mercredi 4 janvier 2012

Les produits toxiques ? direction le corps humain !

L'un des apports de l'écologie fut de montrer les interactions existantes dans la biosphère, et plus particulièrement entre les humains et leur milieu vivant. De cet apport découle l'apparition de la rudologie, ou gestion des déchets, à des fins d'amélioration de l'esthétique locale, tout d'abord, puis à des fins de contrôle de leurs effets sur la santé humaine et l'environnement. Il est désormais reconnu par à peu près tout le monde qu'un déchet toxique rejeté dans une rivière, dans la mer, ou simplement dans la nature finira par se retrouver à un moment ou à un autre chez l'homme, via, l'eau que l'on boit, via les poissons, la viande, les végétaux que l'on mange...
Cette pollution toxique concerne en premier lieu les déchets, mais bien entendu on peut se poser la question sur la présence de produits alimentaires parfaitement autorisés mais qui se révèlent dommageables pour la santé.

Pour ceux qui considèrent la biosphère dans son ensemble, tout ceci semble évident. Nos produits polluants altèrent voire détruisent peu à peu la qualité de la vie dans les environnements touchés, et posent des problèmes de santé à l'homme.
Source : transalpair.eu

Pour ceux qui ne se préoccupent que leur personne et de leur santé, voire celle de leurs proches, il reste à savoir si tel ou tel produit est toxique pour l'homme, et à quelles doses. On sait aujourd'hui que les produits polluants (perturbateurs endocriniens notamment) ingérés en-dessous des seuils reconnus de toxicité se révèlent dangereux pour l'humain en fonction du critère du temps d'exposition. Mais les nouveaux composés inventés par la chimie sont tellement nombreux qu'il est difficile de tenir à jour une liste des produits toxiques, d'autant que le système est fait de telle sorte qu'en général, on s'inquiète des effets sur l'homme après la sortie et mise en production du produit.

Le texte ci-dessous date du milieu du XIXème siècle, avant même l'invention du mot "biosphère" ou "écologie". Il est de la main d'Alexandre Dumas (Le Comte De Monte-Christo, livre 3), qu'on ne peut pas particulièrement soupçonner d'être partisan de nos débats actuels de santé et d'environnement. Et pourtant ... Il nous montre que les produits toxiques (mais cela reste valable pour les polluants),  même après de longs circuits dans la Nature et leur dilution, tuent aussi sûrement que s'ils étaient directement versés dans le sang.

Allez, écoutons notre comte de Monte-Christo :

"Il avait un fort beau jardin plein de légumes, de fleurs et de fruits; parmi ces légumes, il choisissait le plus honnête de tous, un chou, par exemple. Pendant trois jours il arrosait ce chou avec une dissolution d'arsenic; le troisième jour, le chou tombait malade et jaunissait, c'était le moment de le couper; pour tous il paraissait mûr et conservait son apparence honnête : pour l'abbé Adelmonte seul il était empoisonné. Alors, il rapportait le chou chez lui, prenait un lapin, l'abbé Adelmonte avait une collection de lapins, de chats et de cochons d'Inde qui ne le cédait en rien à sa collection de légumes, de fleurs et de fruits : l'abbé Adelmonte prenait donc un lapin et lui faisait manger une feuille de chou; le lapin mourait. Quel est le juge d'instruction qui oserait trouver à redire à cela, et quel est le procureur du roi qui s’est jamais avisé de dresser contre M. de Magendie où M. Flourens un réquisitoire à propos des lapins, des cochons d'Inde et des chats qu'ils ont tués? Aucun. Voilà donc le lapin mort sans que la justice s'en inquiète. Ce lapin mort, l'abbé Adelmonte le fait vider par sa cuisinière et jette les intestins sur un fumier; sur ce fumier, il y a une poule, elle becqueté ces intestins, tombe  malade à son tour, et meurt le lendemain. Au moment où elle se débat dans les convulsions de l'agonie, un vautour passe (il y a beaucoup de vautours dans le pays d'Adelmonte), celui-là fond sur le cadavre, l'emporte sur un rocher et en dîne. Trois jours après, le pauvre vautour, qui depuis ce repas s'est trouvé constamment indisposé, se sent pris d'un étourdissement, au plus haut de Ja hue, il roule dans le vide et vient tomber lourdement dans votre vivier; le brochet, l'anguille et la murène mangent goulûment, vous savez cela, ils mordent le vautour. Eh bien! supposez que le lendemain l'on serve sur votre table cette anguille, ce brochet ou cette murène, empoisonnés à la quatrième génération, votre convive, lui, sera empoisonné à la cinquième, et mourra au bout de huit ou dix jours de douleurs d'entrailles, de maux de cœur, d'abcès au pylore: Oh fera l'autopsie, et les médecins diront :

« Le sujet est mort d'une tumeur au foie ou d'une fièvre typhoïde. »

— Mais, dit madame de Villefort, toutes ces circonstances, que vous enchaînez les unes aux autres, peuvent être rompues par le moindre accident; le vautour peut ne pas passer à temps ou tomber à cent pas du vivier.

— Ah! voilà justement où est l'art : pour être un grand chimiste, en Orient, il faut diriger le hasard, on y arrive.

Madame de Villefort était rêveuse et écoutait.

— Mais, dit-elle, l'arsenic est indélébile ; de quelque façon qu'on l'absorbe, il se retrouvera dans le corps de l'homme, du moment où il sera entré en quantité suffisante pour donner la mort.

-— Bien ! s'écria Monte-Christo, bien! Voilà justement ce que je dis à ce bon Adelmonte. Il réfléchit, sourit, et me répondit par un proverbe sicilien, qui est aussi, je crois, un proverbe français :

« Mon enfant, le monde n'a pas été fait en un jour, mais en sept; revenez dimanche. »

— Le dimanche suivant, je revins; au lieu d'avoir arrosé son chou avec de l'arsenic, il l'avait arrosé avec une dissolution de sel à base de strychnine, stryclinos colubrina, comme disent les savants. Cette fois le chou n'avait pas l'air malade le moins du monde; aussi le lapin ne s'en défia-t-il point, aussi cinq minutes après le lapin était-il mort : la poule mangea le lapin, et, le lendemain, elle était .trépassée. Alors nous fîmes les vautours, nous emportâmes la poule et nous l'ouvrîmes. Cette fois tous les symptômes particuliers avaient disparu, et il ne restait que les symptômes généraux. Aucune indication particulière dans aucun organe; exaspération du système nerveux, voilà tout, et trace de congestion cérébrale, pas davantage : la poule n'avait pas été empoisonnée, elle était morte d'apoplexie. C'est un cas rare chez les poules, je le sais bien, mais fort commun chez les hommes."
Source : http://en.wikipedia.org/wiki/File:Health_effects_of_pollution.png

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