités, sur les écrans, à la radio, dans la presse, dans les cabinets médicaux. L’Etat, le monde médical, les nutritionnistes, les compagnies de l’industrie agro-alimentaire semblent s’être entendus pour matraquer le même message à notre attention, dans le noble but d’améliorer notre santé, comme si le consommateur s’était perdu, sur le chemin qui mène à la bonne alimentation et à la bonne santé. L’obésité, la prise de poids apparaissent aujourd’hui comme l'ennemi commun de ceux qui semblent se préoccuper de la santé des consommateurs.
Ce qui n’est somme toute qu’un conseil des plus primaires (« manger moins, bouger plus » par exemple) semble être aujourd’hui la formule magique qui permettra aux consommateurs, spectateurs des publicités pour les produits vendus par l’agro-alimentaire, de vivre en bonne santé jusqu’à 130 ans.
Le spectateur est totalement confus, indécis. Il n’y a pas une année, voire un mois, sans que de nouveaux scandales éclatent sur de nouveaux composants alimentaires délétères pour notre santé. Expertises, contre-expertises donnent des recommandations, et leur contraire.
Le message de tous ces slogans semble renvoyer, dans le fonds, au comportement individuel de chacun, à la responsabilité de consommateur. On pourrait même dire que le slogan « manger moins bouger plus » dédouane totalement les compagnies agro-alimentaires de leur responsabilité à nous refourguer les poisons produits pour et par les usines à bouffe.
Car enfin, aujourd’hui, bien au-delà des quantités de ce que nous mangeons, du sel, du sucre, du gras, c’est de la qualité des aliments qu’il convient de faire attention.
Aujourd’hui, la nourriture est une industrie. On pourrait même aller plus loin. Aujourd’hui, une grande partie de l’alimentation est soit produite en usine, soit comporte des produits invisibles non crédités produits en usine, dont de nombreux produits toxiques ou dont la dangerosité n’a jamais été vérifiée.
C’est évident pour le cas des plats tous préparés, des plats en boîtes, de la majorité des aliments vendus en surgelés (pizzas, desserts), mais qui pense aujourd’hui que les fameux 5 fruits et légumes qu’il mange chaque jour pour garder la santé, comportent de manière quasi certaine des produits toxiques comme les insecticides et autres dérivés de l’industrie chimique ?
Aujourd’hui, la vraie question est celle de la qualité des aliments.
Aujourd’hui, le vrai slogan devrait être « faites attention à ne pas manger des aliments toxiques »


Pendant des millénaires, l’homme a soit mangé les aliments qu’il cueillait, chassait, ou faisait pousser lui-même.
Avec l’apparition des villes, du commerce, de l’agriculture, certaines catégories de la population ont commencé à se nourrir des aliments que d’autres faisaient pousser, ou élevaient pour eux.
Mais ce n’est que depuis quelques décennies que ce que nous mangeons est produit en usine, ou fabriqué de manière chimique à l’échelle industrielle (aspartame, sirop de fructose-glucose), ou comporte des éléments qui tuent la vie (insectes, micro-champignons).

Certes, l’espérance de vie moyenne des hommes n’a pas cessé augmenté depuis des décennies, avec l’accès aux soins et la professionnalisation des métiers de la santé et de la recherche scientifique, l’amélioration de l’hygiène, la disparition de certaines maladies et virus. Mais dans le même temps d’autres types de maux pourrissaient totalement nos vies : cancers, diabètes, maladies cardio-vasculaires sont des maladies typiquement modernes dont l’origine est largement liée à la qualité de notre alimentation.

Nous sommes aujourd’hui en période transition.
Il est des plus importants de faire un choix. Soit nous prenons le risque de continuer à manger les produits issus des usines de l’industrie agro-alimentaire (dont le but est de faire du profit, et non pas de maintenir la santé des consommateurs), soit nous décidons de manger des produits sains, biologiques.
Nous sommes des consommateurs, mais aussi des citoyens, nous avons le pouvoir de changer la donne.

Aujourd’hui, nous sommes majoritairement citadins, coupés des lieux de production de l’alimentation. Cependant, nous avons le pouvoir de changer les modes de production des aliments. Ce que veulent les industriels, c’est notre argent.
Notre argent est un bulletin de vote.
L’argent est aujourd’hui devenu le principal vecteur de notre rapport au monde. Notre argent est le fruit de l’énergie que nous avons dépensé au travail.
Allons nous continuer à utiliser cet argent à enrichir ceux-là mêmes qui nous empoisonnent lentement pour faire de l’argent ? Ou bien allons nous décider de donner notre argent à ceux qui veulent un autre monde, respectueux de l’équilibre écologique, de la nature et par là, de notre santé ?
C’est un choix, à vous de décider du monde que vous voulez.